Charles Lafortune estime que Mathis est « sa plus grande leçon de vie »

Charles Lafortune estime que Mathis est « sa plus grande leçon de vie »
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Animateur et producteur à succès, vice-président de la Fondation Autistique & Majeur, Charles Lafortune est indéniablement un homme de cœur. Père d’un fils autiste, il a appris à respecter et valoriser la différence. A travers toutes ses responsabilités personnelles et professionnelles, l’animateur de La voix parvient à s’installer, notamment en s’offrant des escapades à la campagne, où il vient d’acquérir une maison, véritable lieu de ressourcement qui le reconnecte aux joies simples du quotidien.

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Charles, sentez-vous à quel point le public est ravi de cette 10ème saison de La voix?

Oui, entre autres parce que c’est la première fois que beaucoup de gens me disent qu’ils ont l’impression d’assister actuellement à la meilleure saison de La voix. Il y a quelque chose de très spontané. L’arrivée de France (D’Amour) et de Roxane (Bruneau) a apporté une bouffée d’air frais. Roxane est un bel exemple de chanteuse des réseaux sociaux. Il y a une belle proximité, des chansons fédératrices qui ont traversé le temps.

Quels sont à vos yeux les points forts de cette édition ?

J’en ai deux en tête. Quand Samantha, autiste, est venue chanter. Elle m’a fait craquer ! J’ai pu m’identifier à ses parents, car j’ai moi aussi un fils autiste. Ils ont été témoins de quelque chose qu’ils ne croyaient pas eux-mêmes possible. C’est une jeune fille de la Côte-Nord qui suivait des cours de chant avec Kevin Bazinet qui a gagné La voix. Samantha était dans la même situation que tout le monde. Il n’y a eu aucun regard sur elle ni aucun commentaire du genre : « Elle est bonne pour une personne autiste… ». C’est ce que je voulais exprimer : l’importance de faire partie de la communauté. Célébrer la différence est positif, mais le revers de la différence, ce sont les étiquettes que nous mettons sur chacun : neurodiversité, préférences sexuelles, identité de genre, rang social, couleur de peau, etc. En respectant la diversité, nous l’identifions beaucoup. A La voix, c’est tout le contraire : on ne sait pas quelle est votre couleur, quelles sont vos préférences, etc. Pour cette raison, ce concept aveugle a encore sa raison d’être : il met tout le monde sur un pied d’égalité. J’aime toujours célébrer le talent. Même après 10 éditions, il y a encore entre 1,6 et 1,9 millions de personnes. Il y a quelque chose d’intéressant à regarder la même émission en même temps et à en discuter le lendemain. C’est très fédérateur.

Et quel serait votre deuxième point fort ?

Quand Roxane m’a offert sa chaise, ce fut pour moi un moment très fort. Je crois que je suis le premier animateur toutes versions confondues à remplacer un coach.

Quels autres projets vous occupent en tant que producteur ?

Nous sortons de Chef cuisinier et nous nous engageons à Laver pour gagner. Nous tournons dans le même studio que La voix, mais la porte est rose ! Ce sera certainement un plaisir coupable qui répondra aux démangeaisons de beaucoup de gens. En gros, je n’en avais pas. Avec ma copine, tout est toujours propre chez nous et, par émulation, j’ai adopté cette habitude. C’est mon plus gros défaut. Le soir, mon garçon a toujours envie d’aller faire un tour en voiture. Il dit lunettes, manteau, chapeau, voiture. Comme il aime le lavage de voiture, j’ai acheté une carte prépayée et après notre trajet, je fais laver ma voiture. J’y vais tellement souvent que c’est ridicule ! J’ai une vieille voiture de 2011 qui affiche 300 000 kilomètres au compteur. Elle est impeccable ! (des rires)

Vous n’êtes évidemment pas un acheteur compulsif…

Pour le reste, je le suis ! Pour les gadgets électroniques, entre autres. Pour revenir à mes autres projets, nous produisons également L’indice McSween Et L’enquête McSween, Indéfendable, Alertes. Nous allons lancer Autistic, the Beginning. Nous suivrons une famille qui reçoit un diagnostic d’autisme.

Comment vivons-nous cela émotionnellement ?

Nous avons permis à des parents qui vivaient la même chose de se rencontrer. Notre Fondation Autiste & Majeur a inauguré l’Espace Québecor Autiste & Majeur, situé à l’école À pas de jardin. L’école a déménagé à Angus Mills et est devenue le Giant Steps Center, un centre majeur de l’autisme en Amérique du Nord. C’est un laboratoire vivant. Les universitaires peuvent y réaliser des projets d’études.

Vous auriez pu choisir de prendre soin de votre fils sans trop vous engager pour la cause. Qu’est-ce qui vous motive à faire autant ?

Les projets que Sophie et moi menons proviennent d’un réel besoin. Nous nous demandions ce que nous allions faire lorsque notre fils aurait 21 ans. Cela n’avait pas de sens qu’il y ait si peu de services, que ce soit si compliqué. En prenant soin de notre fils, nous avons pris soin d’autres jeunes. C’est toujours mieux quand on fait des choses ensemble. C’est important de se parler, d’avoir des ressources. Nous avons le soutien de Quebecor, de St-Hubert, de la Fondation Marcelle et Jean Coutu et du grand public. Sophie vient de sortir un livre de recettes intitulé Manger, c’est bon !, parce que c’est ce que mon fils dit le mieux. Ce sont des recettes de Sophie et de ses amis, notamment Ricardo et Mario Dumont. On va pouvoir manger les boulettes de Mario ! (rires) Il existe également des conseils pour faire découvrir de nouveaux aliments aux personnes autistes. Ce n’est pas un livre pour les personnes autistes, mais il contribue au financement de la Fondation.

Votre popularité devrait-elle servir à mettre en lumière une cause aussi importante que celle-ci ?

Oui et je vous dirais que lorsque nous avons commencé à réaliser des documentaires, Sophie et moi nous sommes beaucoup révélés. Nous avions peur de rendre le monde malade avec nos vies. Nous avons vite réalisé que lorsque les gens nous abordaient, ils ne parlaient jamais de nous ni de notre garçon. Des couples nous ont parlé de leur père qui était dans le déni à propos de leur fils et qui a mieux compris l’autisme grâce à la série. Les gens comprenaient pourquoi le petit bonhomme de l’épicerie ne les regardait pas dans les yeux. Non, il n’est pas paresseux : il est différent ! Cela amène les gens à voir les choses différemment. Personnellement, je vis dans la performance, ce qui n’est pas du tout le cas de mon fils. Nous devons accueillir la différence. C’est ma plus grande leçon de vie.

Charles, votre vie, tant personnelle que professionnelle, témoigne de votre détermination : vous ne lâchez rien avec votre fils, votre petite amie, votre carrière.

Oui. J’aime que ça continue. J’aime l’accumulation, non pas d’objets, mais de projets. J’ai été choyé. J’ai gagné des trophées, j’ai été adopté par le grand public, j’ai été le gendre idéal, le père idéal, le petit ami idéal… mais ce n’est pas le cas ! (rires) Je ne joue plus le rôle d’acteur, mais je regarde tous les projets que je produis. Si je jouais demain matin, je serais certainement meilleur.

Ce regard sage vous rend-il critique envers votre petite amie ?

Non, je parle au réalisateur, pas directement à Sophie… Je ne veux pas mélanger les choses et être à la fois son petit-ami et son patron… Ce n’est pas possible ! Quoi qu’il en soit, Sophie est une merveilleuse actrice. Elle a un style minimaliste, très réel, très incarné.

Vous roulez à 200 kilomètres par heure avec tous vos projets. Envisagez-vous de ralentir un jour ?

Mon partenaire chez Pixcom, Nicola (Merola), et moi faisons tous ces projets ensemble. Nous sommes tous les deux dans la cinquantaine. Dans 10 ans, j’aurai 64 ans. Cela arrive vite… Comment allons-nous faire perdurer cette activité ? Ici, tout le monde est passionné de télévision. Nous commençons à réfléchir à la manière de continuer, de survivre. Le modèle classique a tendance à revenir. Nous devons trouver des solutions pour la télévision. Je pense que toutes les entreprises qui vendent de la télévision au Canada devraient être obligées d’offrir, de facto, des plateformes canadiennes.

Aimeriez-vous vous lancer en politique plus tard ?

Non jamais. Mais j’aimerais être consulté sur l’avenir de la télévision.

À travers toutes vos responsabilités d’entrepreneur et de père de famille, comment parvenez-vous à prendre soin de vous ?

Nous avons rénové une maison de campagne, Sophie et moi. Nous avons décidé de vendre notre condo en Floride après 15 ans. Nous avons décidé d’avoir une maison de campagne pour passer nos vieux jours. Il ne s’agit pas tant de ralentir que de pouvoir télétravailler deux à trois fois par semaine.

Mathis est-il à l’aise dans ce nouveau lieu ?

Oui c’est bon. Il y a beaucoup de pommiers. J’aime beaucoup être à la campagne. Quand j’y suis, j’écoute du nouveau country et je me balade sur mon tracteur… J’adore ça ! Pour mon anniversaire l’année dernière, Sophie m’a offert un tracteur John Deere… Un petit. Je me suis acheté une remorque que je traîne derrière moi et qui me sert à ramasser mes branches. Oui, je suis devenu ce vieil homme ! (des rires)

Est-ce que tu fais faire des tours à Mathis ?

Non, ce n’est pas sécuritaire avec ses 6 pieds 4 pouces et ses 250 livres… C’est un sacré morceau ! (sourire) La vie à la campagne m’apaise beaucoup. J’aime m’occuper de la maison. Je n’ai pas le temps de jouer dans une ligue de sports de garage, mon emploi du temps n’est pas suffisamment stable pour me le permettre. La campagne me tient très occupé. Je suis avec ma copine et mon copain. La vie m’a fait me sentir très à l’aise. Quand je ne suis pas au bureau, je suis souvent à la maison.

Alors, ta vie se passe bien ?

Ma vie se passe bien. Je suis content. Je suis vraiment sur mon X. J’aime ce que je fais. J’aime ma vie avec ma copine et mon garçon. Au fil du temps, je suis devenu homme d’affaires. Je n’aurais jamais pensé que cela m’arriverait…

Aviez-vous un modèle pour cela ?

Mon grand-père avait une station-service à Montréal. A l’origine, elle appartenait à mon arrière-grand-père Albert. Mon père y travaillait. Il devient ensuite vendeur puis lance son activité immobilière. Quand on est indépendant, comme moi, on n’est pas loin d’être entrepreneur…

La grande finale de La voix aura lieu ce dimanche à 19h30, sur TVA. Wash to Win sera diffusé à partir du lundi 8 avril à 20 h, sur TVA. Autiste, le début, jeudi à 19 h, à partir du 13 juin, à TVA. Visitez la page de la Fondation Autiste & Majeur et/ou faites un don à : Fondationautisteetmajeur.com.

 
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