Les solutions fondées sur la nature sont-elles idéales pour les inondations ? L’exemple des Alpes-Maritimes

Les solutions fondées sur la nature sont-elles idéales pour les inondations ? L’exemple des Alpes-Maritimes
Descriptive text here

Le changement climatique a considérablement amplifié les risques naturels, notamment ceux liés aux inondations. Dans le sud de la France, les impacts du changement climatique se manifestent de manière tangible par l’augmentation de l’intensité et de la fréquence des événements météorologiques extrêmes.

C’est particulièrement le cas pour les épisodes méditerranéens. Ces phénomènes météorologiques se caractérisent par des précipitations intenses et souvent soudaines, qui peuvent entraîner des crues soudaines et des crues dévastatrices. Autrefois associés à l’automne, ces épisodes méditerranéens sont devenus plus fréquents et plus intenses en raison de l’augmentation de la température des eaux méditerranéennes, ainsi que des modifications des régimes de circulation atmosphérique.

En 2015, le département des Alpes-Maritimes a par exemple connu des épisodes méditerranéens dévastateurs qui ont causé des dégâts estimés entre 500 et 600 millions d’euros, faisant 20 morts. L’ancien maire de la commune de Biot a également été condamné ce lundi 25 mars 2024 à un an de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Grasse pour « faute grave » suite au décès des trois pensionnaires d’un Ehpad dans ces inondations. Épisodes récurrents : l’année 2020, marquée par le passage de la tempête Alex, a encore une fois fait près de 18 morts. Plus récemment, le Pas-de-Calais et le Gard ont été touchés par des inondations dévastatrices.

Dans un tel contexte, les pouvoirs publics envisagent de plus en plus de recourir à des mesures de solutions fondées sur la nature (SNB) pour atténuer les risques d’inondation. Contrairement aux mesures traditionnelles de génie civil, les DBS exploitent les fonctionnalités et la complexité des processus naturels pour restaurer les milieux aquatiques et fluviaux, améliorant ainsi les aspects hydrauliques, géomorphologiques (c’est-à-dire par rapport au relief) et écologiques des écosystèmes.

Ils bénéficient également, comme nous le verrons plus loin, d’une image positive auprès de la population, ce qui permettrait de les financer plus facilement que les travaux de génie civil.


A lire aussi : Montée des eaux : quelles solutions fondées sur la nature pour aider les littoraux français à s’adapter ?


Moins cher, mais tout aussi efficace

Nos récents travaux (respectivement publiés en 2022 et 2021) réalisés sur le bassin versant de la Brague, dans les Alpes-Maritimes, ont permis de comparer les coûts de mise en œuvre et de maintenance des deux approches de solutions. Ils montrent que les solutions de génie civil coûteraient plus cher que le DBS.

[Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde. Abonnez-vous aujourd’hui]

A même niveau de dégâts évités, les solutions SFN sont 63% moins chères que les solutions de génie civil. Nos estimations montrent que les bénéfices en matière de protection contre les inondations sont comparables aux solutions de génie civil avec des dégâts évités estimés à 500 000 euros par an, soit 30 % des dégâts évités. Des travaux menés sur d’autres bassins versants en France (Lez) ou aux Pays-Bas (Rotterdam) montrent également des performances supérieures du SFN sur les ouvrages de génie civil avec le même intervalle de confiance.

Cependant, ces avantages en termes de dommages évités ne couvrent pas à eux seuls tous les coûts. Ce sont donc les co-bénéfices, notamment la création d’activités récréatives et d’emplois, qui représentent la plus grande part des bénéfices générés par DFS, à hauteur de 68 millions d’euros par an. Notre analyse met en évidence que les SFD présentent alors des bénéfices supérieurs aux coûts totaux. Et donc une efficacité économique bien supérieure aux stratégies de génie civil à long terme.


A lire aussi : Nos villes doivent être plus perméables : comment le biochar peut être une solution durable aux inondations


Des solutions plébiscitées par la population

L’étude du bassin de la Brague montre également que les DFS sont largement plébiscités par la population locale. Une enquête réalisée en octobre 2019 auprès d’un échantillon représentatif de 405 personnes a permis d’explorer les préférences individuelles en matière de protection contre les risques d’inondation. Les participants devaient choisir entre des mesures principalement de génie civil ou des mesures SFN.

Chaque stratégie a été déclinée en deux niveaux d’ambition (ambition moyenne ou élevée).

  • La stratégie donnant la priorité aux SFN de moyenne ambition comprenait certaines mesures de génie civil telles que des pièges flottants (des casiers placés dans les alluvions pour piéger les troncs d’arbres transportés par les crues) sur 140 m linéaires, ainsi que la récupération de ponts et d’accès sur 2 880 mètres carrés. . En matière de SFN, il comprenait des mesures de restauration écologique et paysagère, comme la restauration du lit moyen de la Brague (élargissement de 15,5 hectares), la restauration des zones humides (10 ha), la restauration de la forêt riveraine – végétation des berges. – sur 13,2 ha et la création de sentiers d’accessibilité discontinus (pistes piétonnes et cyclables) sur 12 km.

  • La deuxième stratégie donnant la priorité au SFN était plus ambitieuse avec quelques mesures de génie civil (pièges flottants sur 110 m linéaires, reprise des ponts, viaduc et déviation routière sur 18 700 m2), mais aussi des mesures renforcées de restauration écologique et paysagère. Cela comprenait la restauration du lit moyen de la Brague avec un élargissement de 15,8 ha, la restauration de zones humides sur 12,7 ha, la création de sentiers d’accessibilité continue sur 11,3 km et la restauration de la forêt riveraine sur 13,3 ha.

La forêt riveraine est la végétation qui borde les berges des cours d’eau.
Daniel Jolivet/FlickrCC PAR
  • La stratégie la moins ambitieuse privilégiant le génie civil prévoyait des casiers flottants sur 140 m linéaires et la création de pistes d’accessibilité discontinues sur 4,4 km.

  • La stratégie privilégiant un génie civil très ambitieux a consisté à construire de grands barrages de rétention (deux ouvrages de 30 m de haut et d’une capacité de rétention de 880 000 m3 sur la Brague et 560 000 m3 sur la Brague).3 sur la Valmasque), digues et recalibrage (récupération des berges pour augmenter le débit d’un cours d’eau) de la Brague sur 200 m linéaires.

Une étude que nous avons publiée en 2022 montre que la majorité des personnes interrogées préfèrent les solutions donnant la priorité aux DFS.

  • 44 % sont favorables au scénario d’ambition moyenne donnant la priorité aux SFN, et 10 % privilégient celui qui se concentre sur les SFN à ambition plus élevée.

  • 28 % ont choisi le scénario de génie civil d’ambition moyenne, et aucun n’a choisi le scénario de génie civil ambitieux.

Un autre résultat intéressant de cette enquête est que 31% des personnes interrogées se déclarent prêtes à payer, via une augmentation de leur facture d’eau, la mise en œuvre de la stratégie qu’elles ont choisie. .

Ce consentement à payer est en moyenne plus élevé pour les DFS, s’élevant en moyenne à 83 euros (pour une fourchette de réponses comprise entre 31 et 125 euros) pour la stratégie DFS d’ambition moyenne et à 156 euros (entre 63 et 240 euros) pour le niveau supérieur. Stratégie DSF. Quel que soit le niveau d’ambition, celui-ci reste supérieur au montant que les sondés étaient prêts à payer (57 euros en moyenne, dans une fourchette comprise entre 31 et 81 euros) pour la stratégie de génie civil d’ambition moyenne.

Au-delà de leur efficacité, les SFD présentent donc un autre avantage majeur : ils sont plus facilement acceptés par le grand public, tout comme leur financement.


A lire aussi : Risques climatiques : les prix des assurances sont-ils voués à augmenter ?


 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Raegan Revord veut reprendre son rôle de Missy dans le spin-off de la série
NEXT l’essence et le diesel plus chers aujourd’hui