que vaut le biopic Benjamin Franklin d’Apple TV+ avec Michael Douglas ? – .

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Franglin, c’est avant tout la rencontre de deux monstres sacrés. A ma droite, l’acteur Michael Douglas, cinquante ans de carrière et auréolé de sa Palme d’honneur au dernier Festival de Cannes. À ma gauche, Benjamin Franklin, inventeur, écrivain, homme politique, l’un des pères fondateurs de la démocratie américaine, dont on n’a pas vraiment idée de l’importance de ce côté-ci de l’Atlantique. qu’il assume dans l’imaginaire de son pays.

Et leur rendez-vous au sommet est donc programmé sur Apple TV++, une plateforme qui, bien qu’assez discrète, nous a habitués à un niveau de qualité moyen assez remarquable au milieu de l’offre pléthorique, mais souvent bien moins convaincante, de ses concurrents. Malheureusement, là où on s’attendait, sur le papier et au vu des premières images, une sorte de montagne sérielle, on découvre, au fil des épisodes, tout au plus une petite colline au sommet dénudé, plus jolie à regarder de loin qu’à observer de près.

Ce qui a été annoncé Franklin, présenté cette semaine au festival Canneséries, avait de quoi intriguer les amateurs de séries historiques : alors que la Guerre d’Indépendance opposant les colonies insoumises à l’Empire britannique semblait tourner à l’avantage de ce dernier, le très populaire Benjamin Franklin, connu du grand public pour avoir notamment maîtrisé la foudre en inventant le paratonnerre, autant qu’aux élites politiques pour son esprit vif et son manque de scrupules en matière de négociation, est envoyé à Paris avec pour mission plus ou moins officieuse de rallier la France aux colonies rebelles face à un ennemi commun, la perfide Albion.

Les amateurs de tours de boudoir, de trahison et de jeux de pouvoir sur fond de grands enjeux internationaux avaient donc, a priori, de quoi se réjouir. Mais le problème apparaît vite : au-delà de la carte postale des jardins, des salons et des ors du Grand Siècle reconstitués avec un plaisir gourmand, la série n’a presque rien à raconter, et échoue régulièrement dans ses tentatives d’accroche. d’une manière ou d’une autre à ses personnages.

Une série sympathique, mais qui ne raconte presque rien

S’il y a quelque chose qui ne peut être enlevé Franklin, c’est l’excellence de sa production et de ses acteurs. Tournée en France avec un casting majoritairement francophone, la série est non seulement un véritable régal pour les yeux, mais démontre également la grande attention portée par ses auteurs et réalisateurs aux dialogues, tant dans leur écriture que dans leur interprétation.

Visuellement, et malgré le nombre globalement réduit de lieux distincts dans lesquels se déroule l’action, Franklin aux allures de parc d’attractions pour les passionnés du Grand Siècle. Une carte postale Grand Siècle, certes, puisque l’on tourne autour de Versailles et des demeures de la noblesse, les personnages étant quasiment absents de la série, mais quand même : le travail de reconstitution et de présentation est remarquable. Tout comme les dialogues ciselés, en anglais comme en français, et interprétés avec un naturel parfois surprenant mais toujours agréable par des comédiens visiblement bien dirigés.

Côté anglophone, Michael Douglas lui-même n’exerce certainement pas son talent, et doit attendre pour gagner en intensité de jeu qu’un excellent Eddie Marsan vienne, à mi-série, lui mettre des bâtons dans les roues dans le rôle de John Adams. (futur deuxième président des États-Unis). Côté francophone, si Thibault de Montalembert occupe avec justesse le devant de la scène en tant que ministre roué, la galerie des seconds rôles défile avec une gourmandise palpable.

De Ludivine Sagnier (malheureusement coincée dans une intrigue sentimentale qui n’est pas amusante) à Jeanne Balibar, en passant par Robin Renucci ou le mémorable jeune Canadien Théodore Pellerin, parfait en jeune Lafayette loin des clichés, chacun apparaît sous son meilleur jour, chaque réplique apparemment fait sur mesure pour eux. S’il fallait prouver qu’une coproduction mêlant acteurs anglophones et francophones peut parfaitement réussir, Franklin le livrerait haut la main. Et pourtant, le problème réside.

Une histoire incapable de donner vie à ses personnages

En effet, si le coffret est luxueux et forgé avec amour, son contenu n’est malheureusement pas du tout à la hauteur. La mission de Benjamin Franklin de rallier la bonne volonté française pour ce qui ressemblait encore à une utopie coûteuse s’est en fait déroulée diplomatiquement, sans enthousiasme et dans l’ombre. Il en faut beaucoup, mais aussi beaucoup plus, pour peupler les huit épisodes de Franklin. A cela s’ajoute un petit-fils impétueux et doucement maladroit, interprété par le Britannique Noah Jupe (Sans un son, Le gestionnaire de nuit), chargé de provoquer un peu de désordre, d’accomplir son propre arc d’apprentissage de la vie et d’emmener le spectateur dans des environnements que Benjamin Franklin n’aurait pas fréquentés, à commencer par celui des putes et demi-mondaines parisiennes.

Certes, Franklin lui-même a une réputation de libertin : on dilue alors une bonne moitié de la série avec des divagations sentimentales-sexuelles dont l’intérêt pour l’intrigue est bien difficile à comprendre. Les Anglais complotent dans leur coin : quelques coups de couteau sont même donnés, mais toujours dans l’arrière-cour et sans vraiment avoir d’impact sur le cours des événements. Les Français tergiversent sans fin : peu importe puisque Franklin avait tout prévu de toute façon… Tous ces efforts pour créer de la romance dans la fiction là où il n’y en avait probablement pas beaucoup dans la réalité n’ont qu’un seul effet : allonger artificiellement une histoire qui ne semble tenir que sur ses longs dialogues.

Ni vraiment un portrait fidèle d’un personnage historique, ni vraiment une réécriture romantique à la Dumas, Franklin est un étonnant objet sériel, jamais vraiment désagréable à regarder, car brillamment réalisé, dialogué et interprété, mais malheureusement incapable de donner vie à ses personnages, tous perdus autant qu’ils sont dans une sorte de purgatoire indistinct entre souci de réalisme et aspirations de grande aventure. Montre qu’une série peut être à la fois brillante et parfaitement ennuyeuse. Mais était-il vraiment nécessaire de le prouver ?

Dès le vendredi 12 avril sur Apple TV+.

 
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