GPA, migrants, homosexualité… Ce que contient le texte du Vatican sur la dignité humaine

GPA, migrants, homosexualité… Ce que contient le texte du Vatican sur la dignité humaine
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Dignitas infinita. Dignité infinie. Bref, le Vatican entend poser les bases de sa réflexion sur la notion de dignité humaine, en publiant, ce lundi 8 avril, un nouveau document élaboré par le dicastère pour la doctrine de la foi. Dans ce texte de 68 points, dont la publication a été approuvée par le Pape lui-même, le préfet du dicastère, le théologien et cardinal argentin Víctor Manuel Fernández, propose une sorte de mise à jour de la doctrine sociale de l’Église.

La dignité, concept central dans les textes qui composent l’appareil social et moral de l’Église depuis plus d’un demi-siècle, est ici décrite selon quatre dimensions : la dignité ontologique (par le simple fait d’exister et d’être voulu par Dieu) , la dignité morale (liée à l’exercice de la liberté humaine), la dignité sociale (liée aux conditions de vie) et enfin la dignité existentielle (liée à la perception qu’a la personne de sa propre dignité).

Vie « digne » et « indigne »

Si cette structuration est couramment utilisée par les théologiens moraux, c’est la première fois qu’elle est ainsi déployée par un texte magistral. L’expression de « dignité existentielle » n’était jamais apparue auparavant dans un document de ce niveau. « Aujourd’hui, on parle de plus en plus souvent de vie « digne » et de vie « indigne ». Nous faisons référence à des situations proprement existentielles : par exemple, le cas d’une personne qui, bien que ne manquant de rien d’essentiel pour la vie, a du mal, pour diverses raisons, à vivre dans la paix, la joie et l’espérance »expliquer les auteurs de Dignitas infinita.

Le Pape a été fortement impliqué dans la rédaction de ce document, que les théologiens du Dicastère pour la doctrine de la foi ont commencé à élaborer en 2019. C’est ce projet que le cardinal Fernandez a trouvé sur sa table de travail en prenant la tête de ce bureau du Curie romaine, à l’automne 2023. Un texte présenté en novembre au pape, qui ordonne ensuite aux théologiens de retourner au travail, comme La Croix l’a révélé début mars. En marge du projet de document, François demande qu’ils soient intégrés dans Dignitas inifinita les thèmes qu’il a développés au cours de son magistère. Cinq mois plus tard, le Vatican identifie donc treize domaines dans lesquels la dignité humaine fait l’objet de « des violations graves ».

« Le phénomène du fémicide ne sera jamais assez condamné »

En tête de la déclaration se trouvent ceux ajoutés directement à la demande du pape, comme les abus sexuels, le travail des migrants, la guerre ou la traite des êtres humains, qui figuraient dans la version finale. Ces sujets chers à Jorge Mario Bergoglio s’appuient en grande partie sur ses précédentes interventions. L’Église déplore ainsi « effets destructeurs de l’empire de l’argent » sur « le drame de la pauvreté », mais aussi l’importance de considérer les migrants comme ” personnes “.

« Les accueillir est une manière importante et significative de défendre « la dignité inaliénable de chaque personne humaine quelles que soient son origine, sa couleur ou sa religion » », insiste le cardinal Fernandez. Il déclare également que « le phénomène du fémicide ne sera jamais assez condamné ».

Ces thèmes s’ajoutent à ceux déjà présents dans la version initiale préparée par les théologiens romains. Certaines d’entre elles constituent un rappel de positions déjà connues. Ainsi est-il réaffirmé – textes à l’appui de Jean-Paul II – que « le Magistère de l’Église s’est toujours prononcé contre l’avortement »ou même contreeuthanasie ou suicide assisté. « Nous devons réaffirmer avec force que la souffrance ne fait pas perdre au malade la dignité qui lui est propre de manière intrinsèque et inaliénable »on peut aussi lire.

Pas de « droit à l’enfant »

Mais Dignitas infinita aborde également de nouvelles questions. C’est notamment le cas de la maternité de substitution (GPA), traitée pour la première fois par un document magistral. Une pratique contre laquelle l’Église catholique prend officiellement position, estimant qu’en l’occurrence, “l’enfant, immensément digne, devient un simple objet”. Pour le Vatican, GPA mine à la fois “la dignité de l’enfant” et celui de la mère. « Le désir légitime d’avoir un enfant ne peut se transformer en un « droit à l’enfant » », développe le dicastère de la doctrine de la foi.

Les auteurs du document élaborent également en profondeur sur « violences numériques »décrit comme « La face cachée du progrès numérique ». « Imaginez avec quelle facilité, par ces moyens, on peut mettre en danger la bonne réputation de quelqu’un par le biais de fausses nouvelles et de calomnies. », écrit le cardinal Fernandez. Il met en garde contre les dangers potentiels de “monde numérique”vu comme un « espace de solitude, de manipulation, d’exploitation et de violence, jusqu’au cas extrême du dark Web ».

Un espace de discussion

Autre thème développé ici pour la première fois : « théorie du genre ». « Vouloir disposer de soi, comme le prescrit la théorie du genre, sans tenir compte de cette vérité fondamentale de la vie humaine comme don, ne signifie rien d’autre que céder à la tentation séculaire de l’être humain se faisant dieu et entrant en rivalité. avec le vrai Dieu d’amour que nous révèle l’Évangile. » Le Saint-Siège lance ainsi un appel à “respect du corps”. Comme il le fait avec le “changement de sexe”, ce qui constitue à ses yeux un ” menace “ de « la dignité unique qu’une personne reçoit au moment de la conception ».

Mais ces condamnations, tout à fait attendues, donnent aussi lieu à une discussion sur certaines thématiques. Ainsi, pour la première fois, un document du magistère de l’Église catholique s’élève contre la criminalisation des personnes homosexuelles. « Nous devons dénoncer comme contraire à la dignité humaine le fait que, dans certains endroits, de nombreuses personnes soient emprisonnées, torturées et même privées du bien de la vie uniquement en raison de leur orientation sexuelle », peut-on lire dans ce texte. L’Église ne va cependant pas jusqu’à exiger la dépénalisation universelle de l’homosexualité, qui reste interdite dans de nombreux pays. Comme en Afrique, parfois avec le soutien des évêques.

De même, si l’Église identifie le changement de sexe comme une menace à la dignité humaine, elle affirme qu’il est ” en général “. Laissant donc de la place à des cas particuliers. Une marque de l’expérience du pape François, qui reçoit régulièrement des groupes de personnes transsexuelles.

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