A Pâques, fouetté par les Romains, Jésus parcourt les rues de Mendrisio – rts.ch – .

A Pâques, fouetté par les Romains, Jésus parcourt les rues de Mendrisio – rts.ch – .
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Les 28 et 29 mars, la ville tessinoise de Mendrisio accueille les seules processions catholiques de Pâques en Suisse. Une tradition inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Et un spectacle qui déclenche la polémique à l’heure où porter des visages noirs pour des figurants blancs n’est plus une évidence.

« À mort, à mort ! Impitoyables, les soldats romains le fouettent avec des branches tandis que les enfants portent des clous et des marteaux. Barbu, la trentaine comme il se doit, Jésus traverse péniblement les rues de Mendrisio en portant sa grande croix de bois. Trompettes, tambours et sabots de chevaux font trembler les pavés du Borgo. Oui, ce jeudi 28 mars 2024 à partir de 20h45, Jésus est (aussi) au Tessin : à suivre ou à regarder passer à l’occasion du Funziun di Giüdee, la procession des Juifs, en patois du Mendrisiotto.

Avec ses deux cent cinquante personnages dont une quarantaine de cavaliers, c’est la seule procession pascale catholique sur le territoire suisse. Une tradition qui remonte au moins au XVIIIe siècle. Plus ancien encore et prévu le lendemain, vendredi 29 mars, dans ces mêmes rues et à la même heure, l’Entierro (qui signifie les funérailles, en castillan) rassemblera près de sept cents figurants costumés dont quatre cent cinquante porteurs trasparenti, sortes de grandes lanternes à motifs religieux. Autant le premier cortège est bruyant et théâtral, autant le second est sérieux et recueilli.

Revivez la Passion du Christ

Presque tout le monde à Mendrisio a participé au moins une fois aux processions, du plus jeune au plus âgé, et l’événement attire les foules. C’est la Fondation Mendrisio pour les Processions Historiques qui est responsable de l’organisation, du casting et de la mise en scène de ces deux processions reconstituant la Passion du Christ. Oui, mis en scène, sous la direction d’actrices et d’acteurs, car il s’agit bien d’une forme de théâtre de rue XXL à caractère religieux.

Chaque personnage possède sa propre fiche décrivant son physique, son rôle et sa performance. En 1898, année du centenaire officiel du Funziun di Giüdee, les costumes, armes et autres casques furent commandés à La Scala de Milan. Certains accessoires sont encore utilisés aujourd’hui. Et si le lendemain, la procession porte un nom d’outre-Pyrénées, cela vient peut-être du fait qu’au XVIIe siècle, en pleine Contre-Réforme, des troupes de théâtre espagnoles parcouraient l’Europe catholique pour jouer des pièces de théâtre. passions et réchauffer les ardeurs des chrétiens restés sourds aux appels de Luther et de Calvin.

Une tradition inscrite à l’UNESCO

Dans cette organisation parfaitement huilée et désormais inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, tout devrait (dé)couler selon un rituel immuable. Sauf que les débats de société actuels se sont retrouvés jusqu’à la crucifixion.

Parmi les figurants, il y a en effet I Mori, les Maures, personnages de la cour d’Hérode, le roi de Judée. Mori incarné par des citoyens de Mendrisio dont les visages sont peints en noir chaque année. Le mois dernier, soucieuse d’adapter l’événement à l’évolution de la société, la Fondation a annoncé la fin de ce maquillage pour éviter d’être accusée de prôner le blackface. Ce déguisement des blancs en noirs, dont le recours outre-Atlantique évoque la ségrégation raciale des Afro-Américains et rappelle ici en Europe le temps des colonies et du racisme « y’a du bon Banania ».

Tollé au Tessin

Manqué. Avec sa décision prise sans grande concertation, la Fondation a provoqué un tollé dans tout le Tessin. Elle a finalement décidé… de ne rien décider. Cette année encore, les Mori auront le visage maquillé. Mais promis, une grande consultation à venir après les cortèges devrait permettre de mieux expliquer les motivations de la Fondation, soucieuse de préserver un patrimoine historique tout en ne nuisant pas à la réputation internationale de ces cortèges, désormais bien intégrés dans l’offre touristique de la région transalpine. canton. .

A noter que les processions ont déjà évolué au fil de leur histoire. Auparavant, c’étaient les vrais faux juifs qui avaient été jugés par les autorités comme trop peu chrétiens et pas assez honnêtes pour être autorisés à parcourir les rues de Mendrisio avant la nuit.

Thierry Sartoretti/mh

Processions de Pâques, Mendrisio (TI), 28 et 29 mars 2024.

 
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