que disent ceux qui sont sur le terrain à propos des efforts de l’UE ? – .

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« C’est un véritable crime que de pouvoir encore acheter un appareil avec une batterie bloquée. Ce serait comme acheter une voiture avec les pneus collés aux essieux. Kyle Wiens, PDG du site populaire iFixit, ne mâche pas ses mots lorsqu’il s’agit de juger de l’état actuel de l’industrie électronique. Celui qui a fait de sa carrière un combat permanent pour le droit à la réparation continue de s’agacer du manque d’efforts consentis par le secteur et tire la sonnette d’alarme écologique et économique.

Outre-Atlantique comme chez nous, il devient urgent d’exiger des appareils plus modulaires, plus réparables et plus durables. Le numérique représente aujourd’hui 3 à 4 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde (2,5 % de l’empreinte carbone nationale en France), et si l’on ne fait rien, le secteur « pourrait représenter près de 7 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2040 », prévient le Sénat. La grande majorité de cette empreinte carbone est due à la fabrication de nos différents équipements (téléphones, tablettes, ordinateurs), les réparer et les faire durer est une priorité.

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Une loi qui « porte l’empreinte de la Big Tech »

L’UE a bien compris ce problème puisque les 27 tentent depuis des années de faire avancer des projets comme l’indice de durabilité ou le droit à la réparation. Même constat aux États-Unis, qui ont vu plusieurs États adopter des lois sur la réparation des appareils électroniques. De la « des avancées fantastiques » qui méritent d’être approfondis, nous dit Kyle Wiens.

« Tout un tas d’éléments doivent être réunis pour créer un écosystème de réparabilitésouligne le gérant. Le problème est qu’il y aura toujours des failles dans la loi et que les entreprises viendront en profiter.» Sur la loi pour le droit européen à la réparation, cette faille est identifiée depuis la genèse du projet : le manque d’encadrement des pièces détachées.

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« Des études de l’Ademe montrent que le prix des pièces a une grande influence sur les réparations », acquiesce Agnès Crepet, responsable de la longévité des logiciels chez Fairphone. Comme l’Ademe l’a souligné à plusieurs reprises, au-delà de 33 % du prix d’un appareil neuf, le tarif de réparation de nos gadgets a tendance à baisser drastiquement. Malheureusement, si l’indice de durabilité français (mis de côté au profit de la mesure européenne) tentait de plafonner le prix des pièces, le texte européen se contente d’obliger les constructeurs à les fournir à un prix “raisonnable”. “Ce terme ne veut absolument rien dire”objecte le patron de Fairphone, qui regrette que Bruxelles n’ait pas copié-collé ce qui a été fait en France.

Cette concession européenne, que l’association Stop Planned Obsolescence (HOP) avait déjà pointée comme étant le résultat d’une méthode “relâché”porte « l’empreinte de la Big Tech »selon Agnès Crepet. « Certaines entreprises ne voient pas l’intérêt de changer leurs pratiques, et les imposer nécessite à la fois un arsenal législatif fort et les moyens de l’appliquer »juge le PDG d’iFixit, les yeux symboliquement rivés sur un certain géant sud-coréen.

La réparabilité, un écosystème fragile

Ce « écosystème de réparabilité » que défend le PDG d’iFixit va au-delà de simples considérations législatives et techniques. Selon lui, pour jauger de l’efficacité de ces mesures, il suffira de répondre à une question simple : « Les ateliers de réparation prospèrent-ils ? Un constat partagé par Fairphone. « Ces ateliers de réparation près de chez vous jouent un rôle énorme. Ce sont des personnes qui ont de solides connaissances techniques. Il y a un grand potentiel »acquiesce Agnès Crepet.

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D’un point de vue logiciel, la bataille gagnerait également à être menée de manière plus frontale. “En France, nous avons réussi à faire en sorte que le ‘déverrouillage’ du bootloader soit pris en compte dans l’index, ce n’est pas mentionné dans le texte européen”, admet le spécialiste de la longévité des logiciels chez Fairphone. Cependant, cette fonctionnalité est essentielle pour permettre à l’utilisateur d’installer des systèmes d’exploitation alternatifs sur son téléphone, si d’aventure les fabricants abandonnent le support du suivi des logiciels après quelques années. « Des distributions Linux ont été installées sur les parcs d’ordinateurs afin de prolonger leur durée de vie. Cela devrait être possible sur nos téléphones »elle explique.

Des distributions Linux ont été installées sur des flottes d’ordinateurs. Cela devrait être possible sur nos téléphones

Selon Kyle Wiens également, nos smartphones ont amorcé une évolution vers moins de réparabilité : « Les ordinateurs de bureau sont l’incarnation parfaite d’un produit réparable. C’est beaucoup plus difficile avec des produits plus compacts. La preuve ? “De nombreux Walkmans des années 1980 sont encore en circulation, tandis que les iPod, bien que vendus par millions, n’ont pas eu la même durée de vie.” La législation des 27 arriverait-elle trop tard dans une industrie trop fermée pour être suffisamment ambitieuse ?

L’Europe face aux défis de demain

“Mieux vaut tard que jamais. Je pense que c’est toujours très bien », admet Agnès Crepet. Prenant l’exemple de l’indice de réparabilité français (en vigueur depuis 2021), elle affirme que « Cela pousse les acteurs à être plus responsables. Si vous obtenez une mauvaise note, vous vendez moins. ». Idem côté logiciel, la directive européenne du 16 juin 2023 « établir des exigences d’écoconception applicables aux smartphones » oblige les fabricants à surveiller au moins cinq ans le système d’exploitation à compter de la date de mise sur le marché. Une obligation qui a sans doute poussé Samsung et Google à faire de belles promesses sur le sujet avec sept années de suivi. « C’est un excellent point de départ, mais nous voulons aller plus loin »note le PDG d’iFixit.

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Car si le texte manque de mordant sur certains points face à la situation actuelle de la filière, il rate aussi le coche face aux enjeux de demain. Pour Kyle Wiens, cela aurait pu être l’occasion de parler des usages « annexes » ce qu’un smartphone pourrait avoir. Rappelant les déclarations àArs Technica il y a quelques années, le manager défendait l’idée d’un téléphone “qui dure 25 ans”. “Il existe un million d’autres façons d’utiliser nos anciens téléphones défend Kyle Wiens. Ils pourraient devenir des thermostats connectés, des babyphones ou des télécommandes intelligentes.

Agnès Crepet va encore plus loin en évoquant la nécessité de développer en parallèle « une approche décoloniale » de l’industrie numérique. Une philosophie qui limiterait l’exploitation des mines gérées par des mafias ou des milices armées, au Congo notamment. La loi doit encore être habilement élaborée. Aux États-Unis, le Dodd-Frank Act de 2010, destiné à réduire la dépendance aux minerais issus des zones de conflit, principalement « poussé à accroître le marché noir et la contrebande »note le patron de Fairphone.

Construire une industrie véritablement durable et responsable nécessite donc de jongler entre les aspects techniques, législatifs, industriels et sociaux. « Si tout fonctionne sauf un point, alors le château de cartes s’effondre », illustre Kyle Wiens. Une vision holistique nécessaire à éviter « la société du jetable »conclut le PDG d’iFixit.

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