Impact paradoxal de la baisse de la pollution sur la température globale – rts.ch

Impact paradoxal de la baisse de la pollution sur la température globale – rts.ch
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La baisse des niveaux de pollution pourrait avoir contribué de manière significative à la hausse des températures mondiales entre 2001 et 2019, selon une étude publiée mercredi dans la revue Communications Earth & Environment. Le phénomène pourrait s’expliquer par une réduction de la nébulosité provoquée par les mesures anti-pollution. Toutefois, des incertitudes demeurent quant à l’ampleur du phénomène. Explications :

Les émissions de gaz à effet de serre et l’avènement d’un épisode de type El Niño ont influencé de manière significative la température mondiale en 2023, l’année la plus chaude sur Terre depuis le début des mesures. Mais ils ne peuvent à eux seuls expliquer les augmentations observées. Les bilans radiatifs et l’albédo terrestre ont également joué un rôle.

Evolution de la température moyenne globale depuis le début des mesures, par rapport à la moyenne 1850 – 1900 [OMM/NASA]

Depuis le début du XXIe siècle, les scientifiques observent que la planète réfléchit moins le rayonnement solaire, comme si elle était devenue plus sombre. Les instruments CERES (Clouds and the Earth’s Radiant Energy System) installés sur différents satellites ont montré une diminution de la lumière solaire réfléchie par la Terre depuis 2015. Plus précisément, le rayonnement solaire absorbé en 2015-2019 était supérieur de 0,99 W/m 2 à celui sur la période 2005-2015). Depuis janvier 2020, le déséquilibre est encore plus important (1,29 W/m 2 ).

Evolution entre 2000 et 2023 de la part de l’énergie solaire absorbée par la Terre par opposition à la part directement restituée à l’Espace [NASA/James Hansen]

L’augmentation de ce déséquilibre des bilans radiatifs ne s’est pas produite par une modification de l’irradiation solaire (qui a également eu tendance à diminuer ces dernières années). Cela ne peut pas non plus être la conséquence de la régression de la banquise ou de l’éruption volcanique du Hunga Tonga début 2022, qui ont injecté d’importantes quantités de vapeur d’eau dans l’atmosphère (ndlr : la vapeur d’eau est le premier gaz à effet de serre). C’est probablement lié à un changement d’albédo :

L’albédo est très élevé pour les surfaces lumineuses qui réfléchissent la lumière du soleil, comme la glace ou la neige, mais aussi pour la couverture nuageuse, notamment le sommet des nuages ​​bas. A l’inverse, elle est très faible pour les surfaces sombres, les plantes ou les océans.

Selon une étude publiée la semaine dernière dans la revue Communications Earth & Environment, les changements d’albédo peuvent s’expliquer en partie par la diminution des taux de pollution.

En effet, les aérosols générés par la pollution ont un albédo relativement élevé, du fait de leur capacité à réfléchir la lumière dans l’espace. Ils peuvent également augmenter le nombre de gouttelettes dans les nuages, les rendant plus brillants ou leur permettant de rester plus longtemps dans l’atmosphère.

Selon Øivind Hodnebrog, modélisateur au Centre norvégien de recherche internationale sur le climat, qui a dirigé les travaux des auteurs de l’étude, la réduction des niveaux de pollution dans l’atmosphère aurait eu un effet de réchauffement. Le phénomène expliquerait même 40 % des évolutions des bilans radiatifs observées entre 2001 et 2019.

La baisse des taux de pollution n’est pas la seule cause

La baisse des taux de pollution a joué mais d’autres facteurs ont également été déterminants dans l’évolution de l’albédo : la fonte des neiges et des glaces par exemple ou le réchauffement qui a fortement contribué à la dissipation des nuages ​​bas au-dessus. au-dessus des océans, pour laisser place à des surfaces marines plus sombres. Il faudra donc continuer les recherches pour comprendre l’ampleur du phénomène, expliquent les auteurs de l’étude.

Mais rien n’est gagné, explique Norman Loeb, chercheur principal au Langley Research Center de la NASA. Quatre des six instruments du programme CERES équipent les satellites Aqua et Terra qui n’ont plus que quelques années de vie.

Le cinquième est installé sur un satellite qui ne sera plus en service à la fin de la décennie. Il ne devrait rester à terme qu’un seul instrument sur le satellite météorologique NOAA-20, la mise en service d’un satellite de remplacement n’étant pas prévue avant 2028. La continuité des observations n’est pas garantie…

Philippe Jeanneret

 
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