Le 8 mars 2014, à 1 h 20, heure locale, le Boeing 777 ER de Malaysia Airlines transportant 227 passagers a disparu des écrans radar civils au-dessus de la mer de Chine. Le capitaine Zaharie Ahmad Shah, 53 ans, vient de confirmer aux contrôleurs malaisiens qu’il quitte leur zone. L’avion suit le couloir aérien en direction de Pékin (Chine), à l’altitude de croisière prévue : 35 000 pieds (10 600 m). A partir de ce moment, l’appareil reste silencieux. Les éléments rassemblés par l’ingénieur Jean-Luc Marchand, spécialiste de l’aéronautique, et Patrick Blelly, commandant de bord à la retraite d’Air France, indiquent qu’il fait volte-face. ” très serré “, suggérant « pilotage manuel ».
De nouvelles données des radars militaires malaisiens, jusque-là inconnues du public, confirment ce brusque changement de trajectoire. Ces éléments officiels, transmis par la Malaisie aux autorités australiennes, valident également la reconstitution de la trajectoire sol du MH 370 établie par les experts français auteurs d’un rapport indépendant publié en 2023, écartant l’hypothèse d’un incident en vol. « Nous avons tout analysé. Il n’y a plus d’ambiguïté sur le fait qu’après ce demi-tour, l’avion est piloté à la main. » souligne Jean-Luc Marchand.
Descente contrôlée
Les données confirment également que “L’avion est descendu, probablement jusqu’à 28 000 pieds (8 500 m).” Cette descente contrôlée prouve, selon les experts, “que l’avion a été délibérément dépressurisé. La personne aux commandes voulait faire croire aux passagers qu’il y avait un problème. Elle a simulé une descente d’urgence, pour s’assurer que personne ne bougeait. »
Il est ensuite resté dans l’air froid (environ -30°C) et raréfié, au niveau de vol 300 (9 100 m). A bord, l’équipage et les passagers “mort sans souffrance, d’hypothermie et de manque d’oxygène”, conclut le rapport. Le pilote disposant d’une autonomie en oxygène de vingt-sept heures, bien supérieure à celle offerte aux passagers, il a pu se maintenir à cette altitude.
Un atterrissage contrôlé
Après un troisième virage, au nord de Sumatra, en Indonésie, le Boeing a poursuivi sa route en ligne droite vers l’océan, jusqu’à épuiser les réserves de carburant et à éteindre les deux moteurs, volontairement pour le deuxième. Selon les experts, il aurait plané vers « un atterrissage bien contrôlé qui a produit peu de débris » dans une zone non couverte par les recherches du navire de la compagnie Océan Infini en 2018. Un secteur qui pourrait “à rechercher dans quelques jours”, indique le français.
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La firme américaine est en pourparlers avec le gouvernement malaisien pour relancer les recherches de l’épave. Elle a soumis une offre proposant de ne facturer que les frais occasionnés en cas de découverte. Ocean Infinity n’est pas seul dans le classement. « Une autre société, Deep Sea Vision, est prête à engager des moyens, dans les mêmes conditions », annonce Jean-Marchand. Des preuves pour élucider le mystère de cette disparition “sont dans l’une des boîtes noires” du Boeing qui repose, “presque entier”, au fond de l’océan, assurent-ils.