Comment le « boson de Higgs » a relancé le débat autour de l’existence d’un Dieu créateur

Comment le « boson de Higgs » a relancé le débat autour de l’existence d’un Dieu créateur
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Avec le boson de Higgs, faut-il encore croire en Dieu ? Cette question émerge timidement dans la presse internationale le 4 juillet 2012, alors que l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN) vient d’officialiser la découverte. Considérée comme la clé de voûte de la structure fondamentale de la matière, cette particule élémentaire – qui donne sa masse à bien d’autres – était une prédiction théorique lancée quarante-huit ans plus tôt, notamment par le physicien Peter Higgs (1), prix Nobel de physique en 2013. et dont nous avons appris le décès lundi 8 avril à l’âge de 94 ans.

Largement saluée par la communauté scientifique, l’annonce de cette avancée a également cristallisé l’inquiétude dans les milieux chrétiens conservateurs, notamment aux Etats-Unis, où les thèses créationnistes restent relativement créditées. En cause, leur crainte que cette nouvelle découverte – vue plutôt comme corroborant la théorie du « big bang » – soit invoquée pour rejeter l’existence d’un Dieu créateur.

“Le boson de Higgs est un clou dans le cercueil de la religion”, a soutenu un chercheur d’Oxford, Peter Atkins, en juillet 2012 sur la BBC. Lawrence Krauss, physicien théoricien à l’Arizona State University, pensait que cette particule “pose une nouvelle histoire de notre création”, indépendant d’un créateur surnaturel.

La « particule divine »

Dans le souci de vulgariser cette découverte, le « boson de Higgs » s’est d’ailleurs régulièrement vu attribuer un surnom pouvant prêter à confusion : celui de “Particule de Dieu”. Elle le doit notamment à sa nature – le boson étant présent partout, tout en étant particulièrement insaisissable – mais surtout à un jeu de mots en anglais du physicien Léon Lederman. Prix ​​Nobel en 1988, ce dernier l’avait en effet qualifié de “Putain de particule” (« foutue particule »), un nom qui a ensuite été abrégé en “Particules de Dieu” (« Particule de Dieu ») dans l’un de ses ouvrages de vulgarisation scientifique sur le sujet. À plusieurs reprises, Peter Higgs, lui-même athée, s’était opposé à l’utilisation de ce surnom, de peur d’offenser les croyants.

A la croisée de la religion et de la science, le débat avait alors atteint Rome. Astrophysicien à l’Observatoire du Vatican, dont il devient directeur en 2015, le jésuite Guy Consolmagno a tenu à rappeler que l’expression “Particule de Dieu” était une blague. Selon lui, la religiosité du terme pourrait tout au plus être comprise comme un “don de Dieu pour aider à expliquer comment fonctionne la réalité dans le monde des particules élémentaires.”

« Mauvaise raison de croire en Dieu »

« Cette façon de combler nos lacunes avec Dieu n’est pas seulement une mauvaise raison de croire en Dieu, mais c’est aussi une mauvaise science. » a encore soutenu le chef religieux, avant de saluer publiquement cette découverte scientifique majeure.

Dans un article publié le 6 juillet 2012, l’hebdomadaire catholique La vie a cité, dans un registre plus spirituel, un tweet du pasteur anglais Nicky Gumbel, fondateur de Parcours Alpha, qui exhortait alors « honorer les scientifiques qui ont découvert la particule divine… en adorant le Dieu qui l’a créée comme eux. »

(1) Avec François Englert et Robert Brout.

 
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