Ces résultats, observés chez des participants suivis depuis plus de 40 ans, soulignent une fois de plus que le remplacement des protéines des viandes rouges transformées par des protéines végétales (noix, légumineuses, poisson) peut réduire ce risque jusqu’à 20 %.
L’un des auteurs, le Dr Daniel Wang, du Brigham and Women’s Hospital, membre fondateur du système de santé Mass General Brigham, rappelle que : « les recommandations alimentaires ont tendance à se concentrer sur la réduction des risques de maladies chroniques comme les maladies cardiaques et le diabète », et de négliger la santé cognitive, pourtant liée à ces maladies.
Ce constat s’impose avec le vieillissement des populations et l’augmentation simultanée de la prévalence des démences.
L’étude a suivi 133 771 participants – de la Nurses’ Health Study (NHS) et de la Health Professionals Follow-Up Study (HPFS) –, âgés en moyenne de 49 ans au départ, dont 11 173 ont reçu un diagnostic de démence. L’analyse des données de santé révèle que :
- les participants consommant en moyenne un quart ou plus d’une portion quotidienne de viande rouge transformée (environ deux tranches de bacon, une tranche et demie de Bologne ou un hot-dog), par rapport à une quantité minimale, présentaient un risque accru de 13 % de démence, après avoir pris en compte de nombreux facteurs cliniques, démographiques et liés au mode de vie, notamment les antécédents familiaux de démence ;
- ces mêmes participants obtiennent des scores inférieurs aux tests cognitifs ;
- leur vieillissement cognitif s’accélère d’environ 1,6 an par portion quotidienne moyenne de viande transformée consommée chaque jour ;
- le déclin cognitif subjectif autodéclaré, un marqueur prédictif du déclin cognitif clinique, est également associé à la consommation de viandes transformées ou non transformées (comme le bœuf, le porc et les hamburgers) ;
- ce risque de déclin cognitif subjectif autodéclaré augmente de 14 % avec un quart ou plus de portion de viande transformée par jour ;
- Ce risque de déclin cognitif subjectif autodéclaré augmente de 16 % pour ceux qui consomment 1 à plusieurs portions quotidiennes de viande non transformée.
Des recherches plus approfondies seront menées sur les facteurs liant la viande rouge au risque de démence, en particulier ceux impliquant le microbiome intestinal.
-- Le N-oxyde de triméthylamine (TMAO)un produit de la dégradation bactérienne de la viande, peut augmenter le dysfonctionnement cognitif
en raison de ses effets sur l’agrégation des protéines amyloïdes et tau, impliquées dans la maladie d’Alzheimer. La teneur en graisses saturées et en sel de la viande rouge peut également nuire à la santé des cellules cérébrales et à la santé cérébrovasculaire.
Les études de cohorte à grande échelle et à long terme restent essentielles pour étudier les démences qui peuvent se développer sur plusieurs décennies, comprendre leurs mécanismes et mettre en œuvre les bonnes interventions.
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