Les plus anciennes gravures « intentionnelles » d’Europe ne sont pas l’œuvre d’Homo Sapiens

Les plus anciennes gravures « intentionnelles » d’Europe ne sont pas l’œuvre d’Homo Sapiens
Les plus anciennes gravures « intentionnelles » d’Europe ne sont pas l’œuvre d’Homo Sapiens

Découvertes dans une grotte française scellée depuis des dizaines de milliers d’années, les plus anciennes gravures connues en Europe n’ont probablement pas été réalisées par l’Homme moderne, mais plutôt par les Néandertaliens.

Une grotte exceptionnelle

Vous trouverez le Grotte de la Roche-Cotard en , au bord de la Loire, à proximité du village de Langeais. Scellé par des sédiments jusqu’à la fin du XIXème siècle, le site est connu pour ses importants vestiges archéologiques et paléontologiques qui ont révélé de précieuses informations sur l’histoire de la région. On sait en effet que les lieux furent occupés par des populations préhistoriques il y a plusieurs dizaines de milliers d’années, comme en témoigne la découverte d’outils en pierre, d’ossements d’animaux et de restes d’habitations.

L’une des découvertes les plus importantes de la grotte de La Roche-Cotard est aussi la présence de gravures pariétales isolé sur des parois rocheuses, mais qui en est à l’origine ? Pendant des décennies, les chercheurs ont pensé que ces créations étaient caractéristiques du comportement humain moderne. Après tout, on attribue par exemple à Homo sapiens un dessin de cochon vieux de 45 500 ans en Indonésie et même un en Afrique du Sud. Cependant, des chercheurs ont récemment découvert des exemples plus anciens d’objets et d’art non utilitaires en Europe et dans d’autres parties du monde, créés non pas par nos ancêtres, mais par les Néandertaliens.

Concernant la grotte de La Roche-Cotard, les anthropologues ont isolé au moins huit panneaux représentant plus de 400 traces de lignes et de points abstraits. Elles sont considérées comme des « gravures » dans la mesure où elles représentent un enlèvement volontaire de matière.

Exemples de gravures découvertes dans la grotte de Roche-Cotard. Crédits : Jean-Claude Marquet

Sculptures intentionnelles de nos proches cousins

Pour comprendre comment et par qui ces gravures ont été réalisées, les chercheurs ont mis en place une expérience dans une grotte similaire. Les détails de ces nouveaux travaux sont publiés dans la revue PLOS One. Une personne a été chargée de recréer les mêmes marques en utilisant ses doigts, ses os, ses pointes de bois, de silex et de métal contre la paroi rocheuse. Grâce aux méthodes de photogrammétrie (technique qui utilise des centaines de photos pour créer des modèles virtuels en 3D), les chercheurs ont ensuite pu comparer ces marques expérimentales avec des œuvres préhistoriques. Il ressort de ces analyses que ces gravures avaient été fait avec les doigts.

Pour déterminer si ces traces étaient l’œuvre de l’homme moderne ou de Néandertaliens, les chercheurs ont ensuite utilisé une technique appelée luminescence des sédiments stimulée optiquement pour déterminer quand ils ont été exposés pour la dernière fois à la lumière du jour. L’analyse a révélé que la grotte avait été scellée auparavant au moins 57 000 ans et peut-être tant qu’il y aura 75 000 ans.

Cependant, les preuves actuelles suggèrent que nos ancêtres n’étaient pas présents en France avant au moins 54 000 ans. En revanche, on sait que nos cousins ​​néandertaliens étaient présents dans la région depuis vieux d’au moins 300 000 ans. Pour les chercheurs, il est donc très peu probable que des humains anatomiquement modernes aient eu accès à l’intérieur de la grotte. Ils ne sont donc probablement pas les auteurs de ces gravures.

Cette étude est importante car elle prolonge l’ancienneté des empreintes digitales et les associe pour la première fois à une espèce d’hominidé autre que l’Homo sapiens. Cela confirme également que la culture de nos cousins ​​néandertaliens était plus complexe et diversifiée qu’on ne le pensait auparavant.

La découverte de ces gravures révolutionne également notre compréhension de la transmission et de l’évolution de l’art à travers les différentes espèces d’hominidés. Contrairement à l’idée selon laquelle l’art symbolique serait apparu exclusivement avec Homo sapiens, ces traces néandertaliennes démontrent une aptitude à la représentation abstraite, voire une forme de communication visuelle entre groupes. Cela soulève de nouvelles questions fascinantes : les Néandertaliens possédaient-ils une culture artistique et des conventions visuelles communes similaires à celles des humains modernes ? Ces sculptures pourraient-elles refléter des rituels ou des croyances spécifiques ? Si tel est le cas, le patrimoine artistique humain pourrait trouver ses racines bien plus loin dans le passé qu’on ne le pensait auparavant.

Ces résultats mettent également en évidence l’importance des environnements naturels dans le développement des comportements symboliques. La roche et les parois des grottes, avec leurs textures, leurs formes et leurs échos, pourraient avoir joué un rôle fondamental dans l’inspiration et la transmission de ces gravures. Il est possible que ces espaces aient servi de lieux de rassemblement ou de rituels aux Néandertaliens, favorisant l’émergence de formes d’expression collective. La grotte de La Roche-Cotard devient ainsi un témoignage exceptionnel du dialogue entre les capacités cognitives des Néandertaliens et leur environnement, offrant une perspective unique sur la manière dont les premiers hominidés ont commencé à interagir avec le monde qui les entourait.

 
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