En petits groupes, les jeunes élèves recherchent la bonne posture, celle, dit leur professeur Nicolas Wittner, où « le diaphragme est en place ». C’est d’abord une question de position des épaules, de détente. Les maîtres sont d’accord. Ce n’est qu’alors que les yeux s’ouvrent à nouveau, conscients d’avoir retrouvé une respiration profonde. Dans une classe voisine s’exercent les plus jeunes : ils sont entrés en CE2 en septembre et ont été sélectionnés pour la qualité de leur voix mais surtout pour leur motivation et leur engagement. Tout un programme, tant de maîtrise, créé à l’Institution Sainte-Philomène en 2007, revendique dès le plus jeune âge, le parcours qui permettra à ses choristes d’exceller dans les répertoires classique, baroque ou contemporain. Soutenue par la ville de Haguenau à laquelle elle est liée par une convention, la formation se déroule sur quatre ans avec une moyenne de 6,5 heures d’enseignement par semaine.
Maîtrise jouée à la Cathédrale Saint-Albans et bientôt à Prague
Zora, 11 ans et demi, joue de l’alto. Elle intègre l’ensemble en CM1. « Depuis, ma voix s’est élargie, il y a plus de son », reconnaît-elle. ” LE Te Deum de Bernard Lienhardt, la pièce que nous répétons (et qui sera présentée lors de la remise des prix le 15 novembre à l’Académie de Paris), c’est vraiment sympa. Il y a des frictions et quand toute la chorale chante ensemble, c’est vraiment si beau », dit-elle, les yeux vibrants et la voix émue. Et même si la playlist dans sa voiture est très teintée de rap, cette future dentiste enchaîne les concerts et les tournées avec ferveur. Belgique, Mont Saint-Michel… Pour Nicolas Wittner, l’un des moments forts restera sans doute le voyage en Angleterre, « dans le berceau des écoles de master », rappelle-t-il. Cerise sur le dessus , les jeunes se sont produits dans la ville voisine de Londres, à la cathédrale Saint Albans, à la place du chœur principal, à Oxford et à Cambridge, dans la superbe chapelle du Kings College. Cette année, Prague est au programme, et peut-être bien plus encore.
L’Académie des Beaux-Arts et la Fondation Bettencourt Schueller – qui soutiennent chaque année les métiers d’art et le chant choral à travers ce prix Liliane-Bettencourt – ont retenu en tête de leur liste la maîtrise de l’Institution Sainte-Philomène. Un véritable coup de pouce, dans la mesure où le lauréat se voit attribuer une contribution immédiate de 50 000 euros, mais aussi un soutien substantiel sur trois ans qui peut augmenter l’enveloppe jusqu’à 100 000 euros supplémentaires. De quoi faire un pas en avant, selon le directeur artistique Nicolas Wittner, en termes de moyens et de communication. Il souhaite désormais donner une visibilité nationale à son ensemble et, il imagine, le sourire aux lèvres, se produire un jour à Chambord ! « Ce label nous permettra aussi d’avoir cette reconnaissance qui pourrait nous ouvrir les portes, pourquoi pas, à une collaboration avec l’Orchestre Symphonique de Strasbourg, et nous placer dans les grands festivals d’arts sacrés », affirme-t-il. . Sans aucun doute, ce tremplin propulsera les jeunes maîtres dans le monde des adultes.
Un jury de renom a sélectionné les jeunes Haguenoviens
Ils recevront leur prix le 15 novembre sous la coupole et sous l’œil immortel, et certes un peu admiratif, des académiciens sous la présidence de Laurent Petit et des membres du jury (au sein duquel la chef d’orchestre Laurence Équilbey, les compositeurs Régis Campo et Laurent Escaich ou encore Henri Chalet, chef de chœur du chœur de Notre-Dame-de-Paris pour ne citer qu’eux) à l’occasion d’une cérémonie officielle, solennelle et certainement émouvante pour les jeunes chanteurs.
Concert le 14 octobre en l’église Saint-Louis, à 20h30, à Strasbourg.