Gestion des strongles digestifs, équilibre entre croissance animale et établissement de l’immunité

Gestion des strongles digestifs, équilibre entre croissance animale et établissement de l’immunité
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La maîtrise du risque « strongyle » nécessite la connaissance des cycles parasitaires, du statut immunitaire des animaux, des outils agronomiques et des antiparasitaires disponibles. Au printemps, avec la mise au pâturage des veaux notamment, il est nécessaire de définir la stratégie à adopter pour la période de pâturage. Un ajustement peut être effectué en été si un épisode parasitaire clinique survient (strongylose pulmonaire par exemple) ou si des événements imprévus ont modifié l’exposition des animaux aux parasites.

Les strongles digestifs des bovins, une influence fondamentale de l’immunité sur l’épidémiologie

Si la liste des strongles digestifs des bovins est longue, deux parasites retiennent principalement l’attention ; Ostertagia ostertagi, strongle de la caillette, est sans doute le plus pathogène, devant Cooperia oncophora, strongyle de l’intestin grêle. Au printemps, la principale Source de contamination est constituée de larves transhibernantes présentes sur les parcelles, dont la survie peut avoir varié en fonction des éléments climatiques (hiver doux et humide). La charge parasitaire initiale est souvent faible et la contamination des pâturages résultera du niveau de recyclage des larves par les bovins, sachant qu’un strongle pond jusqu’à 4 000 œufs par jour pendant 1 à 2 mois. Les veaux sont les principaux facteurs de multiplication, dès 3 semaines après la mise à l’herbe, car ils ne sont pas encore immunisés contre les strongles. À l’inverse, chez un adulte correctement immunisé, seule une larve d’Ostertagia ingérée sur mille deviendra un adulte excréteur.

Le veau en pleine multiplication vers l’âge de 3/4 mois

La période de mise bas va impacter la dynamique de contamination des animaux et des parcelles. Il faut attendre 3-4 mois pour que le veau allaitant acquière une capacité « suffisante » à ingérer de l’herbe pour provoquer une contamination, le lait étant auparavant la base de l’alimentation. Par conséquent, tout veau âgé de 4 mois ou plus lorsqu’il est mis au pâturage aura un potentiel de recyclage maximal. Ces animaux vont rapidement présenter un niveau de contamination élevé et, par contre, acquérir une immunité importante lors de leur 1D année de pâturage. A l’inverse, les veaux plus jeunes (nés à la fin de l’hiver) ont un potentiel de recyclage bien plus faible au printemps et ne seront significativement infestés par les strongles qu’à l’automne mais ne bénéficieront d’une immunité qu’en début d’acquisition.

Gestion essentielle des strongles dans les deux 1rés années de vie du bétail

Un bovin maigrit s’il possède plus de 20 000 parasites et est malade s’il en possède plus de 40 000 (diarrhée, poils épineux, perte de poids…), sachant que l’on peut trouver jusqu’à 150 000 strongles sur un veau. Ces infestations massives doivent être évitées car tout retard de croissance enregistré ne sera jamais totalement compensé et les séquelles, se traduisant par un développement musculo-squelettique réduit, seront d’autant plus importantes que les animaux sont jeunes. Mais le programme de contrôle et de prévention des strongles dépendra également des objectifs de croissance et de la nécessité d’acquérir une immunité. Une gestion différenciée des animaux en fonction de leur devenir est possible ; pour les animaux destinés à l’engraissement, nous privilégierons la croissance, avec des traitements réguliers, et pour les animaux destinés à la reproduction, nous accepterons une contamination modérée permettant l’établissement de l’immunité.

Outils pour votre plan de lutte antiparasitaire : gestion des pâturages et lutte antiparasitaire

Plusieurs stratégies de gestion des pâturages permettent de limiter les risques de contamination : prévention en plaçant les animaux dans une prairie présumée saine (absence de bovins pendant plusieurs mois), fuite en changeant les animaux sur la parcelle avant 3 semaines, ou dilution en diminuant le cheptel. par hectare (moins de 3 UGB/ha) ou par combinaison d’espèces (chevaux, non sensibles aux strongles bovins).

En matière de lutte antiparasitaire, le choix doit intégrer plusieurs facteurs : l’action directe par son efficacité immédiate, mais aussi l’action indirecte liée à la persistance, avec son impact sur le recyclage parasitaire et la contamination des pâturages.

En pratique, un usage préventif d’antiparasitaires lors du désherbage…

L’usage préventif a pour but de retarder la contamination du pâturage, et donc des animaux, en détruisant les larves ingérées et en limitant ainsi le recyclage parasitaire. Cela nécessite un traitement des veaux au moment de la mise au pâturage ou dans un délai maximum de trois semaines après la mise au pâturage avec un anthelminthique ayant une rémanence (durée d’action) suffisante comme des bolus ou des programmes endectocides et un passage des mêmes animaux sur le sol. mêmes parcelles. La charge parasitaire des bovins sera alors limitée en dessous du seuil d’implication zootechnique et suffisante pour l’établissement de l’immunité. Cependant, le traitement en fin de saison de pâturage doit être inexistant ou limité afin de ne pas gêner l’établissement de cette immunité.

…ou préventif et curatif en saison…

Un usage préventif et curatif sera utilisé pendant la saison de pâturage avec une action de destruction des parasites présents et une prévention des contaminations en limitant le recyclage parasitaire grâce à la rémanence du médicament utilisé dans le cadre d’un changement de pâturage. Cela peut être le cas des veaux d’automne après sevrage ou des génisses âgées de 2 ans.e année où le cycle de pâturage change en juin (changement en prairies de fauche déprimées au printemps).

…ou une intervention curative lorsque la prévention est mal maîtrisée

Enfin, l’intervention curative est réalisée lorsqu’un phénomène subclinique ou clinique de parasitisme apparaît alors que la prévention parasitaire est mal maîtrisée car toute attaque parasitaire visible est synonyme de pertes zootechniques. Les benzimidazoles peuvent être indiqués à condition que ce soit dès l’entrée dans l’écurie ou lors du passage dans un pâturage sain (parcelle n’ayant pas été pâturée depuis l’automne précédent). Dans le cas contraire (bétail laissé sur le même pâturage ou déplacé vers une parcelle insalubre), l’utilisation d’anthelminthiques persistants (macrolides) est nécessaire.

Un protocole de traitement différent pour le veau d’automne/le veau d’hiver

En 1D année de pâturage, pour les veaux ayant une capacité de recyclage lors de la mise à l’herbe (veaux âgés de 4 mois et plus), une démarche préventive sera mise en œuvre dès la sortie ou préventive et curative lors du sevrage s’il intervient dans les 3 mois suivant cette mise à l’herbe. herbe. Pour les veaux nés à la fin de l’hiver, un traitement curatif au sevrage est suffisant. En 2e année de pâturage, les animaux nés en fin d’année présentent une immunité en fin d’acquisition (s’il y a eu suffisamment de contacts et pas de traitements excessifs, notamment en fin de saison de pâturage). Un traitement préventif à rémanence à moyen terme (endectocides à verser par exemple) sera suffisant. A l’inverse, les bovins en début d’année bénéficient d’une immunité en début d’acquisition, ils nécessiteront une approche préventive lors de leur mise à l’herbe (type bolus par exemple) ou préventive – curative en juin. La création de lots homogènes d’âge, voire de sexe, facilite cette gestion.

Une démarche raisonnée intégrant des outils agronomiques puis des traitements

Les infestations parasitaires des pâturages nécessitent de comprendre la dynamique d’infestation de l’animal et du pâturage en contrôlant les trois variables : l’hôte, le parasite et l’environnement. Chaque situation est différente et nécessite une consultation avec votre vétérinaire, au moment du Bilan Sanitaire du Bétail par exemple. Ne pas soigner les animaux infestés coûte cher, mais soigner les animaux qui n’en ont pas besoin coûte tout aussi cher ! En 2023, une étude dans le Cantal a mis en évidence une fréquence élevée de résistances de strongles digestifs à l’ivermectine chez les bovins, et dans une moindre mesure à l’oxfendazole. Le plan annuel de lutte antiparasitaire doit prendre en considération l’âge des animaux, le cheptel, les rotations de pâturage, la durée de pâturage, la supplémentation, les traitements, etc. Nous resterons vigilants sur le statut des animaux introduits ou lors de la prise en charge des terres. Vous pouvez vous appuyer sur le « kit strongyle » GDS Creuse et consulter le chapitre parasitisme dans le menu déroulant de la « boîte à outils bovins » de notre site.

Dr Boris BOUBET – GDS Creuse – www.gdscreuse.fr

 
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