L’interface entre notre smartphone et notre voiture est devenue incontournable. Cependant, GM choisit de faire marche arrière en abandonnant CarPlay et Android Auto.
On le savait, General Motors (GM) a pris un virage radical en annonçant l’abandon progressif de CarPlay et d’Android Auto. Les médias Le bord a pu parler avec Baris Cetinok, la personne qui a pris cette décision.
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La quête du contrôle total
La stratégie de GM, défendue par Baris Cetinok, son vice-président senior, repose sur une vision ambitieuse : créer une expérience utilisateur entièrement contrôlée par le fabricant.
Cette approche verticale vise à permettre une intégration plus approfondie entre les différents systèmes du véhicule, de la navigation au contrôle de la batterie des véhicules électriques. Cela rappelle évidemment la stratégie de Tesla.
Soyons réalistes, le principal argument avancé par GM semble convaincant. En contrôlant toute l’interface utilisateur, le constructeur promet de pouvoir innover plus rapidement et de proposer des fonctionnalités impossibles à mettre en œuvre avec CarPlay. Par exemple, une intégration native permettrait une meilleure gestion de l’autonomie des voitures électriques, en coordonnant la navigation avec l’état de la batterie et les bornes de recharge disponibles.
Les zones grises d’une stratégie contestée
Cependant, cette vision se heurte à plusieurs obstacles.
Le premier concerne l’écosystème applicatif. Alors que CarPlay donne accès à des centaines, voire des milliers d’applications optimisées pour une utilisation embarquée, GM devra convaincre les développeurs de créer des versions spécifiques pour sa plateforme. Une tâche d’autant plus difficile que le marché automobile est plus fragmenté que celui des smartphones.
On peut le voir avec Google Automotive chez Renault, Volvo, Ford, Polestar, Audi… mais aussi GM comme vous le verrez plus tard. Toutes les applications ne sont pas compatibles sur tous les écrans et avec tous les modèles. C’est d’une complexité déconcertante, même si ces voitures partagent la même base Android.
Tesla, de son côté, a restreint l’accès à son OS à quelques partenaires, dont Spotify, Apple et Google. Nous sommes encore limités dans le choix des applications et des services.
Le deuxième défi concerne la pérennité du système. Les smartphones sont généralement renouvelés tous les deux à trois ans, ce qui permet aux utilisateurs de bénéficier des dernières avancées technologiques. En revanche, une voiture est conservée en moyenne huit à dix ans. Comment GM compte-t-il maintenir la fraîcheur et les performances de son interface sur une telle période de temps ? Le risque d’obsolescence prématurée est réel.
La dépendance technologique en question
Paradoxalement, en voulant s’affranchir de la dépendance à Apple et Google pour l’interface utilisateur, GM crée une nouvelle forme de dépendance. Le système développé par le constructeur est en effet basé sur les services Android Automotive et Google.. Cette architecture soulève des questions sur la réelle autonomie de GM et sa capacité à innover de manière indépendante.
La complexité de cette relation est illustrée par les différentes couches technologiques en jeu : Android Automotive, Google Automotive Services, Google Built-in… Une complexité que même les leaders de l’industrie peinent parfois à démêler, comme le révèle l’interview de Baris Cetinok par The Verge.
L’utilisateur, largement oublié ?
La décision de GM semble ignorer un élément : les préférences des utilisateurs. De nombreux conducteurs connaissent aujourd’hui CarPlay et Android Auto. Ces interfaces leur permettent de retrouver leurs applications préférées et leurs habitudes d’utilisation, quel que soit le véhicule qu’ils conduisent.
Le constructeur devra également entretenir et faire évoluer son interface sur le long terme, une tâche qui requiert des compétences traditionnellement plus proches de celles des entreprises technologiques que des constructeurs automobiles.
Si l’objectif d’une meilleure intégration entre la voiture et son interface utilisateur est louable, la méthode choisie par GM semble aller à contre-courant des tendances actuelles. Alors que l’industrie automobile évolue vers plus d’ouverture et d’interopérabilité, le constructeur américain mise sur un écosystème fermé.
Bref, on a des doutes, même si la démarche paraît respectable.
Dans le même esprit, Smart a initialement pris la décision d’abandonner également CarPlay et Android Auto pour sa nouvelle génération de véhicules électriques, la Smart #1. Cependant, face aux commentaires des clients et à la demande croissante de compatibilité avec ces systèmes populaires, Smart a finalement changé de cap.