le projet du ministère de l’Intérieur pour plus de transparence des comptes

le projet du ministère de l’Intérieur pour plus de transparence des comptes
le projet du ministère de l’Intérieur pour plus de transparence des comptes

Avec un financement public couvrant 53% de leurs ressources déclarées, partis politiques sont scrutés pour la gestion transparente de leurs budgets. Face aux insuffisances constatées par la Cour des Comptes dans le contrôle des finances de ces entités, le Ministère de l’Intérieur décidé d’agir. Abdelouafi LaftitMinistre de l’Intérieur, a récemment présenté un projet ambitieux au Parlement. Il consiste en la mise en place d’un système d’information commun destiné à optimiser l’utilisation du plan comptable propre aux partis politiques. Ce projet comprend également l’élaboration d’un guide de procédures comptables, en réponse aux nombreuses lacunes constatées dans les rapports de la juridiction financière. Ces outils visent à renforcer la transparence, la clarté et la crédibilité des finances des partis, une question fondamentale à l’approche de la prochaine élections.

Un plan comptable uniformisé : une nécessité pour la transparence financière

Le gestion financière des partis politiquesbien que régi par un cadre juridique précis, il souffre d’insuffisances chroniques. En 2022, le Cour des comptes avait constaté des écarts importants : absence de pièces justificatives, non-respect des plafonds légaux pour les paiements en espèces et opacité dans l’utilisation des subventions publiques. Ces insuffisances concernent 26% des dépenses déclarées, soit près de 18,71 millions de dirhams. Pour pallier ces lacunes, la Cour a recommandé une réforme autour du plan comptable standardisé introduit en 2021. Toutefois, l’audit des comptes montre que son adoption reste partielle. Seuls 29 des 34 partis politiques ont produit leurs comptes annuels en 2022, et parmi eux, plusieurs n’ont pas respecté les normes en vigueur.

De là, le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftitdans une intervention lors de la présentation du budget sectoriel de son ministère, a insisté sur l’importance d’un outil unifié : « Le système d’information commun et le guide des procédures comptables permettront une utilisation optimale du plan comptable, garantissant ainsi une plus grande transparence et crédibilité des comptes des partis politiques.

Recommandations de la Cour des comptes : un appel à une réforme en profondeur

La réforme actuelle s’appuie également sur les recommandations fortes du Cour des comptesexprimé dans son rapport publié en février 2024 (Rapport relatif à l’audit des comptes des partis politiques et vérification de la sincérité de leurs dépenses au titre du soutien public pour l’année 2022). L’institution avait souligné la nécessité d’organiser des formations ciblées à l’intention des cadres des partis, afin qu’ils maîtrisent les nouvelles règles comptables et financières. Elle a également insisté sur l’importance de justifier les ressources et dépenses des partis par des pièces justificatives conformément à la législation en vigueur, notamment en matière de salaires, loyers et frais de mission. Enfin, la Cour des comptes a recommandé de renforcer les capacités de gestion des partis politiques à travers l’adoption d’outils modernes, tels qu’un organigramme structuré et des fiches de poste détaillant clairement les responsabilités de chaque fonction. Ces recommandations interviennent dans un contexte où de nombreux partis peinent à justifier leurs dépenses. En 2022, plus de 15,64 millions de dirhams de dépenses engagées dans le cadre de missions et d’études n’ont pas été étayées par des preuves attestant d’une concurrence dans la sélection des prestataires.

Un projet visant à moderniser la gestion des fonds publics alloués

Le projet de Ministère de l’Intérieur vise à aller au-delà des recommandations pour transformer le gestion financière des partis. En complément du système d’information commun, le guide des procédures détaillera chaque étape du processus comptable, depuis les enregistrements chronologiques jusqu’aux bilans, en passant par les rapprochements bancaires. Selon les données disponibles présentées par la Cour des comptes, 53% des ressources des partis politiques proviennent de fonds publics, ce qui souligne l’importance cruciale de leur gestion rigoureuse. En 2022, les partis ont déclaré un total de 152,97 millions de dirhams, mais des irrégularités persistent, affectant 26% des dépenses. Par ailleurs, la Cour des comptes a constaté des retards dans l’exécution de certains projets, dont les études ont été financées en 2022, mais dont la mise en œuvre s’est prolongée jusqu’en 2023. Pour éviter ces échecs, l’adoption d’une comptabilité partagée entre les parties permettra un suivi rigoureux des subventions, notamment ceux destinés aux missions, études et recherches.

Des perspectives prometteuses et des défis à relever

Si le projet suscite de l’espoir, il reste des défis à surmonter. La modernisation des outils doit s’accompagner d’une sensibilisation des acteurs politiques. La mise en œuvre effective du guide de procédures comptables nécessitera un effort de formation important, comme le souligne la Cour des comptes. Pour Abdelouafi Laftit, finaliser le projet avant les prochaines élections est crucial. « Ce système renforcera la crédibilité des partis politiques auprès des citoyens et des institutions, tout en garantissant une gestion rigoureuse des deniers publics. »

Un vaste projet est donc ouvert pour amener progressivement les partis politiques vers les meilleurs standards de gestion et de transparence financière. Le futur système d’information commun et le guide des procédures comptables constitueront des étapes importantes dans ce processus.

 
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