Les canaux de la colère

Dans le petit avion qui décollait vers un ciel brumeux, Avery Letandre, adjoint exécutif duCRTI,Conseil tribal de la réserve d’Interlake prend son téléphone. Elle veut prendre autant d’images que possible. Pendant ce temps, le pilote donne quelques consignes de sécurité et distribue des bouchons d’oreilles aux passagers.

Avec le rugissement du moteur, il est difficile de discuter. Désignant une longue étendue droite et glacée, Leroy Thompson, conseiller de la communauté ojibwe de Little Saskatchewan, crie : C’est le canal de secours qui a été construit après les inondations de 2011 ! Nous n’avons pas été consultés parce qu’avec la Loi sur les mesures d’urgence du Manitoba, ils pouvaient faire ce qu’ils voulaient.

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Un canal d’urgence a été construit en 2011, suite à l’inondation majeure qui a frappé la région. Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Pendant près de deux heures, tout le monde a photographié ces zones encore partiellement enneigées. De temps en temps, l’un des passagers lance une blague à son voisin. Le rire couvre le bruit du moteur pendant quelques instants.

Sous leurs yeux, c’est leur territoire traditionnel. L’avion s’incline pour leur donner une meilleure vue. Martin”,,”text”:”C’est au sud du lac Saint-Martin”}}”>C’est le sud du lac Saint-Martin» déclare John Stagg, conseiller de Dauphin River.

De retour sur la terre ferme, aucun d’entre eux n’a changé d’avis. Ils restent opposés aux canaux.

où les poissons frayent », « texte » : « Nous ne connaissons pas les effets à court ou à long terme de ces travaux. De nouvelles espèces de poissons risquent de pénétrer dans le lac Winnipeg. Nous ne savons pas dans quelle mesure cela aura un impact sur notre zone de frai – où les poissons frayent”}}”>Nous ne connaissons pas les effets à court ou à long terme de ces travaux. De nouvelles espèces de poissons risquent de pénétrer dans le lac Winnipeg. Nous ne savons pas dans quelle mesure cela aura un impact sur nos frayères, là où les poissons frayent.explique Tony Travers, le leader communautaire de Kinonjeoshtegon.

La pêche joue un rôle important dans l’économie. Comme ce fut le cas pour d’autres communautés avant qu’elles ne soient dévastées par les inondations de 2011. Heureusement, Kinonjeoshtegon est relativement épargnée.

Tony Travers explique que depuis les travaux de régularisation des eaux, les moules zébrées sont devenues de plus en plus nombreuses, à tel point qu’ils tuent la vie dans le lac. Le gouvernement fédéral considère cette espèce comme envahissante dans le lac Winnipeg, car elle monopolise la nourriture au détriment des espèces indigènes.

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Les moules zébrées constituent une menace pour d’autres espèces aquatiques, comme les moules indigènes. (Photo d’archives) Photo : Radio-Canada / Raphaëlle Laverdière

Leur présence a également un impact sur la survie des œufs de poissons dans le lac. Il souligne également une inquiétude concernant les algues qui, selon lui, risquent de devenir de plus en plus nombreuses, notamment en raison de l’utilisation d’engrais chimiques contenant du phosphore dans le secteur. Avec le ruissellement, ce phosphore finit dans l’eau et favorise la prolifération des algues.

Tout le phosphore des engrais est emporté [vers les lacs]s’inquiète Albert Shorting, conseiller de la communauté ojibwe de Little Saskatchewan.

Ces ouvrages de régulation des eaux [déjà existantes] nuire à nos moyens de subsistance, à notre mode de vie. »

Une citation de Albert Shorting, conseiller de Little Saskatchewan

Pour appuyer ses arguments, leIRCTConseil tribal de la réserve d’Interlake a demandé à Firelight Research, une société de conseil autochtone dont les experts sont des scientifiques, de rédiger un rapport d’impact pour chacune des communautés.

Radio-Canada a pu étudier deux de ces études socio-économiques et de bien-être envoyées au gouvernement. Ils contiennent près de 100 pages.

Les rapports mentionnent précisément un transport accru d’eaux riches en nutriments vers le lac Saint-Martin par les canaux, ce qui, avec le temps, augmente l’incidence et l’étendue des algues, entraînant […] un environnement toxique pour les poissons.

Les élus du lac Manitoba soulignent également le risque que les poissons soient transféré d’une zone à une autre, entrant ainsi potentiellement en conflit avec les espèces de poissons endémiques déjà présentes.

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La communauté du Lac Saint-Martin a été très durement touchée par les inondations de 2011. Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Dans leurs rapports, les scientifiques indiquent que les projets du MTIMinistère des Transports et de l’Infrastructure du Manitoba pourrait avoir un impact sur les frayères de poissons en raison des sédiments en suspension introduits par les canaux lors de l’exploitation, sur la capacité des autochtones d’accéder aux zones de pêche blanche, et donc sur l’exercice de leurs droits de pêche.

Les experts estiment que ces projets auront des conséquences sur les zones de chasse des communautés. Albert Shorting évoque à juste titre le déclin des rats musqués.

Toutes ces chaînes… ça nous tue. Ils tuent tout. »

Une citation de Albert Shorting, conseiller de Little Saskatchewan

La modification des niveaux d’eau par le Projet dans le bassin sud du lac Saint-Martin entraînera l’inondation des tanières du rat musqué pendant la période critique du cycle de reproduction, entraînant le déclin d’une espèce culturellement importante.disent les experts.

Projets entraînera des perturbations supplémentaires à proximité d’une zone considérée comme le grenier [des communautés] pour la chasse et la cueillette des plantes avant l’inondation de 2011ajoutent-ils.

Ils expliquent toutefois que ces conséquences seraient moins importantes dans un contexte où des mesures d’atténuation seraient mises en place.

Mais Albert Shorting en est convaincu, [la construction des deux canaux] va détruire ce qu’il nous reste.

 
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