Vingt-trois départs en Coupe du monde, cinq podiums dont une victoire. La proportion de Franjo von Allmen parmi l’élite du ski alpin est impressionnante. Le Bernois de 23 ans, qui s’est fait une grosse frayeur mercredi lors du deuxième entraînement avant la descente de Kitzbühel, vient de vivre un week-end magique au Lauberhorn.
A Wengen, le spécialiste des disciplines de vitesse s’est imposé en super-G, avant de monter sur la deuxième marche du podium lors de la descente. Ces débuts tonitruants font-ils du menuisier de formation une potentielle future star du crack ?
« Il a le physique, il a la technique, il a surtout la tête », énumère Hughes Ansermoz, assez étonné. Mentalement, il est incroyablement fort. Mais on est souvent à la limite. Il devra alors parvenir à rester en bonne santé et acquérir de l’expérience afin de savoir jusqu’où il peut pousser sans dépasser ses limites. Car même sans les surpasser, elle est déjà très compétitive.
« Gros contrat » avec Red Bull
Son talent naturel lui a déjà permis de grimper sur le box au pied de pistes mythiques comme celles du Lauberhorn – donc – ou du Stelvio, à Bormio. Sa trajectoire explosive bluffe notre interlocuteur.
« Ce qu’il avait déjà montré l’an dernier, c’était incroyable », souligne le technicien des Diablerets. Il était vraiment jeune et n’avait peur de rien. En tout cas, il n’a pas hésité à prendre des risques. Cette saison, il a raté les courses de Beaver Creek (ndlr : 28e en descente, 33e en super-G). On se demandait alors s’il aurait du mal à résister à la pression durant cette année de confirmation. Mais, du coup, il réussit à renverser la situation. C’est vraiment impressionnant.
Les attentes étaient d’autant plus grandes que le skieur du Simmental avait signé un « gros contrat » avec Red Bull durant l’intersaison. Et que son équipementier, Head en l’occurrence, lui a fourni « son propre militaire ».
«Ses derniers résultats prouvent qu’il mérite ce statut et cette confiance», applaudit l’ancien sélectionneur des Suisses et des Canadiens. Red Bull s’est rarement associé aux jeunes. Les managers ont donc dû être très impressionnés par Franjo pour miser immédiatement sur lui. Car en général, en Suisse du moins, on préfère avoir des stars ou des athlètes confirmés.»
Pas un profil pour jouer au général
Comme Marco Odermatt, par hasard. Franjo von Allmen skie-t-il dans les traces de son leader, qui constitue pourtant un phénomène générationnel rare, ou est-il prédestiné à suivre une carrière plus conventionnelle ?
“Je ne m’attends pas à ce qu’il se batte pour remporter le classement général de la Coupe du monde”, déclare Hughes Ansermoz. C’est quelqu’un qui arrive avec un profil typique pour les disciplines de vitesse. Je ne l’imagine pas partir sur le géant, par exemple. Je ne le considère pas comme multidisciplinaire comme Odermatt, issu de la technologie. Faire le pas dans l’autre sens est plus compliqué.
Les défis, rien qu’en descente ou en super-G, restent nombreux pour le skieur de Boltigen. A commencer par ce week-end à Kitzbühel, dans la Mecque des disciplines de vitesse.