Samedi à 23h35 avec le documentaire « Le Mammouth, une résurrection en laboratoire ? », Arte nous emmène aux quatre coins du Monde à la découverte de chercheurs qui travaillent à recréer des espèces disparues ou menacées.
Trente et un ans après la sortie du premier opus de la saga « Jurassic Park » imaginée par Steven Spielberg, la réalité est en passe de rattraper la fiction. Et s’il n’est pas question d’avoir un T. Rex comme animal de compagnie dans un futur proche, nous n’avons jamais été aussi près de pouvoir réintégrer des espèces disparues dans notre nature.
Plusieurs pistes
Dans le monde scientifique de la résurrection des espèces, plusieurs techniques sont possibles pour jouer au démiurge en blouse blanche. La première est le clonage du dernier représentant d’une espèce disparue. Condition essentielle pour utiliser cette méthode : avoir conservé un spécimen de l’espèce en question dans un endroit frais. Expériences entreprises pour ressusciter notamment les bouquetins des Pyrénées. La tentative s’est soldée par un échec, le clone n’ayant survécu que quelques minutes après sa naissance. Une autre possibilité est de partir d’un descendant de l’animal disparu et de remonter jusqu’à son ancêtre d’origine en pratiquant le croisement et la sélection génétique. « Depuis 2013, un projet vise à faire revivre l’aurochs, le taureau des fresques de Lascaux, à partir du bétail domestique », indique Cela m’intéresse. Enfin, la dernière possibilité est « la technique dite du génie génétique », détaille Le Monde. « Elle consiste à séquencer le génome d’un animal disparu et à insérer les morceaux d’ADN qui le rendent spécifique dans le génome d’une espèce cousine encore vivante. »
Lève-toi là-dedans !
C’est grâce au génie génétique que le laboratoire privé américain Colossal Biosciences, créé en 2021, entend ressusciter le dodo, un oiseau mauricien exterminé au XVIIe siècle.e siècle, le tigre de Tasmanie, sorte de loup marsupial dont l’espèce a disparu dans les années 1930 et, plus spectaculairement, le mammouth laineux, disparu il y a quatre mille ans. “Les chercheurs travaillent à produire des embryons ex vivo (avec utérus artificiels) à partir de cellules prélevées sur des mammouths, libérées des sols dégelés de Sibérie, et d’ovocytes d’éléphants d’Asie, dont le génome correspond à 99,6% à celui de l’ancien mastodonte”, » explique-t-on dans le documentaire. Un tel projet soulève inévitablement de nombreuses questions, tant d’un point de vue éthique qu’écologique. Pour les chercheurs impliqués, pas d’inquiétude, la réintroduction du mammouth laineux en Arctique lui permettrait de s’épanouir sans être en conflit avec l’Homme et, selon eux, de lutter directement contre le réchauffement climatique, comme le relaye France Info : « Dans le Dans le passé, les mammouths jouaient un rôle de régénérateur du permafrost, faisant tomber la glace de ce sol gelé dans les régions du nord, qui joue un rôle crucial dans le stockage du carbone. »
Sauver les vivants
Si les protagonistes de la « désextinction » sont forcément enthousiastes, c’est loin d’être le cas de l’ensemble de la communauté scientifique. Des doutes sont exprimés sur l’argument écologique du permafrost car, pour que cela fonctionne, il faudrait produire suffisamment d’éléphants hybrides. L’intérêt pour la « résurrection » nous détournerait alors d’une urgence bien plus fondamentale : sauver les animaux actuellement en danger. Cette course aux réalisations scientifiques pourrait générer une fausse croyance dans l’esprit du public : « Il y a un réel danger à dire que si nous détruisons la nature, nous pouvons simplement la reconstruire – parce que nous ne le pouvons pas », s’inquiète Stuart Pimm, président de l’association. écologie à l’Université Duke en Caroline du Nord. Malgré ces voix élevées, Colossal Biosciences entend aujourd’hui poursuivre ses recherches et les scientifiques espèrent que leur premier bébé mammouth naîtra d’ici 2028.
Cet article est paru dans Le Télépro du 31/10/2024