«J’espère un effet de surprise»

«J’espère un effet de surprise»
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La neige enveloppe le Vernet. Il ne reste décidément plus grand chose de cette chaude journée du 8 juillet, où vers 17 heures le petit Emile a disparu sans laisser l’ombre de trace dans ce village des Alpes-de-Haute-Provence. Les volets sont soigneusement cadenassés, les jardins et les prairies sont recouverts de blanc, la fonte fait couler le saule pleureur sur le boulodrome. C’est dans cette ambiance froide et feutrée que le Haut-Vernet s’apprête à revivre ses huis clos angoissants. Ce jeudi 28 mars, la justice organise une “transport sur place” au cours de laquelle famille, voisins et villageois – toutes les personnes présentes le jour de la disparition ont été convoquées – devront rejouer leur emploi du temps. Lors de ce scénario, les enquêteurs vont croiser les éléments pour espérer retrouver l’enfant de 2 ans.

Le point de départ n’a pas changé. L’enquête reprend inlassablement devant le même carrefour, entre la maison des grands-parents – où était gardé Emile – et le lavoir – où Emile a disparu. “On va refaire la séquence à partir du moment où ils se sont rendu compte qu’Emile n’était plus là, anticipe l’avocate des grands-parents maternels, Me Isabelle Colombani. Mais ce ne sont pas les mêmes conditions : le climat, la végétation, la lumière ont changé. Nous espérons qu’il y aura quelque chose de nouveau derrière cela. Sinon, ce sera une déception. Car depuis six mois, le village endure l’errance et le silence. L’enquête a d’abord donné lieu à des vols en hélicoptère, à des perquisitions militaires et à des renifleurs de chiens experts. Rien. Le maire a patiemment répondu aux appels des médiums et à leurs balanciers. Rien. Fin août, l’affaire prend une tournure pénale lorsqu’une information judiciaire pour « enlèvement et séquestration » a été ouvert. Toutes les pistes sont explorées : la collision avec un tracteur, l’accident domestique, le kidnapping opportuniste, le drame familial et l’appétit animal. Toujours rien.

De nombreuses opérations de recherches ont été menées cet été dans le Haut-Vernet ©AFP ou concédants

Avec la reconstitution, Me Isabelle Colombani a l’espoir de“un effet de surprise” : « Les enquêteurs ont terminéétude de la téléphonie. La situation sur place nous permettra de voir si cela correspond aux déclarations. elle dit. Dans sa carrière, l’avocate a vu “des dossiers où ça s’est accéléré derrière une reconstitution”, et d’autres “où il s’agissait d’un simple acte de procédure.” Dernier rebondissement dans l’enquête : son client, le grand-père d’Emile, a été impliqué dans une affaire de maltraitance dans une communauté catholique du Pas-de-Calais il y a une trentaine d’années, révélé le canard enchaîné dans son édition du 20 mars. « Je suis serein, dit l’avocat. Le dossier permet de le classer sans aucune difficulté.

“J’ai vraiment l’impression qu’ils sont au niveau 0 de l’enquête” : un commerçant du Vernet a entendu parler du Petit Emile

“Cet enfant n’a pas disparu”

« Gigi » (il voulait seulement donner un surnom) n’est ni sollicité ni enclin à spéculer. Pour le jour de la disparition, cet habitant du Vernet “un bon alibi” : “J’ai de la chance, je n’étais pas là, il balaie. Je n’ai pas d’hypothèse. Je commence même à avoir des doutes quant à savoir si nous finirons par le retrouver. Gigi bricole le long de la route départementale qui longe le village et la montagne. Il voit les gendarmes et les journalistes passer à côté de chaque nouvel élément. La dernière fois, c’était pour des fouilles sous la dalle en béton d’une maison. «Ça commence à enfler. Faut-il faire cette reconstruction qui ne sert à rien ? se demande-t-il. Le Vernet est redevenu calme. Etait bon.” En mars, pour les rares résidents permanents, le village a organisé sa loterie et tenu son conseil municipal : “C’est comme quand tu perds quelqu’un de ta famille, continue Gigi. Au début, c’est difficile, puis ça devient plus facile.

Pour faciliter le quotidien de ses administrés dans la situation, le maire a de nouveau pris un arrêté interdisant l’accès au Haut-Vernet pendant trois jours. Il est également le plus utile pour répondre aux questions. « Comme tout le monde, les habitants veulent savoir ce qui s’est passé, » a déclaré François Balique en bon porte-parole de la communauté. Cet enfant n’a pas disparu. Les résidents locaux, Libérer rencontré, n’a connu qu’Emile et ses grands-parents « de vue ». La famille ne profite de sa résidence secondaire (il y en a 300 au Vernet) que pendant les mois d’été.

Disparition d’Emile : “On sait ce que l’on cherche”

Thierry n’a pas non plus reçu la convocation. Il était présent le jour de la disparition, dans sa résidence secondaire en bas du village. Les gendarmes n’ont frappé à son domicile que quatre mois plus tard, pour noter son nom et son numéro. “C’est normal. Nous devons exploiter tout ce qui est possible. Nous devons trouver ce gamin, » encourage le retraité de 62 ans. Dans le village, il y a eu aussi le crash des Germanwings [en mars 2015, ndlr], il y a eu l’assassinat de la dame qui tient le restaurant. C’est une succession de malheurs.

Au bar-restaurant, habitants et journalistes se retrouvent. Les premiers en ont assez de parler. Les seconds murmurent qu’un témoin est attablé devant son plat du jour. En effet, deux voisins font partie des témoins privilégiés : ils sont les derniers à avoir vu Emile le 8 juillet dans le Haut-Vernet. Ce jeudi, ils témoigneront. A mesure que la neige fond, les averses recommencent à sillonner le paysage, il pleut désormais. Sur la porte en bois de la maison des grands-parents, une pancarte prévient « Neige tombant du toit, danger ».

 
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