La Maison des Moules. Situé avenue Jean Materne, à Jambes, l’établissement porte un nom qui fait clairement référence au monde marin. Si Laurent Lemineur, son gérant, aime les servir, il se passerait de jouer aux pêcheurs de moules dans sa cave. Cependant, depuis un an et demi, il est devenu de plus en plus courant que les hommes soient obligés d’enfiler leurs bottes pour y accéder. Une pancarte affichée sur la porte d’entrée de l’établissement depuis plusieurs jours donne le ton. « Chers clients, nous sommes toujours fermés suite à un dégât des eaux (la 5ème fois) !!! »
En quittant la vallée du Samson où son précédent établissement avait été inondé jusqu’au toit en juillet 2021, Laurent Lemineur pensait avoir laissé ce type de mésaventure derrière lui. Loin de là. « Nous avons ouvert à Jambes en septembre 2021 et nous avons connu notre première catastrophe en juin 2022 », retrace le locataire des lieux. Il s’agissait alors d’infiltrations au niveau de la toiture. Quelques mois plus tard, une conduite d’eau à l’étage supérieur du bâtiment éclate. Les plafonds moulurés du restaurant portent encore ses marques.
Un tuyau trop petit
Depuis septembre, le problème se situe dans les caves. Celles-ci ont été inondées à pas moins de trois reprises. “Au départ, les compagnies d’assurance nous ont dit qu’elles n’interviendraient pas, car elles considéraient qu’il s’agissait d’un refoulement d’égouts… Mais cela ne tient pas, car dans de telles circonstances, il n’y a pas qu’une seule maison concernée.” Lors des investigations qui ont suivi les autres catastrophes, une toute autre explication a été trouvée. « Le problème vient de la maison d’à côté qui appartient au même propriétaire que notre restaurant. Un tuyau capte toute l’eau des toits, ainsi que les évacuations des appartements. La section doit être trop petite, ça déborde… », souffle Laurent Lemineur. Et elle déborde à tel point que l’eau finit par traverser la paroi de la cave et la remplir jusqu’à 35 centimètres de hauteur. « Conduire ne fonctionne pas pour moiinsiste Laurent. Je n’ai rien à voir avec ça.”
L’assurance est toujours en attente. Aucune solution n’a été trouvée avec le propriétaire des lieux. « Et cela deviendra de plus en plus difficile à justifier. J’ai subi une inondation le 27 novembre. Et le 2 janvier, alors que l’expert n’était pas encore venu pour ce précédent sinistre, nous avions encore tout perdu… J’ai appelé un huissier pour voir.
Plus de 100 000 € de dégâts
Le préjudice atteint désormais la coquette somme de 115 000 €. « J’ai dû refaire tous les coffrets électriques, les chambres froides et les chambres de congélation ont été refaites trois fois… et puis, il y a toute la marchandise.
Continuer dans ces conditions n’est plus possible pour l’opérateur. L’Afsca ne le permettrait en aucun cas avec ces équipements contaminés par l’eau. De nouveaux investissements seraient nécessaires pour relancer l’activité. Mais en vaudraient-ils la peine alors que le problème sous-jacent n’est toujours pas résolu ? Poser la question, c’est y répondre. Laurent Lemineur réfléchit sérieusement à cette décision. Toutefois, pour redresser la situation, une intervention des assurances serait bénéfique. La lueur d’espoir viendra peut-être d’une réunion prévue mardi, en présence d’experts des différents partis, pour discuter de tous les dossiers. Même si cette rencontre s’annonce aussi fermée qu’une coquille de moule récalcitrante, elle contient peut-être une fin heureuse.