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Brest et ses sportifs s’invitent sur le toit de l’Europe

Jamais auparavant la ville n’avait connu deux succès simultanés de ce genre. Pas même lorsque les hockeyeurs dominaient la Ligue Magnus (champions de en 96 et 97), ni lorsque L’Étendard accédait au Pro A en 2005. Mieux encore, Brest apparaît dans le cercle très fermé des villes françaises pouvant accueillir deux clubs en reine des compétitions européennes dans leur discipline, aux côtés de Paris, Lyon, Monaco ou Montpellier.

Année ultime et olympique

Et derrière ? Il suffirait de compter le nombre de sportifs invités à la mairie ces derniers mois pour juger de la qualité du millésime. Toute l’équipe SB29, après sa troisième place au championnat, a été naturellement à l’honneur, tout comme le cycliste Valentin Madouas, d’abord pour ses exploits sur le Tour de France, puis avec les médaillés olympiques de Brest : le footballeur Bradley Locko, les handballeuses Pauletta Foppa, Alicia Toublanc, Cléopatre Darleux et Camille Lassource, la basketteuse Marième Badiane et encore la nageuse paralympique Emeline Pierre, médaillée d’or qui a remercié sa ville d’adoption, Brest, à peine sorti de la poule olympique.

La mairie aurait aussi pu voir Fabien Causeur, une nouvelle fois titré en basket avec Madrid, Griedge Mbock, pilier de l’équipe de France de football, Ben Carpentier, champion de France, d’Europe et du monde de sup surf lors des deux dernières saisons… Et encore tout le peloton de l’Arkéa Ultim Challenge, cette folie qui a remis Brest à l’avant-garde de la course au large. Pour exagérer, on pourrait même rappeler que si l’Espagne a remporté l’Euro de football, c’est avec Robin Le Normand, largement formé à… Brest, évidemment !

Ce qui se passera ensuite, c’est la glorieuse incertitude du sport qui se chargera de l’écrire. Mais on constate qu’au moins deux prétendants (Thomas Coville et François Gabart) devraient se lancer à la conquête du Trophée Jules Verne dans les prochaines semaines, alors que le Tour de France féminin fera étape à Brest l’été prochain. De quoi, quelle que soit l’issue des aventures européennes des footballeurs et handballeurs et en attendant la construction du futur Parc Arkéa, pour maintenir Brest au cœur de l’actualité sportive.


« Il y a une vraie culture sportive dans la ville »

Adjoint chargé des sports à la Ville de Brest, Patrick Appéré se félicite de la « parenthèse dorée » que vit le sport brestois. Même s’il ne cache pas son inquiétude quant au financement des équipements de quartier.

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Patrick appéré, sports assistant for the city of Brest (Le Télégramme / Pierre Chapin)

Que peut apporter à la ville le succès actuel du sport brestois ?

« Une sacrée notoriété ! J’ai été élu président d’Andes, l’association nationale des députés responsables des sports, où sont représentées 8 000 communes. Eh bien, on ne me parle que du Stade Brestois ! La France entière aime cette histoire du Petit Poucet, qui réussit non pas par hasard, mais par son talent et son envie. Et puis les réussites des pros ou des athlètes olympiques renvoient l’envie de haut niveau, de réussite, même dans le monde amateur. Regardez la médaille d’or d’Émeline Pierre en natation paralympique, cela donne beaucoup d’élan à son club (le Cercle des nageurs Brestois), qui a passé la barre des 1 000 adhérents. Et un esprit positif dans toute la ville.

Comment expliquer ces succès ?

« Cela tient en grande partie à Gérard et Denis Le Saint, au Stade et au BBH (Brest Bretagne Handball). Mais c’est aussi une question de réseaux, ce que François Cuillandre a tout de suite compris et encouragé. L’éloignement de Brest des grands centres de décision nous oblige à travailler ensemble pour réussir. Dans le salon VIP du Stade ou au BBH, après le match on retrouve le monde économique, des élus, des représentants de la Marine Nationale, des associations… Chacun discute et fait ressortir les bonnes idées. C’est aussi dans ces moments-là que nous construisons notre ville. Nous pouvons être fiers de nos troisièmes mi-temps.

Le succès du BBH et du Stadium est en grande partie dû aux frères Le Saint. N’est-ce pas un risque pour l’avenir ?

” Certainement pas. Le Stade Brestois compte plus de 650 partenaires. Au BBH, ça doit être 450. Regardez le PSG dans le football : si le Qatar part demain, c’est mort ! Idem à Rennes. Ici, on a affaire à des capitaines d’équipe qui savent rassembler et construire, qui ne sont pas du tout dans une logique de possession des clubs.

Le BBH et le Stade Brestois sont au sommet. Y a-t-il de la place pour un troisième club professionnel de haut niveau à Brest ?

« Mais nous l’avons, avec le Pôle France de voile ! Après, il pourrait y avoir l’Albatros au hockey, mais ils ont besoin de plus d’argent privé pour y arriver. Et en basket, le BMB (Brest Métropole Basket) pourrait au moins avoir le niveau de National 1. Il faut aussi de la place pour ça. Aujourd’hui, le BMB joue en Provence devant 3 ou 400 personnes, c’est compliqué. Nous travaillons au remplacement du gymnase de Kerichen, d’une capacité de 1 200 places. Notre modèle est le suivant : un club doit trouver son financement, nous créons les conditions pour accueillir au mieux le public et les partenaires qui peuvent assurer ce financement. On l’a fait au Blé, à l’Arena, on vient aussi de le faire à la patinoire pour l’Albatros. Après, les partenaires sont toujours un peu les mêmes, et le Stade et le BBH assèchent un peu les autres. Ce n’est pas facile, mais nous devons continuer à travailler.

Et le monde amateur : se porte-t-il aussi bien à Brest, alors que de nombreuses infrastructures vieillissent et que les piscines sont saturées ?

« Il existe une véritable culture sportive dans la ville, avec 270 associations, 120 disciplines différentes, des milliers d’encadrants bénévoles. Après, au sujet des infrastructures, oui, je tire la sonnette d’alarme, mais comme le font tous les députés chargés des sports en France. Il faut du matériel structurant, car le monde amateur souffre. Le problème, c’est l’argent. Nous allons travailler sur les piscines Foch et Recouvrance sur le volet énergétique : c’est 2 à 3 M€ chacune. Avec cela, nous n’avons plus les moyens d’investir dans une nouvelle piscine. Le problème, c’est que le sport représente 0,15% du budget de l’Etat. Avec les Andes, nous demandons d’aller à 1%. Et 1 € dépensé dans le sport, c’est sans doute 2 € de moins à dépenser pour la sécurité, 3 pour la santé.

 
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