Ce samedi, le Stade Toulousain défiera les Durban Sharks dans le cadre de la 3ème journée de la Champions Cup. Au centre de toutes les attentions, le capitaine des Rouge et Noir a l’occasion de faire taire les critiques des supporters de la nation arc-en-ciel.
«Dupont n’est jamais présent dans les grands matches”, “meilleur joueur d’Europe, mais pas du monde”, “surfait, il a peur de venir jouer dans l’hémisphère sud”… C’est ce qu’on peut lire récemment sur différents comptes X (ex-Twitter) de supporters sud-africains, à propos d’Antoine Dupont. S’il est aujourd’hui élevé au rang de héros en France, le Toulousain est malheureusement loin de faire l’unanimité dans les nations du sud, à commencer par celle de l’arc-en-ciel.
Vous l’aurez compris, c’est notamment sur les réseaux sociaux qu’il fait l’objet de critiques, moqueries ou diatribes de la part des supporters Springbok. La dernière en date : une comparaison, audacieuse autant que ridicule, de l’année historique du capitaine de l’équipe de France avec celle de Grant Williams, un jeune demi de mêlée sud-africain, qui n’a pour ainsi dire rien bouclé en 2024.
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Le phénomène est d’autant plus remarqué qu’il est rare dans le monde du rugby. Si certains footballeurs sont moqués, dénigrés, voire, pour certains, largement harcelés par des communautés entières sur les plateformes sociales, les rugbymen sont, relativement parlant, moins victimes de ce type de pratiques. Mais personne n’est dupe, le talent et la notoriété attirent les critiques. Dupont est aujourd’hui une star du rugby mondial, plébiscité par tous les médias, il déchaîne les passions, et désormais aussi les « haters », qui s’en donnent à coeur joie.
Son jeu, ses trophées, sa carrière, tout est constamment remis en question – on se demande comment – de l’autre côté de l’équateur. Une démarche qui paraît malheureuse, quand on sait à quel point l’homme est humble, talentueux et loin de chercher à se faire remarquer. Le rugby est une fête, et ses plus grands artistes doivent être célébrés, au premier rang desquels Antoine Dupont.
La Coupe du monde 2023 comme point de départ
Les supporters du XV de France ont certainement encore en tête le quart de finale perdu contre les Springboks de Siya Kolisi en octobre 2023. Loin de nous l’envie de vous rappeler ce mauvais souvenir, mais là est notre propos : il est né, depuis ce jour sombre pour le rugby français, d’intense rivalité entre Français et Sud-Africains, qui bat toujours son plein plus d’un an plus tard, où l’on voit le Stade Toulousain, aux allures tricolores, défier les Durban Sharks, franchise composée en grande partie de sud-africains. africain internationaux. Au cœur de cette rivalité, où s’entremêlent arbitrage, Coupe du monde et ressentiments, Antoine Dupont est devenu un élément clé de la lutte.
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En effet, les débats autour du demi de mêlée continuent de fleurir chaque semaine sur les réseaux, certains le plaçant sur un piédestal, d’autres brandissant en réponse le fameux argument « Coupe du monde », qui manque encore aux Français. Car le niveau atteint par le Haut-Garonnais et la reconnaissance dont il jouit aujourd’hui sur la planète ovale est certainement ce qui irrite le plus les supporters sud-africains.
Quand les fans de rugby s’émerveilleront devant une énième action de grande classe du Français, d’autres, grincheux, trouveront tout en leur pouvoir pour le critiquer. Ici, tentez l’expérience : rendez-vous sur le compte (Instagram, X…) d’un grand média international du rugby, et cherchez un post sur Dupont. Il y a de fortes chances que vous tombiez sur des commentaires négatifs et injustifiés sur Toulouse.
Alors l’été dernier, juste après son sacre olympique, lorsque certains se sont aventurés à inclure Antoine Dupont, 28 ans, dans le débat pour le meilleur joueur de l’histoire de ce sport, les réseaux sociaux ont explosé. L’idée de voir l’ancien Castrais placé au panthéon du rugby mondial est une chose que les Sud-Africains ont apparemment du mal à accepter. Un phénomène que nous avons encore une fois pu observer récemment lors du top 100 des meilleurs joueurs de l’année 2024 réalisé par les médias. Passe Rugby où le Toulousain termine logiquement premier. Plusieurs jours d’indignation se sont succédé sur les réseaux sociaux, avec la plupart du temps, des commentaires entourés d’argumentations bancales et mal maîtrisées, dénigrant même sa saison en club.
Un choc des cultures
Un fait qui nous amène à notre dernier point. Si certains Sud-Africains en veulent autant à Antoine Dupont, c’est parce que, selon eux, il n’a rien prouvé au niveau international, mais aussi parce que ses nombreux titres en club ne valent rien ou presque. En 2024, le Toulousain remporte le Top 14 (considéré comme le meilleur championnat du monde) et la Champions Cup, en étant élu meilleur joueur des deux compétitions. Apparemment, cela ne leur suffit pas. « Il n’a pas joué dans le Tournoi des Six Nations. Ce prix se base donc sur quelques matchs internationaux, du rugby à sept et un peu de rugby en club. Une insulte pour les joueurs qui ont participé à 12 tests-matchs comme Du Toit ou Kolbe. pouvait-on lire sur le compte X de Mark Keohane, journaliste pour le AT Rugby Magaprès avoir vu Dupont terminer premier au classement de Passe Rugby.
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Finalement, l’affrontement autour d’Antoine Dupont en amène un autre : celui de deux cultures différentes, et c’est aussi pour cela que les deux communautés aiment tant se « détester ». En Afrique du Sud, tout est centré autour de l’équipe nationale. En France – on ne sait pas combien de fois cela devra se répéter – les internationaux préfèrent lever le bouclier de Brennus plutôt que de faire une tournée estivale dans l’hémisphère sud.
C’est vrai, Antoine Dupont n’a joué que 24 minutes hors d’Europe depuis le début de sa carrière (Coupe du monde 2019 au Japon omis), lors d’un match contre les Springboks en 2017. Une statistique qui n’hésite pas à évoquer les internautes sud-africains pour faire tomber le capitaine du Stade Toulousain. Il devrait y en avoir près de 80 de plus ce samedi. Si le choc entre les Sharks et le champion en titre est alléchant, la présence historique du champion olympique en Afrique du Sud donne une toute autre saveur à cette rencontre de phase de groupes de Champions Cup. Une fois de plus, sur le terrain et sur les réseaux sociaux, la bataille devrait faire rage entre Français et Sud-Africains.