« Des annonces absolument pas à la hauteur des enjeux », réprimande le président de France Assos Santé

Les annonces faites ce week-end par Gabriel Attal en matière de santé sont-elles satisfaisantes à vos yeux ?

Gérard RAYMOND (président de France Assos Santé). Il me semble que Matignon aurait pu consulter tous les acteurs, et plus particulièrement les usagers de la santé, avant d’annoncer toute une série de mesures. La démocratie sanitaire existe, et nous devons la respecter. De nombreuses décisions futures auront un impact sur les patients. Sans doute certains pourraient s’orienter vers le bon sens, mais d’autres ne nous semblent pas du tout à la hauteur des enjeux d’une refonte du système.

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«La ‘taxe lapin’, une vision trop simpliste pour résoudre les problèmes»

Est-ce le cas de la fameuse « taxe lapin » ?

Cela semble extrêmement difficile à mettre en œuvre et ne répond pas à la crise que nous traversons. Par ailleurs, le Code de la santé publique stipule qu’un médecin ne peut percevoir d’argent s’il n’a pas accompli un acte. Cette taxe est un coup de pub car inapplicable. Surtout, le mettre en avant, c’est ajouter des tensions alors qu’on n’en a pas actuellement besoin dans le milieu médical. Nous sommes dans cette méthode qui consiste, face aux difficultés, à vouloir trouver un responsable de la même manière qu’on s’attaque aux chômeurs : il y a trop de malades, donc c’est la faute des malades… Cette vision est un peu trop simpliste pour résoudre les problèmes.

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L’accès direct à des spécialistes sans passer par votre médecin généraliste est-il une bonne chose ?

Quand on parle de parcours de soins coordonnés, cela devrait vraiment être le cas, avec une réelle interaction entre médecins, notamment pour le suivi des patients atteints de pathologies chroniques. Toutefois, ce n’est pas vraiment le cas aujourd’hui. Il me semble plus important de mettre l’accent sur la mise en place d’un véritable dossier médical personnalisé, avec des outils modernes de communication entre spécialistes, pour avoir un vrai plus dans l’accompagnement plutôt que des mesures qui n’apportent rien.

Allons directement voir un spécialiste, je suis d’accord… Mais en tant que diabétique, je dois attendre trois mois pour voir un spécialiste ! Et dans certaines régions de France, cela peut aller jusqu’à 12 mois. Je n’en vois pas l’intérêt, surtout si le médecin en question n’est pas en coordination avec les professionnels qui m’accompagnent habituellement. En revanche, pour tout ce qui touche à la psychologie et à la physiothérapie, cela mérite d’être testé, oui. Il en va de même pour les prescriptions d’antibiotiques des pharmaciens.

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« La vraie question est de savoir quel système de santé nous voulons dans ce pays »

Obliger les médecins à se relayer le soir et le week-end dans les zones sous tension, une bonne idée ?

Pourquoi pas ! C’est bien de vouloir insister là-dessus. Il faut obliger les professionnels de la santé à prodiguer des soins continus. En règle générale, nous appelons à une volonté politique forte pour que le secteur de la santé s’organise pour avoir cette offre permanente dans les territoires.

Selon vous, qu’est-ce qui manque dans ces annonces ?

Une réelle envie de retrouver du sens à notre système de santé. La vraie question est de savoir quel système de santé et de protection sociale nous voulons dans ce pays. Est-ce qu’on s’en tient aux valeurs de 1945, à savoir la répartition, la solidarité ? Ou bien passe-t-on à un modèle libéral où chacun paie selon ses besoins ? Nous devons être clairs là-dessus dans les années à venir et donner du sens à nos réformes.