Près de 48 heures après l’attaque, l’identité des assaillants de la mairie de Crocus est toujours au cœur des interrogations. Le président tadjik Emomali Rakhmon a déclaré dimanche à son homologue russe Vladimir Poutine que les “terroristes” impliqués dans l’attaque d’une salle de concert de Moscou vendredi soir “n’avaient aucune nationalité”, tandis que les médias russes affirment que les auteurs de la fusillade étaient originaires du Tadjikistan. un pays allié à la Russie. Une agression revendiquée par l’organisation jihadiste État islamique (EI).
Lors d’un échange téléphonique, Emomali Rakhmon “a fermement condamné l’attaque cruelle et sanglante contre l’hôtel de ville de Crocus, soulignant que les terroristes n’ont ni nationalité, ni patrie, ni religion”, a indiqué le service de presse de la présidence tadjike.
La Russie cible les « citoyens étrangers »
Des individus ont ouvert le feu et incendié cette salle de concert, dans la banlieue de Moscou, vendredi soir, tuant au moins 133 personnes, soit l’attentat le plus meurtrier ayant frappé la Russie depuis le début des années 2000. Le gouvernement russe a annoncé samedi l’arrestation de 11 personnes, dont “quatre terroristes”, qualifiées de “citoyens étrangers”, impliquées dans l’attentat.
VIDÉO. Attentat de Moscou : 11 personnes arrêtées, dont quatre agresseurs présumés
Selon les médias russes et le député Alexandre Khinstein, certains des suspects seraient originaires du Tadjikistan, une ancienne république soviétique d’Asie centrale à majorité musulmane voisine de l’Afghanistan et où l’EI est actif. La chaîne Telegram Mash, réputée proche des forces de l’ordre russes, avait notamment diffusé des vidéos montrant des suspects interceptés et violemment interrogés, affirmant que l’un d’eux était “originaire du Tadjikistan” et qu’un autre ne parlait “qu’en tadjik”.
Des versions démenties samedi par les autorités du pays, affirmant n’avoir “pas reçu de confirmation des autorités russes” à ce sujet et critiquant de “fausses informations”. Le ministère tadjik de l’Intérieur a également assuré que trois ressortissants tadjiks soupçonnés d’être impliqués dans l’attaque et dont les photos avaient circulé en ligne n’étaient « pas coupables », n’étant pas présents sur place le soir de l’attaque.
Depuis son indépendance de l’Union soviétique en 1991, le pays est confronté à une multitude de mouvements armés islamistes. Ces dernières années, les citoyens du pays ont été accusés d’être liés à des attaques jihadistes, notamment en Iran.
« Solidarité avec le peuple russe »
“En ce moment de deuil national en Russie, le chef de l’Etat tadjik a souligné la solidarité de tous les citoyens tadjiks avec le peuple russe”, a également fait valoir ce dimanche le service de presse de la présidence tadjike. De son côté, le Kremlin a annoncé à l’issue de cet entretien téléphonique que la coopération « étroite » entre la Russie et le Tadjikistan dans le domaine de la lutte contre le terrorisme allait « s’intensifier ».
Ni Vladimir Poutine ni les services de sécurité russes (FSB) n’ont toutefois évoqué la revendication de la responsabilité de l’EI dans cette attaque, alors que le groupe jihadiste a notamment diffusé une vidéo de l’attaque, apparemment filmée par les assaillants. Le gouvernement russe n’a pas non plus évoqué les menaces jihadistes qui pèsent sur la Russie depuis des décennies, ni le fait que Moscou combat l’EI en Syrie.
Les autorités avancent en revanche une piste ukrainienne, affirmant que les assaillants tentaient de se rendre en Ukraine où ils avaient des contacts. Mais ni le Kremlin ni les enquêteurs n’ont apporté de précisions sur la nature de ces liens ni la preuve de leur existence. Ces accusations ont été rejetées par Kiev, qui estime que Vladimir Poutine cherche à exploiter cette tragédie pour incriminer l’Ukraine.
