A Ajaccio, une « chaise câline » pour apaiser les personnes autistes

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“On voit de vrais effets positifs sur son visage qui se détend, un vrai calmant”insiste Yuna Wolff, éducatrice spécialisée, qui vient de lancer une séance de 20 minutes pour Xavier, 34 ans, résident du centre d’accueil Magnolias, qui souffre de troubles sévères du spectre autistique (TSA).

A l’aide d’une télécommande, l’éducateur a activé des compressions sur les cuisses et les épaules, qui enserrent progressivement Xavier dans cette chaise en cuir et bois rose pastel, l’amenant à lâcher prise.

« Xavier adore ! Cela lui permet de se calmer dans les moments où il peut être un peu en difficulté sensorielle. Et en même temps c’est un moment de plaisir pour lui, car il aime cette pression profonde. », explique Yuna Wolff. L’anxiété de ce résident peut se manifester par des « battements » (agitant ses mains), des sauts et des vocalisations, précise l’éducateur.

«Cela s’appuie sur des études scientifiques très solides. C’est une méthode qui vient des Etats-Unis et notamment du célèbre professeur Temple Grandin, qui a créé cette machine pour elle-même, qui souffrait de troubles, et qui avait besoin d’être fortement serrée dans ses bras pour réduire son anxiété.ajoute Julie Le Berre, neuropsychologue dans cet établissement géré par l’association « Espoir Autisme Corse ».

Testé sur les dix résidents permanents de la maison d’accueil, “on a vu, pour huit d’entre eux, que ça leur plaisait”rapporte-t-elle, précisant que « les bienfaits peuvent durer plusieurs heures » pour des séances de « zéro à 20 minutes maximum »plusieurs fois par semaine.

Environ 700 000 personnes autistes en France

“Les gens qui l’utilisent n’ont pas la capacité de parler (et pour témoigner eux-mêmes), néanmoins, les effets physiques sont perceptibles, avec une réduction des stéréotypies, de l’agitation et du relâchement corporel »note-t-elle.

« Lorsque la phase de tests sera terminée et que nous saurons quand leur proposer des séances, à quel rythme et pour quelle durée optimale, nous espérons réellement constater une réduction des problèmes de comportement et de l’agitation »» dit cette soignante, qui voit également un bénéfice possible dans cette chaise pour plusieurs autres troubles neurodéveloppementaux.

Ce fauteuil « Oto », conçu par Alexia Audrain, jeune ébéniste et designer nantaise, a été récompensé par plusieurs prix dont ceux du Trophée Handitech 2023 (prix Parcours et Dispositifs de Santé et prix Coup de cœur Bpifrance) et le prix « James Dyson Prix ​​» en 2021.

Dans ce centre d’accueil où il est testé depuis janvier, le fauteuil a été installé dans une « salle blanche » hyposensorielle prévue pour les patients hypersensibles aux différentes stimulations sonores ou visuelles.

« Nous sommes un peu pionniers puisque nous sommes la première ARS nationale à avoir financé ce prototype que nous avons confié à l’association Espoir Autisme Corse »a informé Philippe Mortel, directeur adjoint de l’ARS Corse, précisant que cette chaise coûtait un peu plus de 5 000 euros.

« L’enjeu est de faire le point sur l’usage et si c’est concluant », pour faire évoluer cette chaire comme « un outil supplémentaire pour les personnes autistes », “dans les établissements comme dans l’espace public”explique-t-il, envisageant d’installer un de ces fauteuils en centre-ville d’Ajaccio. « Si les villes s’adaptaient, nous pourrions rendre la société beaucoup plus vivable pour ces personnes »il argumente.

Les troubles du spectre autistique représentent entre 0,9 % et 1,2 % des naissances, soit environ 7 500 bébés chaque année, indique le ministère de la Santé sur handicap.gouv.fr. La Haute Autorité de Santé estime qu’environ 100 000 jeunes de moins de 20 ans et près de 600 000 adultes sont autistes en France.

AFP/VNA/CVN