devons-nous choisir ? – .

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Léo Van Broeck, président du groupe d’experts en climat de la Région bruxelloise, était l’invité de l’émission « Bonjour Bruxelles » sur BX1 où il a fait une déclaration retentissante. Interrogé sur la performance énergétique des bâtiments bruxellois, il a annoncé que le patrimoine ne pourra être entièrement préservé si la Région veut atteindre ses objectifs d’isolation des bâtiments, partant du principe que « le l’aspect d’une grande partie des bâtiments va changer”. Selon lui, de nombreuses maisons anciennes seront difficiles à isoler et une grande partie de la «petit patrimoine » – nous entendons par là le patrimoine non classé – devra s’adapter, au péril de son intégrité, aux exigences d’isolation thermique des bâtiments. Alors face à ces prédictions apocalyptiques, il serait bon de rappeler plusieurs choses.

La fumée et les miroirs de la rénovation énergétique

Rappelons d’abord que l’écologie du bâtiment se calcule aujourd’hui à l’aide du certificat PEB qui prend en compte la nature du système de chauffage d’un bien et son degré d’isolation. Ces valeurs résument à elles seules, aux yeux des instances décisionnelles, si un bien est «respectueux de la nature” ou non. Et pourtant, ils donnent une fausse image de la véritable écologie des bâtiments pour la simple raison qu’ils omettent l’essentiel : l’énergie grise consommée par l’acte de construire, l’obsolescence galopante des nouveaux bâtiments, sans parler du transport international des matériaux de construction. et les innombrables défauts de l’architecture en béton armé. Ces problèmes ne seront résolus qu’au prix d’un changement profond du système économique qui doit revoir l’ordre de ses priorités : le local avant le global, la préservation plutôt que la démolition, le durable contre l’éphémère.

« Énergie grise »

Deuxièmement, la majorité (60 à 90 %) de l’empreinte carbone des nouvelles constructions provient de leurs phases de construction et de démolition. Cependant, ce «énergie grise » n’a pas encore été prise en compte. Il s’ensuit que le bâtiment le plus écologique est indéniablement le bâtiment existant puisqu’il a le mérite d’exister et d’être «neutre en carbone”, et ce depuis longtemps ! Le patrimoine bruxellois devrait donc, à cet égard, bénéficier d’un coefficient écologique favorable. En effet, la performance est souvent mise en avant au détriment de la durabilité et de la résilience des bâtiments. Les bâtiments anciens, de par leur caractère bioclimatique, offrent une durabilité et une résilience bien supérieures à celles des bâtiments modernes.

Troisièmement, les dispositifs d’isolation contemporains, notamment ceux utilisant des isolants chimiques comme le polystyrène expansé ou le polyuréthane, sont parfaitement étanches. Il en va de même pour les fenêtres PVC fabriquées industriellement qui ne contiennent pas les dispositifs d’évacuation de l’humidité des charpentes artisanales en bois, et qui augmentent dangereusement l’humidité ambiante. Lorsque des isolants imperméables ou des enduits de ciment recouvrent un bâtiment de conception traditionnelle (brique, pierre, terre ou bois), ils empêchent l’évaporation de l’humidité intérieure et provoquent la pourriture des structures. L’humidité est emprisonnée dans l’enveloppe isolante si bien qu’au bout de quelques années, le bâtiment traditionnel se dégrade sérieusement.

Une étude sème le doute sur les solutions isolantes actuelles

A noter que la majorité des isolants fabriqués récemment ne sont pas biosourcés et que l’isolation par l’extérieur des bâtiments anciens fait des ravages. Il est grand temps d’agir pour inverser la tendance et promouvoir des pratiques de construction et d’isolation plus saines, plus durables et plus respectueuses de l’environnement.

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Des chercheurs de Cambridge observent que l’isolation des bâtiments ne réduit la consommation d’énergie que pendant la première ou les deux premières années, tandis que toutes les économies d’énergie disparaissent quatre ans après la rénovation.

Les bâtiments traditionnels (élément majeur du patrimoine) reposent sur la respiration naturelle et l’autorégulation de l’humidité ambiante. La rénovation énergétique repose au contraire sur la suppression des ponts thermiques et l’étanchéité des constructions. Ces deux logiques sont antagonistes ; ils ne peuvent pas vivre ensemble. Il appartient non seulement aux pouvoirs publics de décourager mais aussi d’interdire strictement l’utilisation de ces méthodes d’isolation sur les bâtiments anciens (définis légalement comme des bâtiments d’avant 1948).

Cerise sur le gâteau : une étude récente publiée par l’université de Cambridge met en doute les solutions isolantes actuelles (1). Des chercheurs de Cambridge observent que l’isolation des bâtiments ne réduit la consommation d’énergie que pendant la première ou les deux premières années, tandis que toutes les économies d’énergie disparaissent quatre ans après la rénovation.

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Ces facteurs, dénoncés depuis longtemps, doivent être intégrés dans notre vision économique. Il est désormais nécessaire que les marchés publics évoluent vers l’intégration de clauses éthiques et environnementales, avec un accent particulier sur la durabilité. Il faut sortir de l’époque où l’optimisation prédominante se construisait sur la pauvreté des interactions, pour entrer dans une société durable, fondée sur la richesse et la diversité des liens.

Étudier avant d’agir

En conclusion, nous appelons à l’étude des bâtiments anciens avant de promouvoir des solutions écologiques à court terme. Selon l’architecte Lucien Kroll, «aujourd’hui, parmi les quinze mille matériaux de construction recensés, moins d’une centaine sont considérés comme acceptables. Dans ce contexte, il est impensable que l’architecture reste inchangée, comme elle l’est depuis soixante-quinze ans. » Les experts devront surtout s’attacher à comprendre les solutions écologiques ancestrales avant de chercher à les réformer. Le nombre insuffisant de spécialistes et le manque de communication entre les différents acteurs de la rénovation (investisseurs, architectes, artisans, experts et restaurateurs) rendent difficile l’application à grande échelle des connaissances pratiques en matière de conservation des bâtiments.

(1) Cristina Peñasco et Laura Díaz Anadón, « Évaluation de l’efficacité des mesures d’efficacité énergétique dans la consommation de gaz du secteur résidentiel grâce à des effets de traitement dynamiques : données probantes d’Angleterre et du Pays de Galles », Energy Economics, Volume 117, janvier 2023, (disponible ici).

 
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