plutôt BFM que CNews, la gifle pour Vivendi

plutôt BFM que CNews, la gifle pour Vivendi
plutôt BFM que CNews, la gifle pour Vivendi

Cela fait plus d’un mois que la presse annonçait le remplacement de l’actuelle directrice de Fayard par Lise Boëll, qui a quitté Editis. Créé par Nicolas Sarkozy, Isabelle Saporta a pris ses fonctions en juin 2022 dans des conditions houleuses : Sophie de Closets avait été écartée manu militari de la filiale du groupe Hachette tandis que la journaliste donnait toutes les garanties nécessaires à l’ancien président de la République.

Au point de publier le dernier livre, avec l’impact commercial que l’on connaît désormais. Alors, réglé et pour de bon ? Hélas, rien ne dure, pas plus dans l’édition qu’ailleurs.

Il était une fois, deux fois…

Au début de Février, Le canard enchaîné a renversé le morceau : désormais propriété de Vivendi, le contrôle d’Hachette Livre était totalement hors de portée Nicolas Sarkozy. Et d’évoquer un séminaire en décembre 2023 où l’on avait été contraint d’écouter le discours d’Olivier Nora – apparemment sa bête noire – sans intervenir, alors que le patron de Fayard n’avait même pas eu de temps de parole.

Certains ont conclu que le protégé de Nicolas était tombé en disgrâce… oubliant de considérer que si le pouvoir dudit Nicolas venait à s’effilocher, l’ex-cardinal de Mazarine perdrait ipso facto son principal soutien. Menacé, peut-être, mais surtout solitaire ?

S’ensuit une de ces fictions qu’on aime raconter dans une industrie qui vit de la vente d’histoires : Lise Boell délogerait une Isabelle Saporta fragilisée. La réalité diverge légèrement : personne n’aurait promis le poste de PDG de Fayard à l’éditeur. Car il fallait encore obtenir la validation de Bruxelles autorisant Lise Boëll à rejoindre Hachette Livre (l’enjeu était crucial) : que promettre quand l’avenir est ainsi conditionné aux décisions de la Commission européenne ?

En effet, pour respecter les règles de concurrence, il était interdit à Vivendi de recruter des salariés d’Editis pour les intégrer chez Hachette, dont il deviendrait propriétaire – un engagement impératif pris auprès de la Commission européenne, condition sine qua non de l’OPA et précisément le cas de Lise Boëll.

Fogiel séduit Baba

Au fil des semaines, la presse nationale s’est déchaînée et a attribué la direction de Fayard à Lise Boëll, posant Isabelle Saporta comme une victime du système bolloréen et oubliant comment elle avait obtenu ce poste en scalpant. l’enfant chéri du groupe H. 22 février, fin de récréation : ce sera à Mazarine que l’éditeur officiera et l’étiquette éditoriale sera détachée de Fayard.

L’occasion est trop belle : Lise Boëll, dont les médias ont pu largement rappeler le cas de la Maison Plon, est entrée dans le giron, crions au loup. Le manichéisme simpliste affiché dans la presse de l’époque ne demande qu’à poser ses valises : dès que la nomination a été officialisée, la petite musique est revenue, ajoutant un morceau au juke-box. sur l’idéologie que transmettrait le nouvel arrivant dans la maison.

ENQUÊTE —Harcèlement, expulsions et représailles : que se passe-t-il réellement à Plon

Un mouvement qui amène l’actuel directeur de Fayard à se démarquer, avec une image relevée dans une enquête Libération : « Pour marquer sa différence, Saporta explique partout « faire BFM », gage de pluralisme, quand Boëll « ferait CNews ».», rapportent nos confrères. La référence à la chaîne d’information du milliardaire Patrick Drahi, symbolisant l’éclectisme, l’oppose donc à celle du groupe Vivendi, qui porterait un ligne dure à droite ?

La dichotomie est facile à comprendre pour l’intelligentsia parisienne et récurrente dans le discours anti-Bolloré : comprendre, non pas ad hominem, mais critiquer les idées véhiculées dans ses structures.

France Inter cité à ce sujet cadres supérieurs de Hachette Livre (restant anonyme), exaspéré à l’idée que Boëll prenne la tête de Fayard : « Bolloré n’a plus qu’à créer sa propre maison. Je ne sais pas, « Le bruit des bottes » ou « Le nid d’aigle ». » Des références qui rappellent le point Godwin : faut-il craindre la nazification de l’industrie du livre française ?

Mieux que bien tirer :l’arc

Nous nous souviendrons qu’en son temps, Olivier Nora, patron de Grasset, avait également soutenu les journalistes du JDD contre l’empire Vivendi. Avec une nuance : le milliardaire breton n’avait pas encore englouti Hachette Livre.

Dans la profession, la comparaison n’est pas passée inaperçue : « Après une arrivée chaotique, on a l’impression d’être dans un processus de blanchiment», observe-t-on dans l’industrie.« Les excellents résultats de 2023 – Pagny, Prince Harry, etc. – sont les restes des contrats de Sophie de Closets. Qu’en sera-t-il en 2024, quel en sera le véritable bilan ? Est-elle simplement en train de créer une voie de sortie royale, avec une attaque à peine voilée ?»

Ce n’est pas toujours bon d’avoir un travail élevé», conclut La Fontaine dans la fableLes deux mules. Chemin faisant, on se vante : on lui a confié argent gabelle, quand l’autre, misérable, n’est chargé que d’avoine. Pouvons-nous deviner lequel s’est fait voler l’impôt royal par des bandits ?

Devinera-t-on qui, en colère d’avoir été maltraité,claqueraitla porte ?

Crédits photos : Tombeau de Balzac, cimetière du Père-Lachaise – ActuaLitté, CC BY SA 2.0

 
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