2024 a été « un tournant » pour la métropole, entrée dans l’industrie pharmaceutique

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2024 a été « un tournant » pour la métropole, entrée dans l’industrie pharmaceutique

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Éditorial Rennes

Publié le

5 janvier 2025 à 13h28

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Fusillades en pleine tour d’habitation, meurtres et enfant de cinq ans touché à la tête : 2024 a été un « tournant » pour Rennes avec règlements de comptes « ultraviolents » commis par des « mercenaires » venant d’ailleurs, inquiètent les autorités et acteurs locaux.

Malgré son 37 points de deal distribués Principalement entre quatre quartiers (Maurepas, Cleunay, Le Blosne et Villejean), Rennes et ses 222 000 habitants étaient jusqu’alors relativement épargnés par le banditisme de la drogue.

Le mode opératoire des trafiquants a changé

En mars, une fusillade à l’arme automatique ayant duré plus d’une heure en pleine nuit à Blosne, a « fait prendre conscience » que les le mode opératoire des trafiquants a changéexplique auAFP the public prosecutor of Rennes, Frédéric Teillet.

Nous sommes désormais confrontés à un phénomène d’ultraviolence décomplexée et très visible. Nos ressources n’augmentent pas à la hauteur de celles des trafiquants qui se multiplient.

Frédéric Teillet
Procureur de la République de Rennes

Depuis mars, “pas une semaine sans un homicide, une fusillade ou une tentative de meurtre liés au trafic de drogue », résume un policier. «Ça couve depuis le Covidmais maintenant ça explose. »

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«Il y a un augmentation du trafic (…) avec des trafiquants très structurés qui concourir pour des places lucratives »confirme àAFP le directeur interministériel de la police nationale d’Ille-et-Vilaine, Yannick Blouin, parlant de « violences décomplexées ».

Des faits qui envoient le ministre de l’Intérieur à Rennes

L’engouement devient national lorsque, le 26 octobre, un enfant de cinq ans a reçu deux balles dans la tête. Dès le 1er novembre, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, s’est rendu à Rennes pour annoncer notamment l’arrivée des CRS 82, spécialisés dans les violences urbaines, à Maurepas.

Moins d’une semaine après des fusillades et une course-poursuite blessant un enfant de cinq ans, la visite du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, se voulait rassurante pour les habitants. (© Laurène Fertin / news Rennes)

L’auteur présumé des coups de feu qui ont touché l’enfant (aujourd’hui hémiplégique) est un adolescent de 16 ans, révèle jeudi 19 décembre le procureur, qui annonce la condamnation de 22 personnes pour violences liées au trafic de drogue depuis juillet.

« Mercenaires »

Aujourd’hui, à Maurepas, les CRS 82 sont partis. « Rien n’a changé, les points de deal sont toujours là », constate Pascal Lesage, 60 ans, habitant du quartier. « On apprend à vivre avec eux. »

Par groupes de trois, jeunes hommes vêtus de noir et à capuche côtoyer les parents sont venus chercher leurs enfants à l’école primaire très proche. Quelques mètres plus loin, des adolescents surveillent les allées et venues à proximité d’un supermarché Aldi.

« Ce sont enfants Les 16-20 ans, ras-le-bol des réseaux sociaux et de la violence. Ils ne se voient pas vivants dans dix ans. » regrette une source proche des enquêtes sur ces points de deal.

LE les adolescents « sont armés sur les points de deal, cela n’existait pas auparavant. Mais ils ne savent pas tirer et quand il y a une fusillade, ils tirent partout, au risque de toucher un appartement ou un enfant.

En plein jour, le trafic de drogue se poursuit dans le quartier Maurepas à Rennes. (© Brian le Goff / actualité Rennes)

A Rennes, les points de vente « sont toujours tenus par des locaux, mais les enfants vont de ville en ville », explique cette même source.

Ce sont souvent mahorais et guyanaisde plus en plus jeunes, « avec une coexistence de personnes basées localement et de mercenaires qui louent leurs services », note une source judiciaire.

Âgé d’une trentaine d’années, un homme qui codirige un des « fours » de Maurepas « depuis 15 ans » raconte auAFP gagner « 2 000 euros par semaine ». Les affaires vont « de mieux en mieux », notamment « grâce à la coke », assure-t-il.

Arrivée du crack

Les points deal de Rennes offrent un la cocaïne est parfois fragmentée si bien qu’un demi-gramme coûte 30 eurosun prix attractif pour les consommateurs, note Guillaume Pavic, chercheur à l’Observatoire français des drogues et tendances addictives (OFDT).

Si pour les autorités, le « point de bascule » à Rennes est récent, l’expert le situe dès 2016 lorsque des toxicomanes américains abandon de la cocaïne sud-américaine au profit des opioïdes comme le Fentanyl.

LE Les cartels sud-américains inondent alors le marché européennotamment via les côtes bretonnes et normandes. Du coup, la poudre blanche afflue vers la Bretagne. « L’effet est mécanique : les prix baissent, les consommateurs augmentent », constate l’expert.

La Bretagne a un bon bassin de clients

Le la région présente un « bon bassin de clients » grâce à la présence de 350 festivals et free parties par an, note-t-il. Là consommation haschisch, cocaïne, ecstasy et kétamine « devient monnaie courante ».

Comme partout en , le La cocaïne vendue « est de plus en plus pure »au risque de multiplier les accidents de consommation, notamment les surdoses, pointe M. Pavic.

Fait plutôt rare en dehors de l’Île-de-France, Rennes dispose depuis 2023 d’un point de vente de crack à Blosne. « Vendre du crackc’est accepter que les gens le consomment sur place. Cela fait fuir les autres clients et constitue un un enfer pour les habitants »soupire M. Pavic.

Que trois enquêteurs

Selon la maire de Rennes, Nathalie Appéré (PS), les récentes violences sont la conséquence de « Rivalités liées au contrôle des points de deal ».

Face aux trafiquants, « il n’y a pas seulement trois enquêteurs pour l’unité dédiée au trafic de drogue. Ils n’arrivent pas à suivre », dénonce Frédéric Gallet, du syndicat Alliance.

« Il faut dépasser Rennes dans un secteur difficile »

« Il faut renforcer les équipes, dépasser Rennes dans un secteur difficile pour que la prime qui va avec attire les recrues. »

Le procureur Frédéric Teillet insiste également sur l’importance d’enquêter sur les réseaux de blanchiment d’argent.

Démanteler un point de deal est une action superficielle, qui doit être faite, mais elle ne touche pas au cœur.

Frédéric Teillet
Procureur de la République de Rennes

Dans les quartiers, « le défi est de garder le contact avec les adolescents pour qu’ils puissent quitter la circulation s’ils le décident », plaide un intervenant de terrain. «Mais cela n’est possible qu’avec des jeunes qui vivent dans le quartier. Ceux qui ne font que passer, nous les avons déjà perdus. »

SourceAFP

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