Le plus grand projet de protection contre les inondations de Suisse échoue – .

Le plus grand projet de protection contre les inondations de Suisse échoue – .
Le plus grand projet de protection contre les inondations de Suisse échoue – .

Les responsables sont conscients de la situation dangereuse du Rhône. Le fleuve est sorti de son lit ce week-end. Le canton du Valais souhaite néanmoins redimensionner le plus grand projet de protection contre les crues de Suisse.

Le Rhône déborde à Chippis et inonde la ville.

Jean-Christophe Bott / Keystone

La Suisse a de nouveau été frappée par de violentes tempêtes ce week-end. La région du Valais a été une nouvelle fois durement touchée. Il y a eu des inondations, des glissements de terrain et des coulées de boue. Des centaines de personnes ont dû être évacuées entre Brigue et Sion. Les autorités ont déclaré dimanche matin le niveau de danger le plus élevé.

Mais malgré le changement climatique et les risques connus, le Conseil d’Etat du Valais stoppe la troisième correction du Rhône et veut revoir à la baisse ce grand projet prévu depuis des décennies. Mais pourquoi ?

Plus d’un milliard de fonds fédéraux approuvés

Le Rhône est aujourd’hui un danger pour la population : coincé dans un lit étroit, le fleuve alpin coule de Brigue jusqu’au lac Léman. Des barrages de plusieurs mètres de haut bordent le fleuve à gauche et à droite. Si ceux-ci cèdent lors des crues, c’est une catastrophe : les masses d’eau se déversent alors sur le fond de la vallée avec une force et une vitesse considérables. Par exemple, la crue du siècle de l’automne 2000 a provoqué la rupture du barrage de Chamoson et le Rhône a inondé plusieurs villages.

La nécessité d’agir est incontestable. La troisième correction du Rhône est en préparation depuis 20 ans. Elle doit protéger 100 000 personnes contre les crues dangereuses. Le peuple valaisan a débloqué 60 millions pour ce projet, et le Conseil fédéral et le Parlement ont approuvé plus d’un milliard de fonds fédéraux.

Et maintenant – en pleine mise en œuvre – le Conseil d’État appuie sur le frein d’urgence. Sous la direction du directeur de l’environnement Franz Ruppen (UDC), le gouvernement cantonal souhaite réduire le projet. « Notre analyse montre que le projet est surdimensionné. Les risques d’inondation ont été surestimés», explique Ruppen.

Le Rhône déborde de ses rives à Chippis.

Jean-Christophe Bott / Keystone

Les agriculteurs devraient sacrifier les vergers d’abricotiers

Ce n’est pas un hasard si le projet suscite à nouveau la controverse. L’idée de base de la troisième correction du Rhône est de donner plus d’espace au fleuve. Cela sert à protéger contre les inondations et la nature. Mais le fond de la vallée est densément peuplé et utilisé de manière intensive. Les agriculteurs devraient abandonner les bonnes terres, notamment entre Sion et Martigny. Les agriculteurs du Bas-Valais résistent depuis le début: «Nous sommes également confrontés à une crise de sécurité alimentaire dans ce pays», déclare Franz Ruppen. Le projet nécessiterait plus de 300 hectares de zones de rotation des cultures particulièrement importantes. « Nous avons besoin d’un nouvel équilibre des intérêts, notamment entre la protection contre les inondations, la conservation de la nature et l’agriculture. » Ruppen et le Conseil d’État ont également justifié cet arrêt dans une étude présentée ce printemps. Cela a montré des lacunes dans le projet précédent.

Daniel Heusser du WWF Suisse critique sévèrement le gouvernement cantonal : « Avec un pseudo-rapport de 69 pages, 20 ans de travail scientifiquement fondé sont enterrés. » L’approche de Ruppen est « totalement opaque », dit Heusser. Il a fait rédiger la nouvelle étude par une agence immobilière qui n’avait aucune expérience en matière de projets de protection contre les inondations sur de grandes étendues d’eau. De plus, le nouvel expert n’a même pas utilisé une grande partie des documents existants pour son analyse.

Jean-Pierre Jordan est un expert reconnu en matière de protection contre les inondations. Il a supervisé le projet pour le compte de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV). Dès 2019, il accompagne le canton du Valais en tant que consultant. Aujourd’hui, il est à la retraite et peut s’exprimer librement. “C’est très douloureux de voir ce qui se passe en ce moment.” Après de nombreuses années de planification, le projet est bloqué par une manœuvre politique. « D’un point de vue hydraulique, la troisième correction du Rhône a été revue à plusieurs reprises. Il n’y a pas d’autre moyen que de redonner plus d’espace à la rivière. Tout le reste n’est qu’un vœu pieux, dit Jordan. Il défend également les évaluations des risques : “Les scénarios sont réalistes, les incertitudes sont très grandes et doivent être prises en compte.” Car si le Rhône déborde de ses rives, le danger pour de très nombreuses personnes est très grand.

La Confédération suspend ses paiements au Valais

L’Office fédéral de l’environnement (OFEV) est également perplexe. «Les offices fédéraux concernés avaient évalué le projet général de manière positive et équilibrée lors de l’examen préliminaire de 2014», écrit l’office. L’arrêt de ce projet gigantesque pourrait également coûter très cher au Valais. Car, comme l’a confirmé l’OFEV à la «NZZ am Sonntag», la Confédération a cessé de verser les premiers versements : «En décembre 2022, l’OFEV a informé le canton du Valais que les versements de subventions pour certains services [. . .] serait suspendu. » Les salaires des fonctionnaires valaisans travaillant sur le projet sont entre autres concernés. Le gouvernement fédéral a financé un total de sept postes à temps plein. C’est temporairement terminé : selon le conseiller d’État Franz Ruppen, le gouvernement fédéral a suspendu fin 2023 environ 1,8 million de francs et ne les a donc plus transférés au Valais.

Si Berne devait à l’avenir réduire ses subventions pour tous les projets de protection contre les dangers naturels, cela pourrait coûter très cher. En tant que canton de montagne particulièrement touché, il reçoit actuellement 20 pour cent de soutien de plus que les autres régions. Mais ce bonus ne peut être accordé que si le Valais a suffisamment de projets en cours et investit suffisamment dans la protection contre les catastrophes. Si le plus grand projet est interrompu, le canton pourrait perdre cette subvention.

Le conseiller d’État Ruppen a provoqué un petit tremblement de terre politique. Il se sent incompris. “Il n’est pas rare qu’un grand projet soit à nouveau remis en question après 20 ans de planification.” Ceci est prévu par la loi. La critique de son approche et de la nouvelle étude est « tirée par les cheveux ». L’expert sélectionné possède une expérience avérée sur de grands projets et a fait appel à des experts. Il ne souhaite sous aucun prétexte enterrer le projet, mais plutôt l’optimiser. Ruppen souligne : « La protection de la terre et des populations est la priorité absolue. »

 
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