un atout protecteur contre les attaques des loups et des renards

7h05 – Modifié : 9h13 par Tom ROSSI

Alors que le loup revient peu à peu vers l’Ouest, un éleveur du Maine-et-Loire a trouvé la solution pour protéger son troupeau d’agneaux : un âne du Poitou qui n’hésite pas à entrer au « contact » du danger, et c’est efficace. Rencontre de Tom Rossi.

Le loup est de retour en Occident. Quelques individus circulent en Bretagne et en région Pays-de-la-Loire. Une bonne nouvelle pour la biodiversité, notamment pour la régulation des sangliers, mais qui inquiète certains éleveurs. Pas Benoît Huntzinger, ce Breton basé à Chemillé-en-Anjou, dans le Maine-et-Loire, a trouvé une solution pour protéger ses 160 moutons de Belle-Ile, élevés en plein air : il a fait appel à un âne du Poitou, ou plutôt un âne, baptisé Castafiore et qui a été élevé au sein du troupeau.

Un âne pour protéger le troupeau du loup

« Les équidés (chevaux, ânes) ont horreur des canidés (chiens, renards, loups), explains Benoît Huntzinger. Un cheval c’étaitquand il voit un danger. L’âne est un animal territorial. En cas de danger, il défendra d’abord son territoire. Kastafiore, son territoire, elle le partage avec nos moutons. On l’a vu faire et je peux vous dire que c’est efficace ! Elle est la gardienne et les brebis le savent. Ils se regroupent et se tiennent derrière Kastafiore qui observera et fera le nécessaire si nécessaire.

Comment repousser un loup ? « Certains me disent que ça ne durerait pas longtemps. Je ne sais pas non si tu as déjà vu un âne s’occuper d’un sanglier par exemple, ça peut être très violent”répond l’éleveur, originaire de Pleucadeuc (Morbihan).

Benoît Huntzinger
Benoît Huntzinger

Crédit : Tom Rossi

Grâce à son âne poitevin, Benoît Huntzinger, est aujourd’hui un éleveur serein. L’arrivée de Kastafiore a permis de réduire de 90% la prédation sur sa ferme biologique de Blottières où il produit de l’épeautre, des lentilles, des châtaignes et élève du bœuf et des agneaux. « De mémoire, deux agneaux ont été « prédateurs » cette année. C’est tout à fait acceptable économiquement, zootechniquement et moralement. ».

Forte baisse de la prédation

« Il y a d’autres aspects qui sont très importants pour moi : notre âne mange la même chose que les animaux qu’il protège, c’est extraordinaire, et c’est aussi une économie. L’autre aspect est que, sur notre ferme, il y a des sentiers de randonnée. Chaque été, en montagne, il y a des chiens de protection qui font leur travail et attaquent les promeneurs peut-être un peu trop aventureux. avec Kastafiore. On a rarement vu un âne du Poitou poursuivre un cycliste. Cela nous permet d’avoir une cohabitation apaisée entre les différents utilisateurs de la campagne et notre espace à la ferme.»

Benoît Huntzinger
Benoît Huntzinger

Crédit : Tom Rossi

A Breton technique

Benoît Huntzinger, en plus d’élever des races en « plan de sauvegarde » (Vaches nantaises et moutons de Belle-Ile), s’inscrit dans un programme de recherche du CNRS qui souhaite réactualiser cette association âne-mouton aux racines bretonnes. Il y avait un dicton breton qui disait : « Là où il y a des moutons, il faut qu’il y ait un âne ».. Il y a un siècle, alors que le loup était plus massivement présent en Bretagne et dans le grand Ouest, des éleveurs bretons se rendaient dans le Poitou pour récupérer les animaux qui n’étaient pas retenus pour la production de mulets et ramenaient ces ânes qui étaient ensuite mis en cohabitation avec les troupeaux. . C’est une technique ancienne que nous essayons de remettre au goût du jour..

Benoît Huntzinger
Benoît Huntzinger

Crédit : Tom Rossi

La méthode pourrait être largement réhabilitée et permettre ainsi aux loups de revenir plus sereinement dans nos régions.

 
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