Honda a accepté que Fernando Alonso reste chez Aston Martin

Malgré les tensions passées, Honda a donné le feu vert à Aston Martin pour renouveler le contrat de Fernando Alonso et a admis qu’il était toujours un pilote de haut niveau.

Faut-il croire Pedro de la Rosa lorsqu’il affirme que Fernando Alonso n’avait pas l’intention de quitter Aston Martin ? Qu’il voulait juste prendre le temps de s’assurer qu’il avait toujours la flamme ? Qu’il souhaitait continuer en F1 au-delà de 2024 ?

L’ancien pilote de F1, désormais ambassadeur d’Aston Martin (depuis 2022), connaît très bien Alonso. Au-delà de leur nationalité commune, ils se suivent depuis l’époque McLaren où l’Espagnol y a fait un séjour tumultueux en 2007. Ils ont ensuite travaillé ensemble chez Ferrari et désormais chez Aston Martin.

De la Rosa affirme qu’à partir du moment où Alonso a pris la décision de poursuivre sa carrière en F1, les négociations pour le renouvellement de son contrat ont été simple et rapide.

Pedro de la Rosa dans le garage Aston Martin

Photo : Aston Martin F1

Rien n’est simple et rapide en F1, surtout pas lorsqu’il s’agit de Fernando Alonso, qui, à 42 ans, maîtrise l’art des négociations en coulisses.

La décision de Lewis Hamilton de partir chez Ferrari en 2025, annoncée en février, a lancé très tôt la folle saison des transferts (sale temps). Qui le remplacera chez Mercedes-Benz ? Où ira Carlos Sainz Jr., sacrifié par le patron de l’écurie italienne, Frédéric Vasseur, pour laisser la place à Hamilton ?

Alonso voulait voir si l’Aston Martin AMR24 lui donnait de bonnes sensations. Les améliorations aérodynamiques apparues à Suzuka vont dans ce sens. Qualifié à la 5ème place sur la grille, il termine 6ème. L’Espagnol est suffisamment lucide pour comprendre qu’il ne se battra pas pour une place sur le podium cette saison, sauf cas de circonstance. Mais il est en tête de la grille et marque des points. Cela lui va bien.

Il se rend vite compte qu’avec le W15, Mercedes-Benz poursuit sa spirale descendante. Depuis fin 2021, rien ne va plus pour l’équipe allemande. Alonso a exclu l’idée de s’installer dans le siège de Hamilton en 2025. Le patron de l’équipe, Toto Wolff, a cependant cruellement besoin de relancer l’équipe. L’âge de Carlos Sainz Jr. (29 ans) lui permettra d’investir à plus long terme si on lui propose le volant.

Red Bull n’en voulait pas

Alonso aurait peut-être pu profiter de la tourmente chez Red Bull pour se faire une place dans l’équipe championne du monde, mais le climat ambiant n’est pas invitant.

Il y a les allégations de gestes inappropriés visant Christian Horner et la lutte de pouvoir entre les Thaïlandais et les Autrichiens (qui détiennent les actions de l’entreprise) qui plombent l’ambiance.

Il se disait que Max Verstappen envisageait de mettre son volant en jeu par solidarité avec le clan autrichien. Alonso ne l’a jamais cru.

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Christian Horner, Max Verstappen et Helmut Marko dans le garage Red Bull

Photo : Getty Images / Mark Thompson

Quoi qu’il en soit, Max Verstappen et Christian Horner auraient dit non à sa candidature. Le pilote néerlandais craignait de perdre sa liberté d’action et sa position privilégiée tandis que le dirigeant britannique, empêtré dans des querelles en coulisses, ne voulait pas se retrouver avec de nouvelles tensions internes.

D’autant que Sergio Pérez joue très bien son second rôle au sein de l’équipe, comme Valtteri Bottas a bien fait à l’époque chez Mercedes-Benz, comme Lance Stroll joue aussi plus discrètement chez Aston Martin. Ses performances le tiennent souvent loin de son coéquipier en course.

Un projet commun pour tourner la page

Enfin, Alonso a dû rétablir les liens avec Honda, qui sera le motoriste d’Aston Martin en 2026.

Le géant japonais n’a jamais oublié le célèbre message radio de l’Espagnol lors du Grand Prix du Japon 2015 : Moteur GP2 ! GP2 !

À bord de sa McLaren à moteur Honda, Alonso était furieux d’avoir été dépassé par une Toro Rosso et a publiquement humilié le motoriste japonais chez lui.

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Fernando Alonso, sur McLaren, est dépassé par une Toro Rosso lors du Grand Prix du Japon 2015.

Photo de : Formule 1

Aujourd’hui, Alonso voit que Honda possède le meilleur moteur du plateau et qu’en 2026, dans le cadre de la génération monoplace, avec de nouveaux biocarburants et de nouveaux moteurs hybrides, Honda disposera d’un excellent moteur.

Honda domine le sport, a-t-il déclaré à la chaîne britannique Sky à Suzuka. Leur moteur fonctionne très bien avec Red Bull et avec RB. En 2026, avec les nouveaux paramètres, Honda aura tous les outils pour gagner.

Au-delà des progrès réalisés par Honda depuis 2015 et des performances remarquables en piste, le motoriste Honda et Fernando Alonso devaient faire la paix.

Ce qu’ils ont fait, comme l’a confirmé le président de Honda Racing Corporation (HRC), Koji Watanabe. motorsport.com :

De 2015 à 2017, la situation a été très difficile pour Honda et nos relations étaient tendues. Mais nous avons surmonté cette frustration, affirme M. Watanabe. Aston Martin nous a demandé si c’était un problème de prolonger le contrat d’Alonso. Honda n’a fait aucune demande à ce sujet. Nous avons discuté du type d’équipage dont nous avions besoin.

Nous étions d’accord avec Aston Martin sur le fait qu’Alonso était un pilote de premier plan. C’est dans ce contexte que l’équipe a décidé de prolonger son contrat.

Une citation de Koji Watanabe, président de Honda Racing Corporation (HRC)

J’espère que nous pourrons gagner ensemble et viser le championnat» a déclaré M. Watanabe.

>>Deux hommes, côte à côte, posent en souriant pour la photo, portant des chemises d'entreprise sponsorisées.>>

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Koji Watanabe (à gauche) et Christian Horner, partenaires chez Red Bull

Photo : Getty Images / Mark Thompson

Cet irritant majeur résolu, Fernando Alonso a accepté l’offre de Lawrence Stroll.

Mais l’homme d’affaires canadien a bien compris dans les propos du manager du HRC Honda la volonté de se battre pour la victoire, mais aussi pour le titre. Dans ce contexte, a-t-il dit à Honda que le deuxième volant partirait, peu importe ce qui arrivait à son fils ? Honda voudra probablement imposer un pilote japonais.

Le nouveau contrat signé par Alonso permet à Lance Stroll de se donner le temps de réfléchir à son avenir. Il sera le coéquipier de l’Espagnol en 2025, à moins que sa saison 2024 ne soit si difficile que l’équipe décide d’installer Felipe Drugovich dans la voiture.

Le Brésilien, ancien vainqueur du championnat de F2, ronge son frein dans son rôle de pilote de réserve.

>>Un pilote inquiet, de profil, avec des écouteurs sur la tête, fait la moue.>>

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Felipe Drugovich dans le garage Aston Martin

Photo : Getty Images / Alex Pantling

Jusqu’à présent, il n’a eu aucune opportunité de piloter en qualifications et en course. Même avec les deux poignets cassés juste avant le début de la saison 2023, le Québécois a choisi de conserver son volant à Bahreïn, un geste aussi courageux qu’intelligent. Il savait que Drugovich pourrait affaiblir sa position de départ et donner raison aux critiques.

Lance envisage-t-il de quitter son costume pour un poste dans l’entreprise que dirige son père, comme c’est l’une des nombreuses rumeurs qui circulent dans les allées des paddocks ?

Drugovich a préféré rester chez Aston Martin en 2024 en tant que pilote de réserve et pilote d’essai (plutôt que de courir en FE ou en IndyCar), car il est convaincu que son tour viendra.

Si Lance Stroll reste titulaire en 2025 et que Honda impose son pilote en 2026, le Brésilien aura le temps de manger tout son pédalier…

En tout cas, Drugovich est prêt. Il a accumulé plus de 6 000 km en 2023 simplement en essais.

Nous le mettons en situation de qualification, distance de course, et il est prêt à remplacer nos partants si besoina déclaré Tom McCullogh, responsable de la performance de l’équipe.

C’est aussi un excellent pilote de simulateurprécise l’ingénieur britannique.

Sur deux fronts, bientôt trois

Les équipes travaillent actuellement dans un simulateur sur deux fronts : la saison en cours et celle de 2026 avec les nouveaux paramètres imposés par la FIA. Et dès l’été, ils travailleront également sur le châssis 2025.

>>Un pilote, de profil, travaille dans un simulateur de course automobile.>>

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Fernando Alonso teste un simulateur d’équipe destiné à la vente.

Photo : Aston Martin

Les simulations Aston Martin ont apparemment du mal à s’intégrer l’effet Alonsoqui une fois en piste récupérera quelques dixièmes grâce à son pilotage et à sa seule volonté.

En plaisantant, Pedro de la Rosa a déclaré à DAZN dans le paddock de Suzuka que l’équipe avait déjà dû jeter plusieurs ordinateurs chargé d’appliquer sur la piste les réglages analysés dans le simulateur.

Quant aux résultats des simulations avec les nouveaux paramètres pour la saison 2026, ils sont loin d’être concluants, et pas seulement chez Aston Martin.

Les paramètres imposés par la FIA (voitures plus petites, plus légères, plus difficiles à conduire) rendent la conduite très délicate au point que des monoplaces virtuelles sortent régulièrement de la piste.

C’est bien sûr un travail qui se poursuit à ce stade, mais ce travail en amont est crucial, car Aston Martin devra proposer à Honda et Fernando Alonso un bon châssis en 2026.

>>Un pilote de F1 se gratte le menton devant les mécaniciens de son équipe qui rient.>>

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Fernando Alonso à l’arrivée du Grand Prix du Canada 2023

Photo : Getty Images / Dan Mullan

Comme l’a souligné Alonso, le projet est très attrayant avec la nouvelle usine de Silverstone inaugurée cette saison, la soufflerie qui sera opérationnelle en fin d’année et le partenariat avec Honda.

Un contrat d’un an (2025) n’avait aucun intérêt pour moi, a déclaré l’Espagnol à Sky. Ce qui m’intéresse dans ce projet, c’est tout ce qui se met en place.

Aston Martin a placé quasiment tous ses pions pour la saison 2026. Cela laisse la place de Lance Stroll sur l’échiquier.

Felipe Drugovich serait un candidat logique pour épauler Alonso en 2026, si le pilote québécois venait à quitter son volant de départ, lors de la première saison des monoplaces nouvelle génération. Mais le motoriste Honda aura son mot à dire.

La saison 2026 sera celle de transition durant laquelle toutes les équipes devront surveiller les nouvelles sensations des pilotes en piste et s’ajuster si nécessaire. Fernando Alonso s’est assuré d’en faire partie.

 
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