Datant de la naissance d’Android n’est pas si simple. Était-ce en octobre 2003, lorsque quatre ingénieurs informaticiens lançaient leur start-up ? Ou fin 2007, lors de la création de l’Open Handset Alliance ? Nous avons résolu cette épineuse question en plaçant l’arrivée réelle du système d’exploitation mobile en novembre 2007, lorsque la toute première version bêta était disponible au public.
Avant cela, l’histoire commence en 2003, lorsque Andy Rubin, Rich Miner, Nick Sears et Chris White lancent Android Inc. à Palo Alto (Californie). Loin d’avoir déjà en tête un grand projet de domination du monde de la téléphonie mobile, ces quatre gros bonnets de l’informatique avaient pour objectif premier d’améliorer les appareils photo numériques. L’idée originale était de développer un système permettant d’optimiser la connectivité et le stockage cloud des caméras via un « centre de données Android ». D’où le nom choisi pour l’entreprise. La philosophie des fondateurs est alors simple : des appareils mobiles plus intelligents, capables de s’adapter aux préférences et à la localisation de leur propriétaire.
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Mais en 2004, face à la baisse des ventes d’appareils photo numériques, Android Inc. a changé de cap. L’entreprise a décidé de se concentrer sur la création d’un système d’exploitation pour téléphones mobiles capable de rivaliser avec les géants de l’industrie de l’époque, tels que Symbian et Windows Mobile.
Le rachat par Google
Malgré ce pivot stratégique, Android Inc. peine à décoller et se retrouve rapidement à court de liquidités. C’est là que Google entre en jeu. Le géant de la recherche en ligne, qui souhaitait se diversifier, rachète discrètement la start-up en août 2005 pour 50 millions de dollars. Trois des fondateurs (Rubin, Miner et White) rejoignent Google. L’équipe a emménagé dans les bureaux de Mountain View le 11 juillet 2005, date considérée comme la fusion officielle entre les deux sociétés. Sous l’égide de Google, la vision d’Android évolue. L’objectif est désormais de créer une plateforme ouverte et gratuite, capable d’équiper le plus de téléphones mobiles possible. Une stratégie évidemment portée par Google qui voit dans ce projet un potentiel cheval de Troie pour mieux pénétrer le marché mobile. Peu de gens chez le géant de la recherche auraient pu imaginer à l’époque l’étendue du génie de cette idée.
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L’iPhone, un électrochoc bénéfique
En janvier 2007, alors que l’équipe Android travaillait dur sur son premier prototype de smartphone, baptisé Sooner, Steve Jobs dévoilait l’iPhone. Une véritable révolution qui oblige Google à revoir complètement sa copie. Chris DeSalvo, ancien ingénieur du géant du web, se souvient : « Ce à quoi nous avions soudain l’air si… années 1990. En tant que consommateur, j’ai été époustouflé. Mais en tant qu’ingénieur chez Google, je me suis dit : il va falloir tout recommencer.» Andy Rubin, en voyage d’affaires, a été tellement abasourdi par la présentation de l’iPhone qu’il a demandé à son chauffeur de s’arrêter et de regarder l’intégralité du discours. Il comprend tout de suite que le projet Android doit être entièrement repensé.
La naissance de l’Open Handset Alliance
Face à cet obstacle, Google a réagi rapidement. En novembre 2007, la société a annoncé la création de l’Open Handset Alliance (OHA), un consortium regroupant 34 entreprises du secteur de la téléphonie mobile. Parmi eux figurent des fabricants de téléphones (HTC, Motorola), des opérateurs (T-Mobile) et des fabricants de puces (Qualcomm, Texas Instruments). L’objectif de cette alliance est de développer des standards ouverts pour les appareils mobiles. Cette approche, radicalement différente de celle d’Apple avec son écosystème fermé, s’avérera déterminante pour le succès futur d’Android.
Le 22 octobre 2008, près de deux ans après la présentation de l’iPhone, sortait le premier smartphone Android : le HTC Dream, également connu sous le nom de T-Mobile G1 aux États-Unis. Bien que techniquement derrière l’iPhone, le HTC Dream introduit plusieurs innovations qui deviendront des marques de fabrique d’Android : un écran tactile associé à un clavier physique coulissant, une forte intégration des services Google (Gmail, Maps, YouTube) et surtout la possibilité pour les utilisateurs de personnaliser son appareil.
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La montée au pouvoir
À partir de ce moment-là, Android a connu une croissance exponentielle. Le système d’exploitation bénéficie de mises à jour fréquentes, chacune apportant son lot de nouveautés. Ces mises à jour portent le nom des noms de desserts, par ordre alphabétique : Cupcake (1.5), Donut (1.6), Eclair (2.0), etc.
Dans le même temps, de nombreux fabricants de smartphones adoptent Android, attirés par sa gratuité d’utilisation et sa flexibilité. Samsung, HTC, LG, Sony et bien d’autres lancent des appareils Android, augmentant ainsi l’offre proposée aux consommateurs. Cette stratégie a porté ses fruits et en 2011, Android est devenu le système d’exploitation mobile le plus utilisé au monde, dépassant l’iOS d’Apple. En 2014, sa part de marché atteint 84,7 % des smartphones vendus dans le monde. Et ceux qui n’ont pas pris le train, comme Nokia et BlackBerry, finiront par le payer cher, puisque c’est justement à cause de leurs systèmes d’exploitation obsolètes que ces deux géants des années 2000 ont fini par mettre la clé sous la porte.
Des controverses aussi
Malgré son succès phénoménal, Android a été confronté à plusieurs complications au fil des années. Ainsi, la fragmentation du système, due aux nombreuses versions et personnalisations des constructeurs, continue de compliquer la distribution des mises à jour de sécurité. La durée du support logiciel des appareils Android, souvent limitée à deux à trois ans, est également critiquée. Nous y reviendrons un peu plus tard.
Google tente de résoudre ces problèmes avec des initiatives telles que Project Treble pour faciliter les mises à jour, ou Android One qui offre une expérience purement Android et des mises à jour rapides sur les appareils d’entrée de gamme.
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Un autre sujet récurrent est le respect de la vie privée et le RGPD. En janvier 2019, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) a infligé une amende de 50 millions d’euros à Google pour non-information des utilisateurs d’Android. L’enquête a conclu que les utilisateurs n’étaient pas « impossibilité de comprendre l’étendue des traitements mis en œuvre par Google ». Cette décision a été confirmée par le Conseil d’État suite au recours de Google. Une première étude datée d’août 2018 avait déjà sensibilisé sur le sujet, avant qu’une autre publiée en 2021 ne fasse grand bruit en révélant qu’Android collectait 20 fois plus de données qu’iOS !
Le support logiciel enfin sur la bonne voie
La durée limitée du support logiciel pour les appareils Android a longtemps été un sujet de critique. Ce n’est que ces dernières années que nous avons enfin constaté des progrès. Samsung a par exemple annoncé en 2020 un support logiciel s’étendant de deux à quatre ans pour certains de ses modèles. En 2024, les mêmes Samsung et Google ont simplement allongé cette durée à sept ans pour leurs nouveaux appareils haut de gamme, même si cette politique ne s’applique qu’aux modèles les plus récents. Ce sont donc les seules gammes Galaxy S24 et Pixel 9 qui en profitent actuellement. Le constructeur est même allé plus loin en promettant six ans de mises à jour pour ses derniers smartphones d’entrée de gamme, les Galaxy A16 et A16 5G.
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Le maître du volume
En 2024, Android reste le leader incontesté du marché des smartphones en termes de volume. Un rapport de la GSM Association estimait fin 2022 que 4,3 milliards de personnes dans le monde posséderaient un smartphone. Parallèlement, tous les cabinets d’analyse, y compris Homme d’Étatconvenons que la part de marché d’Android dépasse les 70 % dans le monde depuis… 2016 ! On peut donc en déduire sans aller trop loin que plus de 3 milliards d’êtres humains utilisent quotidiennement un smartphone Android.
Cependant, avec une telle base installée et près de deux décennies à son actif, Android semble désormais ronronner. Les innovations arrivent au compte-gouttes, même si la dernière version, Android 15 sortie en octobre 2024, continue d’apporter des améliorations, notamment en termes de sécurité et d’optimisation.
Les nouvelles fonctionnalités incluent le verrouillage de détection de vol, qui utilise l’IA pour détecter le vol d’appareils, l’espace privé pour masquer certaines applications et certains contenus, des améliorations pour les appareils pliables et la prise en charge par satellite pour les applications de messagerie mobile. opérateurs. Et il se murmure que Google pourrait briser son rythme quasi ancestral d’une nouvelle version de son système d’exploitation mobile tous les 12 mois pour proposer Android 16 au cours du premier semestre 2025.
Et à terme, quel avenir pour Android ? Nous n’avons pas de boule de cristal, mais nous n’en avons pas vraiment besoin pour faire cette prédiction : de plus en plus d’intelligence artificielle. Google s’est lancé dans cette course effrénée avec Gemini (et Jarvis) et a commencé à l’intégrer à Android, un peu à la truelle pour le moment.
Mais ce n’est qu’un début et l’IA devrait occuper une bonne partie des keynotes présentant les futures versions de l’OS. Pour le meilleur et pour le pire.
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