Guirec Soudée est pressé. Il a déjà relevé de nombreux défis en mer en faisant de la voile et même de l’aviron. Seule ou avec Monique, sa poule autour des deux pôles. Le 10 novembre, il s’élancera seul dans sa nouvelle aventure sur un Imoca : « J’ai des fourmis dans les jambes parce que j’y pense depuis longtemps. Même lorsque j’étais à bord de mon premier voilier, avec Monique, j’avais l’objectif d’y parvenir.
Et celui qui habite sur l’île d’Yvinec, sur la commune de Plougrescant, a plein de projets : « Ça ne s’arrêtera pas au Vendée Globe : j’ai beaucoup de projets. De temps en temps, j’essaie de me recentrer sur l’objectif du moment mais c’est trop pour moi, j’ai déjà envie de savoir la suite.
“C’est long à parcourir”
Soudée est active, boulimique de l’aventure… Il faut que ça bouge. Il aime se challenger, c’est vital : « Il y a une chose qui est très dure pour moi depuis que j’ai commencé ce projet : c’est long à démarrer. Toutes les aventures que j’ai lancées auparavant, elles ont commencé très vite, une fois l’idée venue. Après, ce temps dont je disposais avant la course est important, voire essentiel.
Car au-delà du défi personnel, le Vendée Globe reste une compétition intense : « J’ai envie de raconter des choses, de vivre des émotions. Je ne dis pas que je n’en fais pas l’expérience, mais cela ne me suffit pas. C’est comme l’aviron : en arrivant dans les Caraïbes, je savais déjà que je ne pouvais pas m’arrêter là. Pour bien faire, il faudrait un Vendée Globe chaque année (rires)… »
L’aventurier découvrira cette course qui dure entre deux et trois mois. Peut-être qu’à son retour aux Sables d’Olonne, il aura besoin de se poser.
Rencontre avec Éric Dumont
C’est une rencontre qui l’a amené à cette ligne de départ : « Il ne m’était pas venu une seule fois à l’esprit qu’un jour j’y participerais. C’est lors de mon escale à Saint-Barthélemy, en 2014-2015, que j’ai rencontré Éric Dumont, qui a fait deux Vendée Globes (4e en 1996 et abandon en 2000), qui a vécu quelques aventures ».
Sur son premier voilier, Yvinec 1, il l’invite à naviguer et les deux marins échangent : « Il m’a parlé de ses navigations au large, de son Vendée Globe. Cela me paraissait fou. Et il m’a dit : « Nous ne nous connaissons pas depuis longtemps mais je vois comment vous travaillez et le Vendée Globe est une course faite pour vous ». J’ai répondu : « La course ? Mais non, ce n’est pas fait pour moi ! L’aventure oui mais pas la course. Plus tard, le jeune Costaricain a compris que « le Vendée Globe est une aventure. Quand j’ai entendu tout ce qui lui était arrivé… Cela ne m’a jamais quitté.
Audigane, Jourdain, Douguet…
Dix-septième de La Transat CIC, entre Lorient et New York, mais deuxième bateau à dérives droites derrière Tanguy Le Turquais, il a vite appris. Cet ancien véliplanchiste s’est bien préparé à cette nouvelle aventure : « Contrairement au côté course pur et dur, où j’ai des défauts par rapport aux autres, je me suis bien entouré. Toutes ces années où je n’ai pas fait de Mini, de Figaro… J’ai dû travailler dur et je me suis dit que le mieux était de faire de la voile avec des gens qui avaient des compétences dans ce domaine : Sébastien Audigane, un super marin, Bilou (Roland Jourdain) qui avait beaucoup d’expérience en Imoca, et Corentin Douguet a un très bon côté routage/météo. On a beaucoup parlé, tout le monde a joué le jeu. Ils ont vu que j’étais super motivé et qu’il y avait peut-être moyen de tirer quelque chose de ce « petit Breton de 22 ans » », explique-t-il dans un large sourire.
“C’est bien d’avoir peur parfois, ça évite de faire des bêtises”
C’est avec humilité qu’il se lance dans son premier Vendée Globe mais avec envie et détermination : « Mentalement, je suis prêt. Et le préparateur mental, c’est moi (rires) ! On me demande souvent si j’ai un préparateur mental mais non : je n’en ressens pas le besoin. C’est bien d’avoir peur de temps en temps, ça évite de faire des bêtises. Car comme le dit ce désormais père de deux enfants : « Ce qui est dur, c’est de laisser mes deux enfants par terre. Mais je suis tellement bon dans ce que je fais. Avant, j’avais beaucoup moins d’attaches : je partais, j’étais seul. Maintenant, je sais que je ne suis plus seul sur Terre et cela me donne envie d’aller plus vite pour rentrer à la maison mais aussi d’être plus prudent. Le premier objectif de cet aventurier devenu skipper professionnel est déjà d’en faire le tour complet.
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