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Le club de de Troyes s’attaque aux stéréotypes dans les stades pour mieux accueillir ses supporters

« On avait peur d’être vandalisés, mais ça s’est plutôt bien passé », souffle Mathias Barbera, directeur des communications et du marketing à l’Estac. Depuis le 29 octobre et le match de Ligue 2 entre Troyes (Aube) et Pau (Pyrénées-Atlantiques), les spectateurs du stade de l’Aube peuvent utiliser gratuitement des protections périodiques dans les toilettes de l’enceinte, dispositif qui existe déjà dans divers lieux publics, notamment certains établissements scolaires, mais qui est inédit dans un stade de professionnel en . « Nous allons le lancer au siège pour nos salariés, mais aussi dans la partie accueil (les loges et salons privés), et sur le site de l’association (la partie amateur) pour les femmes », ajoute Mathias Barbera.

Cette initiative est la première à aboutir, mais s’inscrit dans un travail plus large en faveur de l’inclusion des femmes dans les stades, combat mené avec l’association Her Game Too France et son ambassadrice après de l’Estac, Laura Bettex « C’est une un besoin essentiel au même titre que le savon pour se laver les mains », souligne-t-elle.

Avant de s’engager comme bénévole, le trentenaire était déjà supporter du stade de l’Aube depuis l’âge de 10 ans. « J’ai tout vécu, le plus haut comme le plus bas ! », sourit-elle. Passée par de nombreux clubs de supporters (Magic Blue Boys, Tricasses Fans, Fair Play 10), elle continue de suivre avec passion son équipe en famille dans la tribune de Vitoux, ou même régulièrement sur la route. De quoi lui donner une grande légitimité pour intervenir dans la lutte contre le sexisme en tribunes. « C’était un des critères de mon recrutement : être abonné, présent à la majorité des matches, et avoir une certaine proximité avec le club », souligne Laura Bettex.

Le public le plus féminin de France pour les clubs de football professionnels

Son objectif : lutter contre des comportements qui n’ont pas (ou plus) leur place au stade. « Au niveau national, nous constatons depuis le début de l’année une multiplication des signalements concernant des fouilles de visiteurs, pour le moins maladroites, mais pour certaines vraiment approfondies. Cela devient une agression sexuelle aux mains errantes », déplore Laura. Autres faits recensés : agressions contre des femmes par des supporters ivres, gestes déplacés lors de mouvements de foule à la buvette ou après un but en tribunes… ou tout simplement des propos sexistes envers des spectatrices qui ont du mal à trouver leur place au stade. ” Comme Ta place, elle n’est pas là, elle est dans la cuisineou Tu peux venir t’asseoir sur mes genoux si tu veux, il y a de la place !…. C’est un grand classique, je l’ai déjà entendu à Troyes », raconte Laura. « Cela peut paraître anodin, mais ce n’est pas le cas. Une femme vient voir le match de la même manière qu’un homme, et elle ne veut pas entendre ça, on ne l’accepte plus », insiste-t-elle. Des éléments qu’elle a pu récemment rappeler aux collaborateurs les jours de match lors d’un premier briefing, en amont d’une réunion plus approfondie dans le futur.

Bénéficiant du public le plus féminin de France parmi les clubs de football professionnels selon une étude dévoilée par la Ligue en 2023 (27% de spectatrices contre une moyenne nationale de 17%), l’Estac se devait de saisir le ballon dans la lutte contre les inégalités de genre. violence, selon son directeur marketing. «C’est un sujet important qui fait partie du sauvegardeun terme difficile à traduire qui évoque la protection des personnes, notamment des mineurs et des plus vulnérables », explique Mathias Barbera.

Cette politique a été mise en œuvre par le City Football Group dans chacun de ses 13 clubs détenus en totalité ou en partie, comme Manchester City (la société mère) mais aussi l’Estac. La prévention, la sensibilisation et les moyens d’action doivent permettre d’identifier les alertes des témoins ou des victimes, y compris les mineurs. « Nous avons beaucoup de jeunes en pension complète au centre de formation. Il y a beaucoup de situations, en match ou dans les vestiaires, où ils peuvent être confrontés à des situations anormales, et il faut en parler”, note-t-il.

Sanctions, campagnes de sensibilisation et autres actions

Sous la houlette d’une unité dédiée à Manchester (Royaume-Uni), chaque collaborateur et éducateur est désormais correctement formé. Des QR Codes ont notamment été installés dans tout le stade, au siège administratif et au centre d’entraînement, pour envoyer de manière anonyme et immédiate un questionnaire aux arbitres. “Il peut y avoir des problèmes tous les jours, que ce soit avec un gars qui a trop bu, avec des supporters visiteurs ou avec les nôtres, ou encore avec des hôtesses qui peuvent être agacées”, anticipe Mathias Barbera. « Certains faits sont parfois légers et nécessitent un simple dialogue. D’autres peuvent déclencher des procédures. »

Une position ferme que le club a appliquée par des sanctions individuelles aux joueurs (amendes) et supporters (jusqu’à 18 mois de suspension commerciale du stade) impliqués dans des lancers de fumigènes lors du match entre Troyes et Valenciennes, le 3 mai 2024, au stade de l’Aube. Mais aussi en défendant une joueuse de sa rubrique e-sport, victime de propos sexistes de la part d’un commentateur. “Nous nous sommes tenus aux côtés de notre concurrent pour dire que nous condamnions ces propos inacceptables”, ajoute-t-il.

L’Estac applique également cette posture sur ses réseaux sociaux. « Nous sommes accompagnés par la solution d’intelligence artificielle Bodyguard, qui garantit la protection de notre réputation et de notre communauté en masquant systématiquement les contenus hostiles, voire discriminatoires et haineux. Cela représente 4 à 5 % des messages dans l’année, plus de 10 % dans les périodes difficiles », ajoute Mathias Barbera. Parallèlement, des campagnes de sensibilisation à une attitude bienveillante sont menées auprès du grand public sur les écrans, par la voix de l’intervenant ou par email.

De l’organisation de journées événementielles autour d’Octobre Rose ou des droits des femmes, en passant par des séances de sport pour les femmes, en passant par un projet de « zone sécurisée » pour que les personnes en difficulté puissent trouver le calme et la tranquillité… « Nous souhaitons que la démarche féminine soit pleinement intégrée au sein du club, » conclut Mathias Barbera.

 
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