Le prix du gaz européen a franchi la barre des 50 €/MWh, un seuil symbolique inédit depuis un an. Un hiver glacial, l’arrêt du transit russe via l’Ukraine et la baisse des stocks exercent une pression à la hausse sur les prix. Un contexte qui pourrait…
Le prix du gaz européen a franchi ce mardi un cap symbolique, dépassant les 50 euros le mégawattheure, un niveau inédit depuis plus d’un an. Cette hausse notable des prix est influencée par plusieurs facteurs clés, dont un hiver particulièrement rigoureux, l’expiration imminente d’un accord de transit de gaz entre l’Ukraine et la Russie, ainsi que la diminution des réserves européennes.
Un cocktail explosif pour les prix du gaz
Le contrat à terme néerlandais TTF, référence du marché gazier européen, s’échangeait à 50,43 euros le mégawattheure vers 15h35 GMT, en hausse de près de 5%. Il faut remonter à octobre 2023 pour retrouver de tels niveaux de prix. Cette envolée s’explique principalement par la fin annoncée du transit du gaz russe via le territoire ukrainien vers l’Europe, à compter du 1er janvier, comme l’a confirmé l’opérateur ukrainien. Certains pays d’Europe centrale et orientale, comme l’Autriche, la Hongrie et la Slovaquie, restent fortement dépendants de ces approvisionnements russes.
Selon les analystes de l’Oxford Institute for Energy Studies, cette interruption des flux devrait accélérer l’érosion des stocks européens et maintenir une pression à la hausse sur les prix du gaz. Les températures glaciales persistantes depuis fin octobre ont déjà fait grimper la consommation de chauffage. De plus, le manque de soleil et de vent a contraint à recourir davantage au gaz pour produire de l’électricité.
Les réserves européennes sous pression
Actuellement, le niveau moyen des réserves de gaz dans l’Union européenne est de 73% selon la plateforme AGSI, contre 86% à la même époque l’année dernière. Face à cette situation préoccupante, Bruxelles a décidé de relever le seuil requis pour les stocks européens de gaz au 1er février 2024, le portant de 45% à 50%.
Un autre élément perturbateur s’est ajouté à ce contexte tendu. Le géant Gazprom a annoncé qu’il cesserait ses livraisons à la Moldavie le 1er janvier, en raison d’un différend financier avec cette ex-république soviétique qui vient de reconduire un président pro-européen. Bien qu’antérieur au conflit ukrainien, ce différend avec Gazprom affaiblit encore davantage la sécurité énergétique de la région.
Le GNL américain, solution coûteuse
Pour compenser la baisse des importations russes transportées par gazoduc, l’Europe utilise massivement le GNL américain. Mais cette alternative a un coût, augmentant structurellement le prix du mégawattheure depuis le début de la guerre en Ukraine. Selon Rystad Energy, le gaz russe représente encore 14 % de la consommation européenne en 2024, contre 12 % l’année précédente.
Les analystes de Capital.com préviennent que« un hiver plus froid que prévu ou de nouveaux retards dans les projets GNL » pourrait pousser les prix autour de 60 euros/MWh à court terme. A cela s’ajoute une prime de risque liée à l’escalade russo-ukrainienne, accentuée par le feu vert de Biden à Kiev pour utiliser des missiles ATACMS longue portée sur le territoire russe.
Perspectives sous la présidence Trump
À un horizon plus lointain, l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche devrait dynamiser le développement des infrastructures américaines de GNL et renforcer l’offre mondiale, estiment les experts de Rystad Energy. Paradoxalement, une guerre commerciale entre Washington et Pékin pourrait profiter à l’Europe. En perturbant les échanges gaziers sino-américains comme en 2019, elle réduirait la concurrence sur le GNL fabriqué aux USA. Dans le même temps, l’UE pourrait utiliser ses importations de gaz américain comme levier de négociation pour éviter des tarifs douaniers punitifs.
Cette combinaison de facteurs géopolitiques, climatiques et économiques maintient donc une forte pression sur les prix du gaz européen. Si la flambée des prix semble pour l’instant contenue, les prochains mois s’annoncent décisifs pour la sécurité énergétique du Vieux Continent, suspendu aux aléas d’un hiver capricieux et d’une guerre imprévisible aux portes de l’Europe.
Pour compenser la baisse des importations russes transportées par gazoduc, l’Europe utilise massivement le GNL américain. Mais cette alternative a un coût, augmentant structurellement le prix du mégawattheure depuis le début de la guerre en Ukraine. Selon Rystad Energy, le gaz russe représente encore 14 % de la consommation européenne en 2024, contre 12 % l’année précédente.
Les analystes de Capital.com préviennent que« un hiver plus froid que prévu ou de nouveaux retards dans les projets GNL » pourrait pousser les prix autour de 60 euros/MWh à court terme. A cela s’ajoute une prime de risque liée à l’escalade russo-ukrainienne, accentuée par le feu vert de Biden à Kiev pour utiliser des missiles ATACMS longue portée sur le territoire russe.
Perspectives sous la présidence Trump
À un horizon plus lointain, l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche devrait dynamiser le développement des infrastructures américaines de GNL et renforcer l’offre mondiale, estiment les experts de Rystad Energy. Paradoxalement, une guerre commerciale entre Washington et Pékin pourrait profiter à l’Europe. En perturbant les échanges gaziers sino-américains comme en 2019, elle réduirait la concurrence sur le GNL fabriqué aux USA. Dans le même temps, l’UE pourrait utiliser ses importations de gaz américain comme levier de négociation pour éviter des tarifs douaniers punitifs.
Cette combinaison de facteurs géopolitiques, climatiques et économiques maintient donc une forte pression sur les prix du gaz européen. Si la flambée des prix semble pour l’instant contenue, les prochains mois s’annoncent décisifs pour la sécurité énergétique du Vieux Continent, suspendu aux aléas d’un hiver capricieux et d’une guerre imprévisible aux portes de l’Europe.