A l’occasion de la première exposition de collections insolites le week-end dernier, Patrice Hamon est venu de Vienne exposer sa collection, la seule du genre à être présentée au public à ce jour. Et quand on pense au papier mâché, on n’imagine pas voir de tels objets.
Depuis une quinzaine d’années, lui et sa femme collectionnent des objets en papier mâché et carton bouilli – chartarimunatophile. Il les trouve au hasard dans les débarras ou chez les antiquaires.
« Il n’y a pas d’objet plus écologique »
Féru d’histoire, il s’intéresse à l’origine et à la technique du papier mâché, que les Chinois utilisaient au VIIIe siècle. e siècle pour fabriquer leurs casques. « Le procédé a été francisé et industrialisé par les Adts, famille de meuniers alsaciens, sous Napoléon III. À l’époque, nous ne travaillions pas le bois », explique-t-il.
A partir de paille, de coton et de vieux papiers trempés dans l’eau puis malaxés avec de la colle de peau de lapin, la pâte obtenue est moulée, séchée, passée dans un bain noir avant d’être peinte à la main. « Il n’y a rien de plus écologique », sourit-il.
Les Adt installent une usine à Forbach (Alsace) en 1853, mais la guerre de 1870 (l’Alsace revient à l’Allemagne) les fait s’installer à Pont-à-Mousson, en Lorraine.
Parmi les objets exposés figurent tous ceux de la vie quotidienne : vaisselle, paniers, miroirs, plumiers, étuis à lunettes, ronds de serviette, jouets d’enfants, etc. De nombreux meubles ont été fabriqués en papier mâché, notamment des horloges « œil de bœuf ». . Entre 1840 et 1870, toutes les familles en furent équipées.
Au début, le décor était peint à la main puis, industrialisation oblige, apposé par transfert. Les objets les plus raffinés étaient ornés d’un décor « burgauté », marqueterie à incrustations de nacre, réalisée à partir d’un coquillage qui, selon l’éclairage, prend trois couleurs irisées. Le procédé fut progressivement abandonné en 1900 avec l’arrivée de la bakélite, puis en 1905 avec celle du plastique dur.