« Common Goods », des casiers connectés pour partager des objets

« Common Goods », des casiers connectés pour partager des objets
« Common Goods », des casiers connectés pour partager des objets

Pour aménager son nouvel appartement, Caroline, 31 ans, avait besoin d’un outil bien spécifique : une perceuse à percussion. « Personne autour de moi ne pouvait m’en prêter et je ne voulais pas en acheter un juste pour un projet de bricolage, alors je me suis tourné vers la location ! “, dit-elle.

A l’entrée de son lieu de travail, un casier connecté en propose un en libre-service, parmi une dizaine d’autres articles comme un fer à repasser ou un gaufrier. Résultat : “une quinzaine d’euros dépensés pour 48 heures d’utilisation et pas d’encombrement inutile à la maison”.

La solution est proposée depuis trois ans par Les Biens en commun, une petite entreprise lyonnaise d’une dizaine de personnes, portée par une grande ambition : « lutter contre la surconsommation, pour faire face à la raréfaction des ressources et de l’énergie », résume son fondateur, Yann Lemoine. Aujourd’hui, son dispositif est installé dans une vingtaine de résidences, commerces et commerces à Lyon, Grenoble, Paris et Strasbourg.

Fonctionnement 100% autonome

Alors qu’il travaillait chez EDF au début des années 2010, cet ingénieur était convaincu de la nécessité de “diminuer” pensez à un moyen de partager plutôt que d’acheter. «Je me suis inspiré du vélo en libre-service, qui est un vrai succès, et je me suis dit qu’on pourrait reproduire le modèle avec d’autres équipements.», dit-il. Selon une récente enquête réalisée par Ipsos pour eBay, les Français estiment avoir acheté en moyenne 36 objets dont ils n’utilisent pas ou peu.

Pour se démarquer des magasins d’électroménager ou de certains sites internet, qui proposent plutôt de la location longue durée ou du leasing (location avec option d’achat), Yann Lemoine a imaginé un système “tous les jours” : des objets répondant à un besoin bien précis, comme un taille-haie ou un appareil à fondue, un casier installé dans les lieux de vie du quartier, et une application très simple d’utilisation.

Une fois inscrit, identifiez simplement le site le plus proche de chez vous, sélectionnez un produit et une plage horaire, et payez le montant demandé. Sur place, un code vous permet de récupérer votre matériel fourni par les partenaires de l’application, comme le Groupe Seb, Boulanger, Stihl, Kärcher ou Decathlon.

Outre la réduction de l’empreinte écologique, Yann Lemoine vise également un impact économique, puisque l’on peut par exemple bénéficier d’un vidéoprojecteur pendant vingt-quatre heures pour 10 € – contre environ 800 € à l’achat – mais aussi solidaire. « en démocratisant l’accès à des équipements de qualité ».

Après un premier déploiement dans les résidences étudiantes, la start-up a investi dans des entreprises et des commerces, dont l’enseigne de distribution Franprix. «C’est une vraie solution pour nos clients, et nous pouvons espérer capter quelques ventes supplémentaires», explique Thomas Jourdain, responsable innovation chez Franprix, séduit par ce système « 100 % autonome », dont cinq magasins sont équipés à Paris et Villeurbanne. Son plus gros succès : le détacheur vapeur.

Une niche « étroite et fragile »

Cependant, les Biens Communs peinent à se déployer à grande échelle. Dix mois après cette installation – 10 000 € l’unité, ou 190 € via un abonnement mensuel – Franprix enregistre par exemple un total de dix à douze locations par semaine et «seuls quelques sites atteignent lentement l’équilibre». Ce qui n’étonne pas Maud Herbert, professeur de marketing et culture de consommation à l’Université de Lille : « Depuis l’émergence de modes de consommation alternatifs au début des années 2000, le soutien public reste minoritaire. »

En cause, une niche « étroit et fragile », entre le produit quotidien essentiel, qu’il vaut mieux acheter à tous points de vue, et le système non marchand – prêt entre voisins ou demandes de troc – pour le reste. L’avantage de rentabilité peut également disparaître si la location est trop fréquente. Toutefois, si la solution proposée n’est pas également la plus pratique ou la plus économique, “Peu de gens sont prêts à s’y tourner pour des motivations purement écologiques”, explique le spécialiste.

Une option, selon elle : mailler le territoire, oui, mais dans une zone restreinte, et impliquer davantage la communauté des usagers, en leur demandant par exemple d’entretenir eux-mêmes les équipements proposés. «Garder une taille humaine permet également à l’entreprise d’éviter, à long terme, d’entrer en dissonance avec ses valeurs fondamentales. »

 
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