Figure marquante du Rugby narbonnais dans les années 2000, entraîneur des Corbières Il avait 43 ans.
La dernière fois que nous avons rencontré Cédric Rosalen, c’était à Ouveillan. Son village. Un samedi matin d’automne, sur le parvis de la cave coopérative, lors de la course « Courir pour un Look » qu’il n’a manqué sous aucun prétexte, et qu’il avait cette fois complétée aux côtés de sa sœur et d’une amie. Il termine à une cinquième place anecdotique du srcatch, mais sur la première marche du relais mixte. D’abord, comme souvent, Cédric. Mais à Ouveillan, « sa terre », l’essentiel était ailleurs, bien sûr.
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« Rose » était pointue comme une flèche. Depuis la fin de sa carrière de rugbyman, il est devenu un coureur émérite et expérimenté, amoureux du trail et de la montagne, amoureux de l’Ariège. Il rêvait de devenir garde forestier. Là-haut, il n’a jamais cessé de repousser ses limites. Il nous a dit: « Toute ma carrière, j’ai eu la pression des résultats. Si je fais cette activité c’est avant tout pour m’amuser sachant que mon coin de prédilection est la montagne. C’est dans cet élément, très exigeant, que je me sens le plus à l’aise. Tant que le corps me le permet, je m’épanouis. C’est une façon de soulager la pression du quotidien, de la société, car nous vivons dans une compagnie péniche.
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Lors de la cérémonie des Trophées de l’Aude Amateur Rugby, en octobre 2023, où il a (encore) remporté un trophée (celui du meilleur staff), on a appris que son objectif était de faire, en courant bien sûr, la boucle Narbonne-Perpignan-Carcassonne-Montauban. , les clubs dans lesquels «J’ai eu le plaisir de jouer». Il avait prévu de s’arrêter dans la ville rose, Toulouse, pour embrasser sa fille. Nous lui avons alors murmuré que ce serait une bonne idée de reportage mais que nous le suivrions en voiture, sinon nous le perdrions en quittant Narbonne. Il a ri, comme toujours.
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Thomas Clavières : “J’ai perdu mon petit frère”
Son sourire, sa joie de vivre, laisse un vide immense. Cédric était le symbole de l’humilité et de la gentillesse. Nous pensons à Thomas. Thomas Clavières, son ami, son voisin, son confident, son acolyte, son partenaire. Son frère de cœur : “Avec Thomasexpliquait Rosalen dans nos colonnes, le 16 juin 2023, Ce n’est pas une amitié comme les autres. Thomas, c’est la famille. Nous nous connaissons depuis qu’il entraînait l’équipe junior de Narbonne avec laquelle nous étions champions de France. Avant, on a aussi vécu une aventure, je suis le parrain de son fils… ». Par SMS, ce mardi, Thomas Clavières a simplement écrit : “J’ai perdu mon petit frère.”
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Dimanche dernier, son équipe des Corbières XV recevait Revel en championnat de Régionale 1. Absent, il n’était pas aux côtés de Thomas. « Rose » s’est voulu rassurante sur son état de santé. Il avait confié à des amis qu’il avait “six litres d’eau dans les poumons et il ne pouvait pas très bien respirer, qu’on lui avait trouvé une place, mais qu’il devait aller mieux rapidement”. Il pensait honnêtement qu’il repoussait une fois de plus ses limites. Malheureusement, son état s’est brutalement dégradé et il est finalement décédé, dans la nuit de lundi à mardi, à l’âge de 43 ans, d’une embolie pulmonaire, alors qu’il devait être opéré ce mardi à Béziers.
Je viens de vivre une saison idyllique, incroyable même
Le monde du rugby, son club, Corbières XV, le Racing, tous ses amis de l’athlétisme, notamment, sont sous le choc. Cédric Rosalen n’a laissé personne indifférent. Il était la gentillesse incarnée. Formé à l’école de rugby du GAOB avant de rejoindre les cadets du RC Narbonne en 1999, où il fut champion de France, il porte le maillot national chez les moins de 21 ans, puis en 2006 avec l’équipe nationale « France A » réserve. Au cours d’une carrière professionnelle particulièrement riche, il fut un joueur emblématique du RC Narbonne jusqu’en 2007, où il joua beau temps, mauvais temps, avant de rejoindre l’USAP pour une saison (2007-2008), l’US Montauban (2008 à 2010), puis une dernière année à US Carcassonne (2010-2011). A Narbonne, en 2006, il réalise une performance historique en établissant un record de points marqués en Top 14 lors d’un match disputé contre Montauban (32). Valérie Huck, ancienne journaliste de L’indépendantet qui a suivi la MRC, raconte son «Pèque. Un enfant, attentif, parmi les « stars » de l’époque… Puis, il a longtemps tenu l’équipe en haleine dans les moments délicats. Ses qualités de buteur, sa longueur de pied, ses drops et sa position, ont fait de lui un patron au Racing. Là, il était en confiance. Toujours disponible, sympathique avec la presse, le garçon était vraiment adorable. Éternel souriant. Nous avons parlé de champignons, de montagnes, de pêche. .. »
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Montée avec Gruissan, titres avec Corbières XV
Depuis 2013, Cédric Rosalen est devenu éducateur, et plus précisément entraîneur du XV de Gruissan et des Corbières. Avec Gruissan, il aura propulsé le club en Fédérale 1. Avec Corbières, en Régionale 2, enfin. Un exploit majeur : « Je viens de vivre une saison idyllique, incroyable même », a-t-il commenté. D’autant que lors de cette saison, en tant que consultant aux coups de pied chez Valence-Romans, il venait de décrocher une montée en Pro D2. Remarquable. À la hauteur du talent du joueur qu’il était. De l’homme qu’il est.
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En décembre, Cédric Rosalen venait de traverser les Pyrénées via la Haute Route Pyrénéenne, avec deux amis, et en toute autonomie. C’est son dernier exploit. Car « Rose » a surpris tout le monde en tombant subitement du haut où il se trouvait.