Quatre ans de prison requis contre Sergio Toinette

Quatre ans de prison requis contre Sergio Toinette
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Le procureur adjoint a requis hier quatre ans d’emprisonnement contre Sergio Toinette, l’ancien manager du Korbey d’Or. Pour les six autres prévenus, les peines demandées vont de 18 mois avec sursis à trois ans de prison, dont 24 mois avec sursis. Le tribunal rendra sa décision le 21 juin.

Quatre ans d’emprisonnement, 200 000 euros d’amende, interdiction de gestion pendant quinze ans et confiscation de ses actions et objets de luxe saisis à son domicile. Ce sont les réquisitions formulées hier contre Sergio Toinette, ancien gérant de Korbey d’Or, société spécialisée dans l’assistance à la personne, liquidée en 2022 et reprise par Alefpa.
Pour étayer ses propos, la procureure adjointe rappelle que le prévenu a déjà été condamné – à 24 mois dont 18 mois avec sursis – pour des faits « exactement similaires ». Cela n’a pas empêché le prévenu de “continuer à piller”, le préjudice atteignant deux millions d’euros, soit un “détournement massif”, constate Lucile Regin. « Il n’a pas pleinement apprécié ses faits. Elle reconnaît mais minimise, conteste les abus évidents des biens sociaux », souligne-t-elle. Le tribunal rendra sa décision le 21 juin.

« Système occulte »

“Je regrette aujourd’hui”, a déclaré Sergio Toinette, le dernier à s’exprimer à la barre après les neuf plaidoiries de la défense. Pour son avocat, une telle peine de quatre ans de prison assortie d’une amende de 50 000 euros signifierait la « mort professionnelle et sociale » de son client. « Il a 48 ans et il n’a plus un kopeck. La prison ne favorisera pas son intégration. Et je ne vois pas quel est l’avantage pour la société.» Plutôt que de « le contraindre aux travaux forcés pour le reste de sa vie », Me Nicolas Samson demande au tribunal de « faire preuve d’humanité », et de le condamner « pour l’ensemble de son œuvre » en optant pour une combinaison de peines.
Avant de dévoiler ses réquisitions, Lucile Regin est revenue sur le « système occulte » mis en place par Sergio Toinette, présenté comme une araignée au milieu de sa toile par Me Sulliman Omarjee, conseil de Catherine Pota.

« Formation surchargée »

L’enquête a permis d’identifier “des dizaines de fausses factures, de fausses imputations comptables”, pour un montant de 262 000 euros. A cela s’ajoutent des détournements d’argent liquide estimés à 450 000 euros grâce au tableau mis à jour quotidiennement par un employé de Korbey d’Or. « Au total, les malversations s’élèvent à 1,980 millions d’euros », indique le procureur adjoint.
Parmi ces détournements, Lucile Regin évoque les deux accords de « pure complaisance » conclus entre la holding Sygma, dans laquelle se trouvent Philippe Bénard et Monique Sprenger, et Korbey d’Or. L’un pour la trésorerie et l’autre pour l’assistance administrative et financière. « Korbey d’Or n’avait aucun intérêt économique dans ces deux opérations. Il s’agit clairement d’un abus de biens sociaux au profit de Sygma », indique le procureur, précisant que Philippe Bénard « possède un lavoir d’or d’une valeur de 200 000 euros à Londres ».
Elle demande des peines de trois ans d’emprisonnement dont 24 mois avec sursis pour Philippe Bénard et 18 mois d’emprisonnement avec sursis pour Monique Sprenger, toutes deux assorties d’une amende de 50 000 euros et d’une interdiction de gestion. Des arguments battus en brèche par les trois avocats de Philippe Bénard. Me Jean-Pierre Lionnet explique ainsi que la convention d’assistance n’a « jamais été exécutée » et qu’il n’existe aucune facture prouvant le contraire. Quant à l’accord de trésorerie, il assure qu’il n’a pas servi à « piller » les caisses de Korbey d’Or et que les 200 000 euros prélevés ont été restitués. « Où est l’abus des biens sociaux ? Où est la dissimulation ? », interroge-t-il.
Après Sygma, le procureur évoque Kreologik, l’entreprise de formation dans laquelle on retrouve Michel Pota et son épouse Catherine. Elle dénonce une « formation surfacturée » qui « a servi de base à des mouvements financiers qui n’ont aucune réalité économique ». Entre surfacturation et fausse facturation, on arrive à 730 000 euros. « Mme Pota, en tant que gérante de Kefashanti, a reçu 18 000 euros de Korbey d’Or et 140 000 euros de Kreologik. Elle est coupable d’abus de biens sociaux. Lucile Regin réclame trois ans de prison, dont 24 mois de prison avec sursis contre Michel Pota et 18 mois de prison avec sursis contre Catherine Pota.

Sergio Toinette (à droite) avec son avocat Me Nicolas Samson. (Photos OD)

” Toile d’araignée “

A la barre, la veille, Michel Pota a reconnu les faits. Pour son avocat, tous les motifs de poursuite ne tiennent pas. “Il n’y a pas de corruption active, pas de blanchiment d’argent, pas d’abus de confiance”, assure Me Frédéric Cerveaux. Pour lui, son client n’est qu’un « homme de paille », un « opérateur de lampe », qui s’est retrouvé au milieu d’un « système de participations croisées entre les mêmes personnes pour faire les mêmes choses ».
Conseiller Catherine Pota, Me Sulliman Omarjee présente son client comme une « proie vulnérable » prise dans la « toile d’araignée » de Sergio Toinette. En raison de ses problèmes de santé et des récents décès de sa famille, elle était « un radeau à la dérive », incapable de prendre une part active. Il est néanmoins accusé de dissimulation d’abus de biens sociaux. « Ce n’étaient pas des dépenses somptueuses. Pas de BMW ni de montres de luxe, juste des dépenses de confort», note l’avocat.
Après les malversations, le procureur revient aux deux affaires de corruption contenues dans le dossier. Le premier concerne Ben Mohamed, alors conseiller bancaire. Il lui est reproché d’avoir fermé les yeux sur les virements et retraits effectués par Michel Pota, en échange de billets d’avion et de sommes d’argent. « Les alertes ont été systématiquement closes sans suite. Le pacte de corruption est parfaitement caractérisé», juge Lucile Regin, qui requiert 18 mois de prison avec sursis. La deuxième affaire implique Jocelyn Sophie, alors agent du Ministère. Selon le procureur, Sergio Toinette et Philippe Bénard lui ont demandé de récupérer des listes de personnes susceptibles d’avoir besoin d’une aide à domicile. En échange, il a reçu une voiture d’une valeur de 35 000 euros et plusieurs versements en espèces. Lucile Regin requiert une peine de 2 ans de prison avec sursis.
Pour son avocat, « un relâchement est évidemment nécessaire ». Selon lui, ce que son client lui a fourni n’avait aucun rapport avec sa profession. « Ce ne sont que des hypothèses, des allégations. M. Sophie ne doit pas être victime d’une culpabilité atmosphérique. Il n’a jamais utilisé sa position au sein du Département pour servir les intérêts de Korbey d’Or. Où sont les éléments matériels qu’il a extraits du logiciel ? Où sont les listes ? », explique Me Nativel. Les avocats de Philippe Bénard contesteront également tout lien entre les travaux demandés et les fonctions de Jocelyn Sophie.

Le Département demande six millions

Partie civile dans cette affaire, l’avocat du Département formule une demande qui fera bondir plusieurs avocats de la défense. En préambule, Me Marie Loutz indique que le marché de l’assistance à la personne est à la fois « très juteux » et « très convoité ».
Pour elle, l’affaire de corruption impliquant, d’une part Sergio Toinette et Philippe Bénard, et d’autre part Jocelyn Sophie, alors agent communautaire, montre que l’objectif était de mettre la main sur des dossiers de personnes susceptibles d’avoir besoin d’aide à domicile. . Avec un « énorme avantage » pour Korbey d’Or.
Dans cette affaire, le Département a subi un « préjudice financier », poursuit l’avocat. Et cela a été calculé. « Sur toutes les heures rémunérées, seulement 85 % étaient travaillées. Comme la communauté a dépensé 40,5 millions de 2018 à 2020, la perte est de 6 millions. Du moins», explique Me Marie Loutz.
« Extrapolations »
Elle demande donc que les trois prévenus soient condamnés solidairement à payer 6 millions, ainsi que 10 000 euros pour atteinte à la réputation du Département. Quelques heures plus tard, la défense ne manquera pas de réagir. Une demande qui est tout simplement « infondée » car fondée sur des « extrapolations », souligne Me François Saint-Pierre pour Philippe Bénard.
Un « argument scandaleux », juge M. Thomas Léone, également conseiller du président de Sygma.

Réquisitions

Sergio Toinette : 4 ans d’emprisonnement, 200 000 euros d’amende, interdiction de direction pendant 15 ans.
Philippe Bénard : 3 ans d’emprisonnement dont 24 mois avec sursis, 50 000 euros d’amende, interdiction de direction pendant 10 ans.
Michel Pota : 3 ans d’emprisonnement dont 24 mois avec sursis, 50 000 euros d’amende, interdiction de direction pendant 10 ans.
Catherine Augustin Pota : 18 mois de prison avec sursis, 50 000 euros d’amende, interdiction de direction pendant 5 ans.
Monique Sprenger : 18 mois de prison avec sursis, 50 000 euros d’amende, interdiction de direction pendant 5 ans.
Jocelyn Sophie : 2 ans de prison avec sursis, 10 000 euros d’amende.
Ben Mohamed : 18 mois de prison avec sursis, 10 000 euros d’amende.

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