Insaisissable. Mais surtout gratuit. Libre de faire ce qu’elle veut. A 67 ans, Catherine Ringer continue de tracer sa route dans la direction qu’elle souhaite.
La voix de Rita Mitsouko monte aujourd’hui sur scène dans un spectacle qu’elle qualifie elle-même de“hybride” avec « L’érotisme de la vie », d’après les poèmes d’Alice Mendelson.
Une pièce de théâtre/concert qu’elle est venue présenter notamment à la Villa Ephrussi de Rothschild à Saint-Jean-Cap-Ferrat durant l’été 2023, et qu’elle jouera cette fois sur la scène du Forum, à Fréjus, jeudi 30 janvier.
Comment présenteriez-vous ce spectacle ?
Il y a des poèmes que je lis, j’en chante d’autres, il y a du piano, du synthé… C’est un objet de scène assez original qui est né après le Covid. Le petit théâtre de La Huchette, à Paris, en difficulté, avait demandé à des personnalités de combler les lundis en offrant carte blanche. J’ai cherché ce que je pouvais offrir. J’avais entendu parler de la poésie d’Alice Mendelson. Je les ai eu et je les ai trouvés géniaux.
Comment passe-t-on de ces lectures à une performance ?
J’en ai parlé à Mauro Gioia qui est réalisateur, chanteur, acteur, avec qui j’ai travaillé sur une comédie musicale il y a 20 ans. Il a trouvé cela simple, beau et original à la fois. Je lui ai demandé de m’aider à choisir une émission d’une heure et il m’a répondu : « Il faut mettre de la musique ». Il part retrouver Grégoire Hetzel, qui écrit des musiques de films. On a lancé en octobre 2021, c’était vraiment beau, ça nous a plu. Alice Mendelson est venue, elle avait alors 96 ans, et elle était ravie. Ensuite, nous avons décidé de partir en tournée.
Pour revenir à la matière première. Qu’est-ce qui vous a touché dans les mots d’Alice Mendelson ?
Elle parle de la sensualité de vivre. On retrouve à la fois sa sexualité lorsqu’elle était jeune femme, mais aussi lorsqu’elle était plus âgée ou encore lorsqu’elle était à l’hôpital. Nous parlons de la sensualité de la vie, de l’appréciation de la beauté, de la lumière, des gens, du fait d’être quelqu’un qui est dans le moment présent. Ce sont des textes de 1947 jusqu’en 2021-2022. J’aime sa simplicité, la beauté du langage, les images et ce qu’il évoque.
Lorsque vous parlez au public, qu’est-ce qu’il aime dans la série ?
Les paroles d’Alice Mendelson induisent une vibration de vie. Il y a aussi la façon dont les hommes parlent, disons la virilité amoureuse. C’est un discours qu’on entend peu pour le moment. Il y a pas mal de femmes qui disent : « Ah, ça fait du bien d’entendre ça ! ». C’est l’amour du torse poilu ou du côté viril. Rappelons que ces textes datent des années 1950.
Le spectacle s’intitule « L’érotisme de la vie ». Qu’est-ce que l’érotisme ?
Pour ces textes, je parle plus de sensualité que d’érotisme en réalité. Elle l’a écrit comme ça. Après, l’érotisme est la définition qu’on lui donne, c’est une excitation, un éveil à la joie.
Vous avez toujours prôné une forme de liberté dans vos choix artistiques. Est-ce encore plus le cas aujourd’hui ?
J’ai toujours fait ce que je voulais. C’est quelque chose que nous avons toujours privilégié avec Fred pour la Rita Mitsouko : faire ce que l’on considère comme bien, prendre des risques, ne pas faire pour faire, avoir une morale artistique qui fait que l’on privilégie notre sens du beau. et qui ensuite le partage et s’il aime, il aime, s’il n’aime pas, tant pis…
Est-ce un luxe pour un artiste ?
Je ne pense pas que ce soit un luxe. C’est plutôt quelque chose d’important, de fondamental en fait. C’est même la base du travail artistique d’être honnête avec son sens de la beauté et son inspiration et de ne pas faire les choses pour le plaisir de les faire parce qu’on se dit que les autres veulent ceci ou cela. En fin de compte, le vrai luxe, c’est de pouvoir se permettre de s’arrêter et de ne rien faire quand on a assez d’argent. Oui, ce n’est pas donné à tout le monde.
> « L’érotisme de la vie » poèmes d’Alice Mendelson par Catherine Ringer. Jeudi 30 janvier à 20h30 Âge minimum recommandé 12 ans. Prix : de 17 à 35 euros.