Il y a près de 30 ans, une Ford Bronco blanche sillonnant les autoroutes de Los Angeles suffisait à fasciner toute une nation : à son bord, OJ Simpson, ancienne gloire du football américain, soupçonné de meurtre et suivi à basse vitesse par une roue hydraulique de voitures de police.
Le 17 juin 1994, le spectacle – retransmis en direct à la télévision grâce aux hélicoptères qui suivaient cette course-poursuite – captivait quelque 95 millions d’Américains, soit plus que la finale du championnat de football américain organisée la même année.
Des gens bordent les routes pour encourager OJ Simpson
Ce vendredi soir, les livraisons de pizzas à domicile avaient explosé pendant deux heures, le temps qu’OJ Simpson, décédé ce mercredi 10 avril 2024 à l’âge de 76 ans, soit finalement rentré chez lui et se soit rendu aux dizaines de policiers présents sur place.
« Nous étions tout autour de la gare, personne ne respirait… Nous étions là, complètement fascinés. » se souvient Kim Goldman, dans un podcast vieux de quelques années.
De nombreux habitants de Los Angeles s’étaient postés le long du trajet de la Ford Bronco, conduite par un ami, pour encourager le fugitif, mais Kim Goldman et son père voulaient “qu’il soit arrêté pour répondre de ses actes”.
Cinq jours plus tôt, son frère Ron avait été poignardé à mort en compagnie de Nicole Brown Simpson, l’ex-femme de la star du football qui allait être jugée pour ce double meurtre.
Criminellement innocent mais condamné civilement
En 1995, à l’issue d’un procès incroyable et surmédiatisé qui a profondément attisé les tensions raciales dans le pays, Simpson a été déclaré non coupable par un jury populaire. Une décision qui fait encore polémique à ce jour et qui continue d’indigner Mme Goldman.
Criminellement innocent, Orenthal James Simpson a néanmoins été reconnu civilement responsable deux ans plus tard de la mort de son ex-femme et de Ron Goldman.
À ce titre, il a été condamné à payer plus de 33 millions de dollars de dommages et intérêts à la famille Goldman, mais n’en a payé qu’une petite partie.
L’athlète a toujours clamé son innocence. Il a également nié avoir tenté d’échapper à sa convocation au commissariat le jour de la fameuse course-poursuite, affirmant avoir simplement voulu se rendre sur la tombe de son ex-femme.
Un sac contenant son passeport, de l’argent liquide et un revolver 357 Magnum a été découvert par les enquêteurs dans le Ford Bronco. Mais ces objets n’ont jamais été présentés comme éléments de preuve par l’accusation, car la voiture n’appartenait pas au suspect et personne n’a pu prouver qui les avait placés là.
Le Ford Bronco exposé dans un musée
Pourquoi cette fascination ? Selon Geoffrey Alpert, professeur de criminologie à l’université de Caroline du Sud et spécialiste des courses-poursuites, la célébrité d’OJ Simpson n’a fait qu’accroître l’intérêt d’un public déjà naturellement avide de situations dangereuses.
« Nous attendons la collision. Personne ne veut que quelqu’un meure, mais nous aimons voir une situation devenir incontrôlable. » a-t-il déclaré à l’AFP, comparant ce type de courses-poursuites à des courses de stock car.
« Et les médias sont encore plus fascinés par ce genre de choses aux États-Unis que partout ailleurs dans le monde. » a estimé le professeur, évoquant un Far West “où quelqu’un braque une banque et le shérif saute sur son cheval pour le poursuivre”.
La Ford Bronco elle-même, propriété d’Al Cowings, l’ami de Simpson qui la conduisait le 17 juin 1994, est également exposée par un musée du Tennessee spécialisé dans l’histoire criminelle des États-Unis.
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À Los Angeles, une entreprise a même envisagé de proposer des visites touristiques en voiture, en suivant le même itinéraire qu’OJ Simpson.
