Après avoir frôlé la catastrophe, il bat le record du monde de plongée dans ce gouffre unique

Après avoir frôlé la catastrophe, il bat le record du monde de plongée dans ce gouffre unique
Après avoir frôlé la catastrophe, il bat le record du monde de plongée dans ce gouffre unique

Par Émilien Vicens
Publié le 9 24 janvier à 17h20
mis à jour le 9 janvier 24 à 17h36

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C’était sa dernière plongée extrême sur le site de Police Estramar, cette exsurgence unique située à Salses-le-Château, au nord de Perpignan, dans les Pyrénées-Orientales. Ce samedi 6 janvier, Xavier Ménisque a battu un nouveau record du monde de plongée souterraine avec une exploration à -312 mètres.

Pour son jubilé à de telles profondeurs, le plongeur professionnel a puisé dans « ses derniers retranchements », a-t-il confié à Actualités Perpignan. Lors de son ascension, ce dernier a même frôlé la catastrophe, subissant un accident de décompression. Il dit.

Xavier Ménisque récupère son record à Font-Estramar

Détenteur déjà du record du monde de plongée souterraine en cavité, depuis 2019, sur ce même site de Font Estramar, avec -286 mètres, Xavier Méniscus a été détrôné en novembre dernier par son collègue Frédéric Swierczynski, en descendant à -308 mètres. Mais Drômois Ménisque n’a attendu que deux mois pour redevenir la référence mondiale.

En réalité, ce dernier préparait depuis longtemps ce plongeon final. « Cela fait quatre ans que j’y pense. Dès la fin de la plongée en 2019, j’ai eu envie de faire les 300 mètres. C’était un rêve, un objectif depuis toujours”, dit-il.

L’exsurgence de Font Estramar, à Salses-le-Château, dans les Pyrénées-Orientales. (©Émilien Vicens/Actu Perpignan)

18 minutes de descente, 11h30 de montée

Ralenti par le Covid-19 et un incendie de maison ayant ravagé son matériel, Xavier Méniscus a cédé sa place à Frédéric Swierczynski, avant de tenter sa chance le week-end dernier. « Lorsqu’il a amélioré le record à -308 mètres, il a placé la barre très très haute. Je comptais faire juste quelques mètres supplémentaires», explique Méniscus qui détaille le parcours :

Jusqu’à la profondeur de -312 mètres, il fallait principalement parcourir une galerie plutôt horizontale, longue d’une vingtaine de mètres. J’arrive au bord d’un nouveau puits qui descend certainement encore plus profondément.

Xavier MénisqueDétenteur du record du monde de plongée souterraine

Entouré d’une dizaine de spécialistes, le plongeur 55 ans atteint son objectif, en un peu moins de douze heures, 11h45 pour être précis. « Il m’a fallu 18 minutes pour atteindre la profondeur de -312 mètres, puis plus de onze heures pour remonter à la surface, avec les différents paliers de décompression », explique-t-il.

Voici les images des derniers mètres, jamais explorés jusqu’à présent :

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Un accident de décompression

Xavier Ménisque l’explique également. Ce nouveau record du monde aurait pu mal tourner. Lors de sa remontée, vers -70 mètres, le plongeur a subi un accident de décompression de l’oreille interne, débouchant sur un « très long moment de solitude qui a duré 1 heure 15 minutes ».

« J’ai perdu l’équilibre. J’ai perdu le sens de l’orientation. Tout a tourné à une vitesse folle. Cela a été suivi de nombreux vomissements», explique celui qui doit sans doute sa vie à son expérience et à sa gestion de la situation :

Il ne faut surtout pas paniquer. Ce sont des choses qui sont connues, d’autres plongeurs ont signalé ce type d’accident. J’ai essayé de mettre en application toute l’expérience acquise au cours de mes années professionnelles et sportives. Je savais ce qui allait m’arriver, c’est venu progressivement. Je me suis préparé à chaque symptôme.

Xavier MénisqueDétenteur du record du monde de plongée souterraine

“J’aurais pu mourir”

Désorienté, et seul au moment de cet accident, Xavier Ménisque raconte : « On se demande ce qu’on fait ici. Mais j’ai su prendre les bonnes décisions, garder ma lucidité et ma concentration. Quelques jours plus tard, il savait pourtant qu’il avait frôlé la catastrophe. A la question « aviez-vous peur de mourir ? », répond-il spontanément : « Oui ».

«Je savais jusqu’où cela pouvait aller. j’étais au courant. D’autres plongeurs sont morts dans ce type d’incident. Parmi les plongeurs qui ont franchi la barre des 300 mètres, plus de la moitié ne sont pas revenus. On arrive à des profondeurs expérimentales», résume celui qui plonge depuis plus de trente ans.

Pour rappel, plusieurs plongeurs ont perdu la vie sur le site de Font Estramar ces dix dernières années. Les Gruissanais Jean-Luc Armengaud, retrouvé mort dans le bassin en 2012, tout comme deux autres plongeurs en 2016 et 2017.

L’année suivante, l’aventurier belge de l’extrême Marc Sluszny disparu à Font Estramar. Dix jours plus tard, lors de la recherche du corps, un plongeur spéléo est également décédé. Les deux corps ont été retrouvés plusieurs mois plus tard. Puis, en juillet 2023, un homme de 63 ans est décédé à seulement trente mètres de profondeur.

Avancées scientifiques

De retour à Valence, Xavier Méniscus profite désormais des avancées scientifiques permises par sa sixième exploration à Font Estramar. « Nous avons pu retracer le trajet de la Source et effectuer des mesures de la qualité de l’eau. Nous savons que Font Estramar est une Source saumâtre, polluée par le sel. Mais ce n’est pas énorme », explique Ménisque.

«Nous sommes seulement 3 grammes de sel par litre, quelle que soit la profondeur. Il n’existe qu’une seule galerie qui est plus chaude, à 21°C contre 18°C, et dont la teneur en sel s’élève à 4g/l. A titre de comparaison, la Méditerranée est à 39g/l. C’est pourquoi nous plongeons à Font Estramar. Nous voulons comprendre», poursuit-il.

“En période de sécheresse, comme actuellement, nous travaillons aussi beaucoup avec les syndicats de l’eau pour connaître et étudier ces réseaux karstiques, afin de les préserver.”


«Je ne continuerai plus à explorer Font Estramar»

Pour Xavier Ménisque, en revanche, l’heure est à la révérence : « J’ai promis à mes proches que ce serait ma dernière plongée si profond. J’ai réalisé mon rêve. Je ne continuerai plus à explorer Font Estramar et d’autres cavités qui vont à de telles profondeurs. Mais je continuerai à travailler sur d’autres sites »

Dix ans après sa première plongée à Salses-le-Château, à 192m, Xavier Méniscus aura voyagé les entrailles de la Terre, à une profondeur sans précédent de -312 mètres. « Il est temps pour moi de passer le relais », conclut Ménisque.

Une chose est sûre : Font Estramar, la cavité la plus profonde du monde par rapport au niveau de la mer, est loin d’avoir livré tous ses secrets.

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