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En Libye, les déchets au cœur d’un café culturel qui sensibilise à la pollution

Derrière une haute enceinte blanche, le Café Lamma (« rassemblement d’amis » en dialecte libyen) ne trahit rien de son univers intérieur atypique.

Situé dans un quartier résidentiel à l’ouest de la capitale libyenne, Tripoli, c’est un café, un espace culturel et une galerie d’art exposant des artistes libyens qui viennent y tenir des ateliers.

“Nous utilisons des matériaux abandonnés dans les rues, comme le caoutchouc des pneus, le bois des arbres ou des chantiers de construction, pour montrer aux gens que ce qui est jeté et qui paraît laid a en réalité de la valeur”, explique à l’AFP Louay Omran Burwais, concepteur des lieux.

Les cuisines du Lama Café, le 3 septembre 2024 à Tripoli, Libye PHOTO AFP / Mahmoud TURKIA

Architecte de formation, M. Burwais et son équipe tablent sur un changement des mentalités dans une société libyenne ultra-consommatrice où les notions de recyclage et de pratiques écologiques sont quasiment inexistantes.

Dès qu’on pousse la lourde porte d’entrée en métal, un labyrinthe entraîne les visiteurs vers un patio central abritant un café-restaurant éclairé par des lucarnes et bordé de murs végétaux. Dans la cuisine ouverte à l’américaine, chefs et baristas s’affairent à préparer les commandes de plats et de boissons.

« Actuellement, il n’existe aucun autre endroit comme celui-ci en Libye. Nous basons tout sur un aspect que nous considérons comme très important : le recyclage. Nous n’utilisons jamais de plastique, que ce soit pour les assiettes ou les verres, tout est en verre», précise Roula Ajjawi, directrice du centre culturel Lamma.

Les sols et les murs ne respectent aucune ligne droite et cachent des espaces inattendus où une explosion de couleurs attire les enfants vers les aires de jeux.

Une aire de jeux pour enfants réalisée avec des matériaux recyclés au café Lamma à Tripoli, le 3 septembre 2024 en Libye PHOTO AFP / Mahmoud TURKIA

Entre éclats de rire et cris joyeux, ils sont libres de courir partout, ont le droit de déplacer des meubles ou de griffonner sur les murs sans crainte de réprimandes, de s’engouffrer dans les tunnels ou de s’asseoir dans des pièges pour lire un livre emprunté à la bibliothèque.

Le jeudi, veille du week-end en Libye, des ateliers sont organisés au Café Lamma pour les initier à l’art, habituer leurs yeux au beau et à l’harmonie et les inciter à laisser libre cours à leur imagination.

La Libye, dirigée par deux gouvernements parallèles, l’un dans l’est du pays et l’autre à l’ouest, peine à se remettre de plus d’une décennie de divisions politiques et de violences fratricides qui ont suivi la chute et la mort du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011. .

Clients du Lamma Café, le 3 septembre 2024 à Tripoli, Libye PHOTO AFP / Mahmoud TURKIA

M. Burwais suppose que les visiteurs de Lamma reconnaissent les objets utilisés dans la conception du lieu mais « les regarderont désormais différemment ».

« Nous cherchons à construire une nouvelle mentalité ici », dit-il.

En Libye, qu’il s’agisse de plastique, d’emballages de toutes sortes, de verre, de bois, de papier ou de fer, rien n’est récupéré ou réutilisé. Pire encore, les déchets finissent souvent abandonnés dans la nature ou sur les plages, emportés par la pluie et le vent.

Avec une telle initiative, les objets sortis des bennes ou des décharges deviennent des œuvres d’art et l’idée séduit les habitués du Café Lamma.

«J’aime l’endroit. La nourriture est bonne, les services sont excellents. J’ai aussi aimé le principe de ne pas gaspiller, et même la façon dont l’eau est servie (en bouteilles en verre, NDLR). J’aime « En réalité, toutes les idées promues ici sont fantastiques », déclare Riyad Youssef, fidèle client de Lamma.

 
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