Après mes selfies, cacher ces Réunionnais que je ne vois pas

Après mes selfies, cacher ces Réunionnais que je ne vois pas
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” Quoi ? Ne vous avons-nous pas prévenu qu’ils ne voulaient pas vous parler ? », nous dit-on avec une mauvaise foi difficile à dissimuler. Car oui, nous étions trois journalistes à nous rendre au Pas de Bellecombe jeudi dernier pour rencontrer des influenceurs venus pour la cause environnementale et la protection des animaux. La réalité était bien différente. Évidemment, ils savaient très bien que nous ne serions pas montés sur le volcan si nous avions su que ces « talents » n’allaient pas nous parler. Pas même pour un « bonjour ! » »

Comme l’a brillamment souligné mon collègue de la JIR, il s’agissait avant tout d’un coup de communication pour l’entreprise organisatrice et son association partenaire. La « cleanwalk » s’est terminée rapidement après que trois petits sacs poubelles aient été à peine remplis pour justifier leur présence. Car la mission principale était accomplie : prendre des photos pour leurs réseaux sociaux et afficher publiquement leur vertu. La cause n’était qu’un prétexte pour un séjour gratuit sur l’île.

Avaient-ils peur de nos questions ? Étaient-ils stressés à l’idée de se voir demander quel filtre ils utilisaient pour prendre des photos de leur nourriture ? Étaient-ils terrifiés à l’idée qu’on leur demande s’ils utilisaient Photoshop sur leurs photos de maillots de bain ? Car au fond, nous ne connaissions pas la plupart d’entre eux et il est évident que nous n’allions pas chercher la polémique. Une polémique qu’ils nous ont finalement proposée.

M’étant retrouvée impliquée contre mon gré dans la protection animale en accueillant plusieurs chiots abandonnés, je peux remercier tous ces bénévoles (car oui, ce sont principalement des femmes), de m’avoir aidé à trouver une solution positive à ces boules de poils. . J’étais heureux de les prévenir que j’allais écrire un article pour mettre en lumière leur combat qui aurait pu avoir une ampleur différente de celles qu’on a l’habitude de faire, non.

Pas là pour les Réunionnais

Car comme le soulignait mon collègue, en méprisant les médias locaux, ce sont les Réunionnais qui sont méprisés. Ils sont venus pour leur communauté virtuelle et l’île et ses habitants ne sont là que pour le décor. Ce qui se passe ici ne les intéresse pas si ce n’est pas instagrammable. Et derrière le « merci aux Réunionnais pour leur accueil », qui sait ce qui se dit une fois les caméras éteintes.

Mais il ne faut pas blâmer uniquement les influenceurs. Il existe encore de nombreuses personnalités qui viennent sur l’île sans se soucier des habitants et de leurs problèmes une fois les photos prises. Le premier exemple qui vient à l’esprit de tous les journalistes de l’île est la visite de la Première ministre Elisabeth Borne l’année dernière.

Si la visite d’un Premier ministre en exercice à La Réunion est aussi rare que le nombre de cheveux sur ma tête, nul doute que cette visite officielle a été l’occasion de demander des réponses sur les problèmes auxquels sont confrontés les Réunionnais (coût de la vie, chômage, logement, etc.). Malheureusement, nous n’avons finalement pas participé à cette visite.

En effet, entre les séquences où seuls les médias nationaux étaient accrédités et l’annulation des micros, nous étions juste là pour en faire la promotion, sans pouvoir faire notre travail comme nos confrères en France. Quelle joie de découvrir ensuite que la Première ministre avait été très bavarde tout au long de la visite ministérielle au micro du Quotidien de Yann Barthès lors de son passage, où elle s’est ouverte sur tous les sujets qui ne concernaient pas La Réunion. Bref, ce déplacement n’a servi qu’à être vu par l’électorat français, mais pas par les Réunionnais.

Jetez votre… mépris

2023 a aussi été une année faste pour ces personnalités qui se permettent une attitude méprisante à La Réunion. Même s’ils n’en diront évidemment rien, les organisateurs du Sakifo doivent avoir un certain goût amer en pensant à la dernière édition. Alors qu’ils ont réussi à faire venir Angèle, l’une des plus grandes stars musicales de toute la francophonie, la joie s’est vite transformée en soupe de grimaces.

Après les conditions imposées par l’artiste à venir, le coup de couteau dans le dos a été d’autant plus brutal que son équipe a annoncé à la production Sakifo et aux médias qu’ils ne pouvaient pas faire d’images de son concert. Ceci quelques minutes seulement avant de monter sur scène et, évidemment, pas avant lorsqu’il a fallu négocier les conditions du voyage. Entre nos confrères de Réunion Première qui ont dû diffuser l’événement et le festival qui a perdu son film de l’événement, les pertes économiques ont été énormes et le travail de dizaines de personnes s’est effondré sur un coup de tête. Nul doute que les Américains n’ont pas eu le même problème lors de sa prestation au festival de Coachella quelques mois plus tôt.

Car ce que ces « personnalités » doivent comprendre, c’est que cette attitude n’a pas la même résonance à La Réunion, et plus généralement outre-mer, qu’en France. Après le passé colonial, les territoires d’outre-mer ont longtemps souffert d’être considérés comme des « français de seconde zone ». Si les choses évoluent favorablement dans ce sens, ce type de comportement ramène ce sentiment de mépris que l’on pensait devoir disparaître. Surtout quand ces mêmes personnes ne se comportent pas de la même manière ailleurs et ne se privent pas de jouer les modèles de vertu sur les plateaux télé parisiens. Pour éviter de renvoyer cette image, c’est néanmoins relativement simple et cela commence souvent par un simple « Bonjour ! »

 
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