Une récente étude génétique apporte un nouvel éclairage sur l’histoire des Néandertaliens et des Sapiens. Alors que nos ancêtres modernes ont su s’adapter rapidement aux nouveaux environnements d’Eurasie, les Néandertaliens semblent avoir été handicapés par leur biologie sanguine. Selon cette recherche, publiée le 23 janvier dans la revue Scientific Reports, l’incompatibilité entre les groupes sanguins des deux espèces aurait contribué à l’extinction de l’Homme de Néandertal.
Comprendre les groupes sanguins : plus qu’une question de compatibilité
LE groupes sanguins les humains sont définis par des molécules spécifiques, appelées antigènes, qui se trouvent à la surface des globules rouges. Ces antigènes, comme ceux du système ABO (groupes A, B, AB et O), déterminent la manière dont le système immunitaire reconnaît les cellules sanguines. Le facteur HR, un autre antigène, ajoute une distinction supplémentaire en classant les groupes sanguins comme RH-Postifs ou RH-Négatifs.
Bien que cruciales pour le bon fonctionnement de l’organisme, ces caractéristiques peuvent également engendrer de graves incompatibilités. Lorsqu’une personne reçoit une transfusion sanguine incompatible, le système immunitaire attaque les globules rouges étrangers, ce qui entraîne des complications potentiellement mortelles.
De même, une incompatibilité peut survenir pendant la grossesse. Par exemple, si une femme RH négative porte un fœtus RH post-time, son système immunitaire peut considérer les globules rouges comme une menace. Il produit alors des anticorps qui attaquent ces cellules, ce qui provoque une Maladie hémolytique du nouveau-né (MHNN). Cette maladie peut avoir des conséquences graves pour l’enfant : jaunisse, anémie sévère, lésions cérébrales, voire la mort. Aujourd’hui, ce problème est signalé grâce à l’administration prénatale d’immunoglobulines qui bloquent la production d’anticorps chez la mère. Cependant, Il y a 100 000 ans, une telle intervention était impossible.
Une découverte fascinante sur le sang des Néandertaliens
Dans le cadre d’une étude, des chercheurs de l’université d’Aix-Marseille ont étudié le génome de plusieurs individus anciens, dont les Néandertaliens, les Dénisoviens et les Homo sapiens (ADN déjà séquencé par d’autres équipes). Leur objectif : explorer les variations des groupes sanguins et mieux comprendre l’évolution des globules rouges.
-Leur analyse a révélé une caractéristique surprenante : Les Néandertaliens avaient un type de facteur RH très rare (parent de certains HR aujourd’hui présents parmi les populations d’Afrique sub-saharienne), distinct de celui des dénoméviens et des premiers Homo sapiens. Ce dernier code pour un rhésus partiel, c’est-à-dire positif, mais incomplet.
Les chercheurs expliquent que les Néandertaliens présentent probablement ce type très rare et distinct de facteur RH en raison de leur long isolement et leur faible diversité génétique. Contrairement à l’Homo Sapiens, qui a migré et interagi avec divers groupes dans différents environnements, les Néandertaliens vivent dans des populations relativement petites et isolées en Eurasie depuis des dizaines de milliers d’années. Cet isolement aurait limité les échanges génétiques avec d’autres groupes humains et réduirait ainsi les opportunités de diversification de leur patrimoine génétique, notamment celui des antigènes des globules rouges.
Quelles conséquences ?
Selon Stéphane Mazières, généticien des populations et co-auteur de l’étude, ce variant HR était incompatible avec ceux d’autres groupes humains. Cette incompatibilité aurait été particulièrement problématique dans les cas d’hybridation entre Néandertaliens et Homo Sapiens. Dans le cas de grossesses impliquant une femme présentant cette FC rare et un fœtus HR complètement positif ou HR partiel, mais pas pareil, l’enfant était donc susceptible de développer une Maladie hémolytique du nouveau-né (MHNN) peut-être mortel. Dans le cas de grossesses impliquant l’inverse, soit HR complète femme (sapiens, Denisova) et HR partielle fœtus (Néandertal, comme le père), alors il n’y avait aucun risque.
Bref, si les causes de l’extinction de Néandertal restent complexes et multidimensionnelles, cette étude ajoute une pièce importante au puzzle. Elle suggère que des facteurs biologiques, comme les incompatibilités sanguines, ont également pu jouer un rôle tout aussi crucial que le changement climatique, les maladies ou la compétition avec Homo sapiens.