la piste effrayante d’une chasse aux fantômes qui a mal tourné

L’affaire du meurtre d’une jeune femme résidant à Saint-Priest (Rhône), dans la métropole de Lyon, retrouvé poignardé dans une chapelle abandonnée d’un petit village italien de la Vallée d’Aoste, continue de s’agiter de l’autre côté des Alpes.

Le compagnon de la victime, un jeune italo-égyptien résidant à Grenoble, a été interpellé à Lyon le 10 avril.

Les enquêteurs italiens ont levé le voile sur les pistes explorées et le mode opératoire du crime, tandis que la justice française s’est penchée sur les conséquences juridiques suite à son arrestation.

Le parcours d’une « chasse aux fantômes TikTok »

Qu’est-il arrivé à Auriane Laisne, 22 ans, qui habitait Saint-Priest et qui était en couple avec le suspect numéro 1, prénommé Teima S. ? La victime, retrouvée morte dans le nord de l’Italie, cherchait une maison hantée qui contiendrait des fantômes, selon la police.

Elle a fait part de ses projets à des membres de sa famille avant de quitter Saint-Priest près de Lyon où elle vivait, a déclaré CNN porte-parole de la police municipale de La Salle.

La police pense que la victime aurait pu tenter de relever un « défi » populaire sur TikTok, ajoutant que sa mort pourrait être liée à un concours de chasse aux fantômes organisé en France sur la plateforme de médias sociaux.

D’autres théories explorées sont qu’il s’agissait d’un « meurtre consensuel » ou d’un sacrifice, ou d’une tentative de commettre une farce sur les réseaux sociaux dans l’église désacralisée.

Le meurtrier aurait délibérément attiré sa victime dans l’église

Le journal italien Corriere della Sera confirme que la victime et le suspect étaient engagés dans une « exploration urbaine » (urbex), à la recherche de lieux abandonnés pour prendre des photos et les mettre en ligne.

Le meurtrier présumé aurait emmené la jeune fille dans l’église abandonnée dans le but précis de la tuer et aurait ensuite laissé le corps en position fœtale afin de faire croire qu’elle dormait, affirment les médias citant des sources du enquête.

Une ligne de fracture à la frontière franco-italienne ?

Les enquêteurs italiens ont tenté de reconstituer le parcours du couple et y voient désormais plus clair. Auriane et Teima auraient quitté ensemble la France le 25 mars pour franchir la frontière italienne par le tunnel du Mont-Blanc. Le couple voyageait à bord d’un bus low-cost de la compagnie BlaBlaCar.

La presse italienne critique un « échec » puisque le suspect n’avait pas le droit d’être avec sa victime et était soumis à un contrôle judiciaire strict. Certains médias dénoncent également le manque de communication et de coopération entre les polices française et italienne.

Au tunnel du Mont Blanc, la police aux frontières a remarqué ces deux jeunes assis à l’arrière du bus et un contrôle de routine a été lancé. La police les a arrêtés et identifiés. Mais l’enquête n’a pas révélé que le garçon était sous « contrôle judiciaire » depuis le 13 janvier, à la suite d’un épisode de violences conjugales contre sa compagne.

Il a été placé sous contrôle judiciaire le 13 janvier 2024 suite à sa saisine pour violences conjugales et menaces afin que sa victime revienne sur sa plainte. Conformément aux réquisitions du parquet, le juge des libertés et de la détention lui avait notifié une interdiction d’entrer en contact avec elle et l’obligation de répondre aux convocations de l’association chargée de suivre le contrôle judiciaire.

Il devait être jugé par le tribunal correctionnel de Grenoble vendredi 3 mai 2024, a expliqué cette semaine le procureur de la ville.

Après le contrôle au tunnel, le couple a pu, sans être inquiété, poursuivre sa route vers le petit village isolé de La Salle.

Le meurtre commis entre le 26 et le 27 mars avec « préméditation »

Selon le procureur général d’Aoste, Luca Ceccanti, cité par les médias italiens, le meurtre a été commis dans la chapelle en ruine de La Salle entre le 26 et le 27 mars. La victime a été retrouvée par les habitants le 5 avril.

« Il s’agit d’un fémicide, déterminé par des raisons de possession et d’annulation du testament de la victime. Ce n’était pas un cas de ravissement, de jalousie ou de passion. Il s’agit essentiellement d’un meurtre typique d’une démonstration de pouvoir envers la jeune fille », a déclaré le procureur lors d’une conférence de presse jeudi 11 avril.

Auriane Laisne a reçu plusieurs coups de couteau, notamment au cou et à l’abdomen. L’arme du crime n’a pas été retrouvée, ni le téléphone de la victime. Selon la presse, la jeune femme a pu être identifiée grâce à un objet, portant son nom imprimé, qu’elle gardait dans son sac à dos.

Interpellé à Lyon en pleine rue

L’enquête pour « meurtre aggravé » ouverte par la justice italienne s’est terminée côté français avec learrestation du suspect mercredi soir à Lyon, cours Charlemagne dans le 2ème arrondissement, proche de la gare Perrache. Il était accompagné de deux cousins.

Le mandat d’arrêt européen émis par la justice italienne “a été exécuté jeudi par les magistrats de la cour d’appel de Grenoble”, a indiqué le procureur.

Le suspect était placé en état d’arrestation pour extradition en attendant sa comparution devant la Chambre de l’Instruction jeudi prochain. Par la suite, il a comparu devant le juge des libertés et de la détention (JLD) du tribunal judiciaire de Grenoble pour la violation de son contrôle judiciaire. Le JLD l’a placé en détention provisoire dans l’attente de son jugement qui interviendra le 3 mai.

Teima S. sera-t-elle bientôt extradée vers l’Italie ? Réponse dans les semaines à venir. En attendant, les enquêteurs italiens continuent de récolter des informations pour faire la lumière sur ce féminicide qui a beaucoup choqué le nord de l’Italie.

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