Le constat est pratiquement le même du côté de Namur. La province avec le moins de fermetures est le Luxembourg avec seulement 12% de cafés en moins sur la même période.
Un nouveau modèle fait ses preuves
Dans la province du Hainaut, où les cafés de village semblent particulièrement touchés par la crise, certains irréductibles s’adaptent et parviennent à inverser la tendance. Loin du cliché du café de village historique, le modèle du bistrot Le Cercle à Villers-Perwin a fait ses preuves.
1 café wallon sur 5 a fermé depuis 2013 : « Le pire est à venir » prévient la Fédération wallonne HoReCa (infographie)
Le bistro répond aux besoins des locaux et offre un lieu de rencontre moderne mais toujours authentique. « Les gens commençaient à se déplacer en ville pour trouver des lieux de rencontre qui leur convenaient. L’idée était de les ramener au cœur du village et de profiter du tissu communautaire qui existait déjà ici.
Cette commune de moins de 10 000 habitants compte plus de 80 associations différentes sur son territoire. De quoi nourrir l’engagement citoyen et le sentiment d’appartenance sur lesquels veut surfer le café Le Cercle. On le sent en entrant dans les lieux, le bistro existe pour ses clients et ils le rendent bien.
A l’entrée, une boîte à idées permet à tous les passants de proposer des projets ou des idées. Au mur, de nombreuses photos au format Polaroid montrant des gens souriants, jeunes et moins jeunes. Mathieu est fier de nous présenter les personnes qui ont donné bénévolement de leur temps ou de leur énergie pour aider le bistro de quelque manière que ce soit.
Géré comme organisation à but non lucratif depuis 2019, le Cercle revendique une mission sociale et locale, plus que lucrative. « C’est difficile d’expliquer qu’un café puisse viser d’autres objectifs que le profit et pourtant c’est ce que nous faisons ici », explique Mathieu. Soirées jeux de société, concerts, brocantes, vide-robes, animations ponctuent l’année pour permettre aux habitants de se rassembler autour d’un véritable projet de village. Le conseil d’administration de l’organisme à but non lucratif est composé de 6 jeunes de la commune, dont Mathieu qui assure la gestion quotidienne. Ensemble, ils déterminent les grandes lignes du projet et les orientations de l’établissement.
Temps pour le changement
Pour répondre à leur public, Mathieu et le conseil d’administration ont procédé à des changements majeurs au sein de l’établissement, à commencer par une refonte complète du menu. « On veut vraiment désindustrialiser les réfrigérateurs » explique le gérant. Fini les bières vendues à l’international, le bistro du Cercle propose uniquement des bières produites de manière durable. « Nous valorisons particulièrement les histoires de brasseurs locaux qui nous proposent des produits qui ont du sens. »
La gamme de produits sans alcool s’est également considérablement élargie. « Le bistro n’est plus le lieu où l’on consomme automatiquement de l’alcool de manière excessive. Mocktails, tisanes, limonades artisanales, chacun y trouve son bonheur », dit Mathieu. En conséquence, le public s’est également élargi. « On voit désormais des familles venir passer un bon moment au café. Les enfants apportent leurs jouets et tout le monde échange dans un joyeux bazar ».
Ce qui a permis de diversifier le public, c’est aussi la modification des horaires. En ouvrant notamment le week-end, le Cercle s’adresse à tous ceux qui souhaitent se retrouver pour partager des moments de convivialité après une semaine de travail. Loin de l’image un peu morose du café de village presque vide qui sent la bière, l’ambiance au Cercle est bienveillante, conviviale et intergénérationnelle.
Une autre idée, soutenue par les résidents, a émergé récemment : rassembler la communauté autour d’une cause commune. Un four à pain traditionnel a été installé au fond du café pour permettre aux résidents de venir cuire leur pain, leurs pizzas, leurs biscuits ou leurs plats mijotés tout en créant du lien. Une occasion de plus de créer du lien à Bons Villers.
En revanche, les retours sont très positifs. Les clients se multiplient, “il n’y a pas une semaine sans découvrir un nouveau visage”. Malgré tous les indicateurs de croissance, l’établissement était au bord de la faillite il y a quelques mois. “Trouver l’équilibre reste compliqué”. Mathieu était indépendant jusqu’à présent mais l’ASBL pourra bientôt lui verser un salaire. « Nous sommes convaincus que les petits restaurants sont la solution, nous comptons dessus pour stabiliser nos comptes »» conclut Mathieu, convaincu que la trajectoire de son bistro est la bonne.
