pourquoi tout le monde pense avoir vu Xavier Dupont de Ligonnès

pourquoi tout le monde pense avoir vu Xavier Dupont de Ligonnès
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De la Corse à la Thaïlande, en passant par le Doubs, l’homme le plus recherché de France est aussi le plus omniprésent, si l’on se fie aux témoignages de personnes convaincues de l’avoir aperçu. Depuis la disparition le 15 avril 2011, il y a treize ans presque jour pour jour, de Xavier Dupont de Ligonnès, soupçonné du quintuple meurtre des siens, retrouvé sous la terrasse de leur maison à Nantes (Loire-Atlantique), près de 1750 signalements ont été reçus par les enquêteurs, a annoncé fin mars le procureur de la République de Nantes, Renaud Gaudeul. En moyenne, près de onze signalements par mois arrivent au bureau des enquêteurs, depuis qu’il a été vu pour la dernière fois sur le parking d’un hôtel de Formule 1 à Roquebrune-sur-Argens (Var) en 2011.

Dans le dossier d’enquête, qui s’est enrichi au fil du temps de plusieurs centaines de pages, « les rapports ont été classés par année car ils sont très nombreux », explique Stéphane Goldenstein, avocat de Christine Dupont de Ligonnès, la sœur de Xavier. « Il y en a eu tellement… », confie-t-il. La dernière déception fait suite aux informations de trois personnes pensant avoir reconnu le fugitif au monastère de Montferrand-le-Château, dans le Doubs. Après plusieurs jours d’attente, le couperet est tombé lundi : l’ADN n’est pas le sien.

Une augmentation à chaque « nouvelle médiatisation »

Le 18 mai 2021, les enquêteurs de l’OCRVP se sont également rendus à l’abbaye traditionaliste de Saint-Michel-en-Brenne (Indre), à ​​la suite de témoignages affirmant que le père de famille, fervent catholique, aurait pu se réfugier parmi les moines. En vain.

Or, à l’exception de « quelques excentriques », la plupart de ces signalements aux autorités sont le fait « de des gens de bonne volonté », insiste l’avocat : « Tout le monde croit le voir, surtout quand il y a de la publicité autour de cette affaire. Ce sont des gens sérieux qui ont vu une émission, un reportage, un documentaire. » « Nous avons constaté une multiplication des signalements ces derniers jours, probablement suite à la récente nouvelle médiatisation de cette affaire », notait également le procureur de la République de Nantes dans sa communication fin mars, date autour de laquelle se déroulait la polémique littéraire de la sœur de Xavier Dupont de Ligonnès a été publiée.

“Il ressemble à tout le monde”

Outre l’agenda médiatique qui remet l’affaire sur le devant de la scène, cette massification s’explique aussi par « la fascination pour le crime dans notre société. Une fascination contiguë à celle ressentie pour la mort, qui reste le plus grand mystère”, explique Emma Oliveira, experte en psychocriminologie.

Aux États-Unis, des récompenses sont parfois accordées, et l’attrait de l’argent devient alors un moteur. Mais qu’en est-il en France, où le même système n’existe pas ? «Cette volonté de participer à la résolution de l’enquête peut s’expliquer par le désir de connaître une certaine célébrité, ou du moins d’éprouver une sorte de fierté personnelle», explique-t-elle.

L’expert, qui a, par le passé, travaillé sur des dossiers où les signalements affluent, avance des explications psychologiques qui poussent les citoyens à investir massivement dans ces dossiers. « Pour certains, c’est aussi une manière d’avoir des choses à raconter, de participer à quelque chose, d’exister. » L’espace numérique n’est pas épargné par ce phénomène ; Il existe de nombreuses spéculations sur des groupes ou forums dédiés. Le groupe Facebook « Xavier Dupont de Ligonnès : Enquête et Débat », peu actif ces derniers mois, compte néanmoins plus de 20 000 abonnements.

À cette motivation très forte d’une partie de la population à participer à la résolution de l’affaire s’ajoute le caractère physique assez ordinaire de Xavier Dupont de Ligonnès ; Sur les photos largement diffusées depuis 2011, il est grand, brun, plutôt mince, sans signes distinctifs. “Il ressemble à tout le monde et c’est là toute la difficulté”, selon l’avocat Stéphane Goldenstein.

Des contrôles « fatigants »

Malgré le nombre impressionnant de signalements, un travail minutieux est systématiquement mené par les enquêteurs, comme l’a rappelé le procureur de la République de Nantes à propos de l’éventualité d’une présence du fugitif dans le Doubs. Les « vérifications fastidieuses mais minutieuses de tous les rapports reçus » se poursuivent, a-t-il insisté.

“Le plus important c’est de retrouver une trace ADN, tant qu’on n’a pas de preuve scientifique formelle, on est obligé de continuer à chercher”, estime l’avocat, qui voit très positivement ces rapports. “Ils nous permettent de faire avancer l’enquête et de ne pas oublier que cette affaire est toujours sous enquête”, se félicite-t-il. Treize ans après la mort d’Agnès, Arthur, Thomas, Anne et Benoît, l’espoir de connaître un jour la vérité perdure.

 
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