Mycose des ongles et autres : ces publicités agacent les médecins

Mycose des ongles et autres : ces publicités agacent les médecins
Mycose des ongles et autres : ces publicités agacent les médecins

Les publicités qui se terminent par « parlez à votre médecin » encombrent inutilement les cabinets de médecins. Un médecin généraliste affirme avoir dû répondre « tous les jours » à des questions sur la mycose des ongles pendant la campagne publicitaire, alors qu’il s’agit d’un problème relativement bénin.

« Il y a des gens qui m’ont montré leurs ongles lorsqu’ils avaient des problèmes cardiaques. À un moment donné, il vaut peut-être mieux prendre soin de son cœur que de son ongle ! dit le Dr Pierre Martin, premier vice-président de la Fédération des médecins généralistes du Québec.

D’autant qu’il s’agit d’un problème essentiellement esthétique lorsque moins de 50 % de l’ongle est touché et que l’infection n’est pas présente ailleurs. «De mémoire de médecin, il n’y a pas une famille qui ait été décimée au Québec par la mucormycose», raconte D.r Martine.

Bien que sa présence puisse nécessiter une vérification, ce champignon « ne constitue pas un problème aussi dramatique qu’annoncé ».

Comme aux USA

La multiplication des publicités pour les médicaments est un phénomène relativement nouveau au Québec et la FMOQ craint que le marché québécois ne suive la tendance américaine, où les messages de type « parlez à votre médecin » inondent les heures de grande écoute à la télévision.

Pire encore, la loi québécoise interdit de communiquer tant le nom que les effets d’un médicament. Les fabricants choisissent donc souvent de faire connaître uniquement la marque, laissant aux médecins le soin d’expliquer son utilité.

Capture d’écran, Assemblée nationale

Conversations inutiles

Par exemple, de nos jours, des publicités vantent le médicament Rybelsus, sans jamais dire qu’il s’agit d’un produit pour lutter contre le diabète.

Dr Martin explique qu’il doit répondre aux questions sur le sujet à son cabinet de Trois-Rivières, même si le patient ne souffre pas de cette maladie.

Et ce n’est pas nécessairement le premier médicament qu’il recommanderait à une personne diabétique.

« Comme nous savons qu’il s’adresse à un créneau de patients très limité, parfois nous ne le proposons même pas. Nous nous épargnerons des conversations inutiles sur quelque chose qui n’est même pas une option », explique-t-il.

Même problème avec le médicament Contrave, destiné à la perte de poids. Dr Martin préfère suggérer d’abord des changements de style de vie ou une chirurgie bariatrique.

Mais les patients arrivent à la clinique avec une idée toute faite, même si le médicament « coûte 325 dollars par mois » pour une perte de poids d’environ quatre kilos sur 12 mois.

« Après un an d’utilisation, vous avez perdu quatre kilos et cela vous a coûté 3 900 $ », souligne D.r Martine.

Changer la loi

Pendant que Québec étudie un projet de loi pour réduire la paperasse des médecins, Dr Pierre Martin estime que l’occasion serait bonne d’inclure une interdiction de la publicité pour les médicaments.

Cela libérerait du temps au bureau, ce qui est l’objectif de la réforme menée par Jean Boulet.

Parallèlement, la FMOQ propose de faciliter l’annulation de rendez-vous via le GAP ou le RVSQ, pour éviter les fameux « no show » au bureau. Des rappels automatisés devraient également être mis en place, pour éviter qu’un patient oublie de se présenter à son rendez-vous, estime la fédération syndicale.

« Nous devons absolument travailler avec le ministère pour arrêter ce fléau. L’année dernière, il y a eu 162 000 rendez-vous [manqués] qui nous ont été signalés. Ce sont des rendez-vous disponibles dès maintenant », a récemment déclaré le président de la FMOQ, Dr Marc-André Amyot, en commission parlementaire.

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