L’observatoire dans un trou noir

L’observatoire dans un trou noir
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Ce sont des collègues de Radio-Canada Mauricie qui ont été les premiers à annoncer la nouvelle, mardi. Le Cégep de Trois-Rivières a confirmé qu’il doit renoncer à son projet d’observatoire astronomique transformé en centre scientifique, faute de financement.

Le projet, rappelons-le, a vu le jour dans un contexte de fermeture de l’observatoire du Cégep de Champlain, devenu vétuste et ne répondant plus aux besoins de l’institution. L’établissement d’enseignement, plutôt que de simplement fermer ses portes et tourner la page de plusieurs décennies d’histoire scientifique, travaillait sur un projet de nouvel observatoire sur un terrain situé à l’entrée du parc fluvial. Batiscan.

Le projet en question, initialement estimé à 11,3 millions de dollars, comprenait un pavillon comprenant un observatoire équipé d’un télescope scientifique à la fine pointe de la technologie et des locaux multifonctionnels qui auraient pu servir à des activités d’interprétation ou d’enseignement. Nous souhaitions aménager le terrain autour de l’observatoire pour accueillir des astronomes amateurs et favoriser la tenue d’activités expérientielles multidisciplinaires adaptées à la clientèle jeune. En tant qu’équipement scientifique, le lieu devait d’abord répondre aux besoins des étudiants collégiaux ou universitaires.

Cette nouvelle conception de l’observatoire provoqua sa chute. Les coûts plus élevés – on parle désormais de 15 millions – rendent le montage financier plus difficile. Et du côté gouvernemental, c’est au niveau fédéral qu’on semble incapable de l’inclure dans les cases des programmes disponibles pour l’aide financière.

Mais comment se fait-il que nous ne parvenions pas à financer un projet qui combine des caractéristiques éducatives, scientifiques et touristiques ? Comment, en tant que société, refuser de soutenir financièrement un projet qui contribuerait à la formation de futurs chercheurs et qui, en même temps, pourrait éveiller les enfants à la culture scientifique ?

Un centre d’observation comme celui prévu au parc de la rivière Batiscan aurait pu contribuer à attiser les passions. Peut-être qu’un élève du primaire qui l’a fréquenté aurait voulu devenir un David St-Jacques, un Carl Chastenay, une Farah Alibay.

Pourtant, avant la pandémie, le projet de centre scientifique suscitait beaucoup d’enthousiasme. Ou plutôt avant le changement de direction au Cégep de Trois-Rivières. Parce qu’on ne ressent plus du tout la volonté que l’institution trifluvienne gère ce dossier.

Il convient de rappeler à la direction actuelle que le projet servirait d’abord à remplacer des installations vétustes dont le Cégep a grandement bénéficié – pour le volet astronomie de son programme de physique – et dont il est depuis longtemps très fier.

S’il est vrai que le volet touristique ou les activités scientifiques dépassent le cadre habituel de responsabilités d’un établissement postsecondaire, on aurait pu trouver un modèle de cogestion. Il y a des élus motivés et prêts à travailler là-dessus. Et il y a fort à parier que des partenaires auraient accepté de se joindre à l’aventure.

Mais là, on ne prend même plus la peine de rêver à ce modèle différent. Au lieu de tourner la tête vers les étoiles, nous nous mettons la tête dans le sable, prenant le projet lui-même et l’enfouissant comme il se doit.

S’il avait abouti, ce projet de Centre des Sciences aurait pu constituer un extraordinaire outil de développement pédagogique et touristique. Les attractions axées sur le tourisme scientifique sont rares dans la région. Avec, par exemple, la Cité de l’énergie à Shawinigan, le Centre de la biodiversité à Bécancour et Boréalis à Trois-Rivières, le Centre des sciences dédié à l’observation et à l’interprétation astronomique aurait pu devenir un complément intéressant dans l’offre touristique régionale. Les bénéfices ont été initialement estimés à 3,2 millions de dollars.

Alors, reste-t-il un espoir quelque part ? À la MRC des Chenaux, où nous avions réservé une enveloppe d’un million de dollars pour soutenir le projet, on se dit déçu de la tournure des événements. Mais comme nous avions fixé une date d’expiration pour cette aide financière et qu’elle est passée depuis le mois dernier, les fonds seront affectés à d’autres besoins. Si le projet venait à ressusciter, on peut espérer que la MRC puisse renouveler son engagement.

Et le provincial dans tout ça ? Sonia LeBel était allée assez loin dans son engagement envers le projet. Lors de la campagne électorale de 2022, elle s’est engagée à soutenir le Cégep de Trois-Rivières en vue de la construction du Centre des sciences au parc de la rivière Batiscan.

Petit retour en arrière. Septembre 2022. Sonia LeBel, candidate à un second mandat comme députée de Champlain, déclare ceci : « Je travaille en étroite collaboration avec le Cégep de Trois-Rivières depuis plusieurs mois afin de mener à terme ce projet qui, à mon avis, constituera un produit d’attrait majeur pour le tourisme dans la région. En plus d’attirer encore plus de familles au parc de la rivière Batiscan et à la MRC des Chenaux, nous ferons la promotion des sciences naturelles afin d’éveiller la curiosité des jeunes, et qui sait, peut-être les amener à choisir une carrière dans ce domaine qui a vraiment besoin il. C’est un projet prometteur et gagnant à plusieurs niveaux. J’ai l’intention d’en faire une priorité si les citoyens de Champlain me font confiance pour un deuxième mandat.

Les citoyens de Champlain lui faisaient confiance. Malheureusement, l’intérêt du cégep a diminué d’un cran. Mais si elle reste convaincue que cela pourrait constituer un « produit d’attractivité majeur pour le tourisme dans la région » et qu’il s’agit toujours d’un « projet prometteur et gagnant à plusieurs niveaux », alors la députée – qui est également présidente du Conseil du Trésor – pouvait prendre le bâton du pèlerin, ramasser les morceaux et remettre tout le monde autour de la même table.

Et il faudrait alors que son homologue fédéral comme député local, François-Philippe Champagne, se montre un peu plus disposé à ouvrir des portes qu’on semble aimer fermer quand on arrive avec des projets extraordinaires.

De tels projets sont rares dans des milieux essentiellement ruraux. Il n’est pas impossible de penser que s’il s’agissait d’un projet porté par une grande institution de Toronto ou de Montréal, le financement serait déjà attaché et les deux gouvernements auraient mis leur participation sur la table sans se plaindre.

Imaginons un instant l’événement qui aurait pu être créé à cet endroit lundi dernier, pour observer l’éclipse. Imaginons les visites scolaires qui pourraient être proposées dans de tels établissements. Imaginons les soirées d’août pour observer les Perséides. Imaginons les expositions interactives qui pourraient être déployées pour répondre aux besoins d’une clientèle touristique curieuse.

Avec un peu d’imagination, on peut rêver d’un lieu unique, doté d’une triple mission et porté par un groupe de partenaires qui y croient vraiment. Il faut qu’un leader se lève pour bousculer un peu le ton avec le nouveau PDG du Cégep et relancer le projet.

Ce centre scientifique doté d’un observatoire ne doit pas mourir du simple statut d’étoile filante.

 
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